Aperçus dantesques : Adrian 2.00 - France Catholique
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Aperçus dantesques : Adrian 2.00

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Je suis allé visionner la vidéo citée par le Salon Beige, « Laurent Alexandre : le savant-eugéniste qui veut vivre mille ans »…

Ce biologiste et nanologue du nom de Laurent Alexandre avait donc été invité par l’animateur de télévision Arthur : afin qu’il s’exprimât sur son roman Adrian 2.00.

Dans ce livre, il expose sa certitude que les êtres humains, dans un avenir proche, vingt ou trente ans, pourront vivre jusqu’à mille ans, non seulement vivre mais disposer de caractéristiques existentielles qui en feront des surhommes et donc de potentiels rivaux invincibles pour les « sous-humains » que nous serons alors devenus. D’ailleurs, Adrian, le héros d’Alexandre, ne se prive pas de tuer de sang-froid d’innombrables pauvres types de notre genre. (Ce « genre »-là est-il déjà pris en compte chez les partisans du « gendeure » ?)

Les conséquences qui sont distillées au fur et à mesure du récit font penser aux délires d’Hitler, surtout quand sont abordées dans l’émission les convictions, pour ne pas dire les certitudes dites philosophiques des « tranhumanistes » évoqués : décrits également comme porteurs, soutiens et financiers des recherches en cours pour obtenir la « création » progressive du nouvel humain…. En cours aux États-Unis, en Corée, en Chine et sans doute en bien d’autres lieux… mais, est-il dit, pas en France, du moins pour l’instant.

La première question, superficielle, qui me soit venu à l’esprit en écoutant cet auteur, apparemment ignorant de la distinction à faire entre le temps et l’éternité, fut celle-ci : pourquoi seulement mille ans ? Si les médecins et biologistes, physiciens explorateurs des nano-technologies du futur sont capables de faire vivre nos descendants aussi longtemps, pourquoi s’arrêteraient-ils à partir de la mille et unième année ?

Un des auditeurs, enthousiaste, du biologiste et nonalogue avoua être très désireux de vivre 50 000 vies ! Pour apprendre à « bien » vivre chacune de ces vies, il lui faudra, pour le moins, quatre ou cinq fois 50 000 ans, le temps d’apprendre par exemple à piloter un avion de chasse ou à enseigner la philosophie ou à faire des recherches scientifiques sur l’arrière fond du cosmos… Mais existe-t-il 50 000 spécialités enthousiasmantes ?

Gustave Thibon 1, du haut du ciel éternel où, je l’espère de tout mon cœur, il vit intensément bien plus que 50 000 vie, doit sourire d’aise en pensant à l’héroïne (son nom hélas oublié) de sa pièce Vous serez comme des dieux : elle se posait la question essentielle du but de sa vie dans une société où la mort avait été chassée pour toujours. Elle choisissait la mort afin de rejoindre le Christ, redécouvert lors d’une recherche dans un arrière-fond de bibliothèque.

Cette intention des transhumanistes de soutenir dans leur travaux les innombrables Docteurs Mabuse qui peuplent les laboratoires où l’ambition est de dépasser l’humanité actuelle afin qu’elle connaisse un nouvel état d’être permettant d’atteindre à une sorte d’éternité à travers les millénaires est à la fois absurde et suicidaire : mais elle existe ! Absurde parce que de toute façon il sera à jamais impossible de faire durer les êtres jusqu’à la fin de notre planète, ou même, allons-y franco, jusqu’au terme du cosmos lui-même : et tout ce temps-là que faire ? que dire ? que penser ? Radoter à jamais ? Suicidaire, parce que la durée de cette existence au ras du sol finirait par éteindre toute espérance en un destin annoncé depuis les tout premiers commencements du temps.

Une dame évoqua le terrifiant ennui qui s’emparerait de ces êtres enfermés dans de telles durées : Laurent Alexandre posa aussitôt un diagnostic infaillible en lui découvrant une dépression inconnue. Arthur quant à lui évoqua la sombre perspective qu’il ne serait peut-être pas possible de coïter aussi longtemps, à quoi l’invité répondit quelque chose en lien avec le viagra… Horreur suprême : l’idéal des humains serait-il enfermé dans cette crainte ou cette « solution » ? Réduit à cette gymnastique morne à force d’être répétée ? Car on est apte à comprendre très vite, même quand on n’est pas un surdoué modifié par les nano-modules, que ce qui justifie l’amour entre les hommes et les femmes n’est pas seulement la gymnastique en question mais, notamment, le fait de donner la vie et de l’accompagner : mais mille ans sont en cette affaire bien trop long. Resterait cette seule mécanique et le destin des sociétés d’alors serait bien vite de se massacrer allègrement, au point de transformer la terre des millénaires en enfer ?

C’est d’ailleurs ce qu’elle deviendra si nous continuer à nous croire des dieux. Car en effet, vivant si longtemps, il conviendra de réglementer les naissances, de les limiter drastiquement, de ne les permettre, qu’après calculs savants en vue d’un contrôle absolu, qu’aux « meilleurs » géniteurs possibles car, bien entendu, le but ne sera pas de s’aimer entre superhumains mais d’assurer strictement le renouvellement de la population mondiale.

