Le métropolite André Cheptytskyi vient d’être déclaré vénérable par le pape François. Cette décision revêt une importance remarquable pour les gréco-catholiques d’Ukraine dont le Métropolite (1865-1944) a incarné les aspirations pendant un demi-siècle tragique pour l’Ukraine. Le Métropolite annonçait une espérance intéressant l’Église catholique , l’Orthodoxie aussi bien à Constantinople et à Moscou et pour tout dire l’unité des chrétiens qui avait été réalisée par le Concile, trop souvent oublié, de Florence(1439-1453), pendant environs 15 ans. On peut même ajouter la dimension islamique qui fut décisive puisque ce fut Mahomet II qui imposa la rupture.
Le Métropolite André fut d’abord un saint et une figure géniale dans une période de l’histoire qui connut deux guerres mondiales, le bolchevisme, la famine, le nazisme et des luttes internes entre chrétiens polonais et ukrainiens. Handicapé physiquement ce héros de très haute taille (2m10), parlait une dizaine de langues et fut l’objet d’une hostilité presque générale de toutes les parties en présence y compris parfois à Rome où son seul ami inconditionnel fut le saint pape Pie X qui décela dans tsarisme l’ombre totalitaire.
La vocation du grand Métropolite fut de préparer l’unité des chrétiens en portant de multiples croix débouchant sur des échecs répétés de tentatives condamnées d’avance .Aujourd’hui la déclaration du Pape François ne fait que confirmer une situation inextricable politiquement et culturellement sans parler de la misère économique, en privilégiant le spirituel c’est-à-dire l’Évangile qui consiste à aimer ceux qui nous haïssent et appeler fratricide une guerre qui se réclame de la religion mise au service du nationalisme.
Le Métropolite aimait la Russie à la manière de Vladimir Soloviev, sa propre mère était polonaise .Ses origines ukrainiennes venaient de son père et il lui-même avait étudié chez les jésuites de Cracovie. Tout le préparait à son rôle de prophète dont il assuma l’immense responsabilité.
Nous devons, écrit-il 4 ans avant sa mort en 1944, considérer que le travail de l’Union des Églises nous a été particulièrement recommandé par la Divine Providence. En premier lieu par ce qu’un nombre important de nos compatriotes appartient à l’Église orthodoxe et porte toutes les conséquences de la séparation qui a éloigné toutes les Églises de l’Est de l’Église universelle. Tandis qu’à l’Ouest de l’Ukraine nous sommes les seuls ukrainiens à avoir conservé la Foi universelle et le rite slavo-byzantin, nous plus que tout autre slave ou catholique, sommes en mesure d’œuvrer pour cette cause. Si nous pouvons le faire, puisque ce devoir nous est imposé par la charité fraternelle. Obligés nous sommes appelés et pouvons à ce titre compter sur l’aide du Seigneur si nécessaire pour cette tâche des plus importantes et peu aisée. Cette tragique circonstance-aucune autre nation dans le monde n’a tant souffert de cette séparation comme ce fut le cas pour la nôtre- et nous conduit à reconnaître notre vocation