Notre condition de créature capable du meilleur, certes, mais aussi du pire, plus sûrement encore, n’incite pas à désirer l’allongement indéfini de nos jours : ne serait-ce que parce que, plus le but apparaîtrait lointain, c’est-à-dire notre fin de séjour, plus il risque d’être oublié, perdu de vue, négligé, abandonné ! Alors viendrait l’heure du désespoir, avec le plus profond ennui, celui-là même dont parle Baudelaire dans « Au lecteur »…

Je reviens aux « philosophes » du « transhumanisme » : étant toujours enfoncé dans la lecture du livre sur Hitler, je découvre avec horreur ce qui déjà me frappait dans les quelques 200 pages déjà lues : les théories et les pratiques qui fascinaient le jeune Adolf ne sont pas mortes avec lui, et elles offraient déjà les idées, les concepts et les structures de base, les méthodes et les visées qui complurent au Führer. Ce sont les mêmes qui sont aujourd’hui les justifications du concept d’« être humain augmenté » en vue d’obtenir le héros surhomme dont ce livre de Laurent Alexandre se fait ingénument le biographe. Héros qui, dans le livre tue les « sous-humains » que nous serions à ses yeux… Visées qui n’étonnent pas le chrétien, puisqu’elles existent depuis 2000 ans ! Seulement aujourd’hui ces sociétés subsistantes, qui ont tiré un trait sur l’un de leurs affidés les plus puissants, n’ont en rien abandonné leur si vieux et si tragiques projets. Et l’on peut subodorer sans crainte d’erreur qu’elles ne manquent pas de moyens financiers.

À travers les temps, combien de criminels issus de leurs rangs, de leurs doctrines sataniques, ont semé le trouble, la haine, le crime ? Combien sont aujourd’hui encore prêts à obéir aux ordres ? Je le dis en passant, les « transhumanistes », qualifiés de philosophes, spécifient la nécessaire suppression des catholiques comme l’exécution de Dieu. Vaste programme qui était celui d’Adolf.

Parmi les propos qu’a tenus l’auteur, il en est qui m’a singulièrement alerté. Google serait derrière tout ce vaste mouvement scientifique et philosophique du transhumanisme. Que fait Google dans ce sombre rassemblement où la science et la magie forment un étrange binôme ? On voit bien que Google nourrit des ambitions planétaires, dont certaines ne furent pas d’emblée dévoilées : mais au total il s’agit d’une conquête qui dépasse tout ce que l’on peut imaginer. Une sorte de mainmise sur les esprits par un formatage dont les divers pouvoirs régionaux semblent incapables de maîtriser la progression. Seuls la Chine et les États-Unis peuvent songer, non pas à échapper au filet, mais à faire alliance avec le noyau central qui dirige le géant. Cependant, quelle implication de ce géant dans de tels projets ?

On parlera ici d’intuition : et les intuitions ne sont pas toujours vérifiées, ou vérifiables. Ce qui m’intrigue c’est en premier lieu la conception de l’« être » qui ressort de ce qui a été entrevu : l’homme n’est reconnu que comme un animal supérieur dont le génome exprime le tout de ce qu’il est. Il suffit donc de modifier ce génome pour soit le faire régresser soit le faire être plus efficace : en somme, pour user d’un mot très à la mode, plus durable comme plus puissant.

Manque, parce qu’effacée, la notion d’âme, de cette réalité spirituelle qui assume, suppose-t-on, la coordination des croissances successives du corps biologique ainsi que le maintien en vie et en esprit de ce corps dont on fait dans ce livre le seul existant. Quand cette âme s’échappe pour un motif inconnu – pas obligatoirement la seule usure du corps – on assiste à la dissolution de tous les éléments qui avaient été assemblés comme si avait été suivi avec précision un manuel technique… Mais, pour les chrétiens, la parfaite union hypostatique entre chacun d’eux et leur Créateur, le Fils du Père éternel, telle qu’elle est vécue par le Verbe en son incarnation, reste l’étoile polaire de leur foi, de leur espérance et de leur amour.

J’ai toujours demandé dans mes prières de ne pas vivre plus longtemps que nécessaire : ma hâte est grande d’être saisi par l’Amour absolu, non plus dans les difficultés du quotidien temporel, les aléas parfois stupides de ma pauvre volonté dépendante de mes impuissances et faiblesses, mais dans l’accueil souverain de Celui qui nous a aimés au point de choisir la plus terrifiante des morts afin de traverser victorieusement l’ensemble des morts connues par nous tous, depuis les premiers humains qui furent jusqu’aux tout derniers qui, demain ou dans cent mille ans, rendront leur dernier soupir « ici-bas » afin d’entrer dans le Royaume d’éternité !

Encore une note : combien j’admire l’infini qu’ouvre chaque jour devant nous la Révélation ! Rien à voir avec les pauvretés dont peut nous régaler la science quand elle veut se faire le tombeur de Dieu.

Dominique Daguet

  1. « Si, du jour au lendemain, la science supprimait la mort, que penseriez-vous de ce « plan de Dieu sur l’histoire » qui perpétuerait indéfiniment la séparation entre l’homme et Dieu ? Et surtout que choisiriez-vous ? De profiter d’une découverte qui vous priverait pour jamais de la vision de Celui que vous appelez votre Dieu ou bien de vous précipiter dans l’inconnue pour le rejoindre ? »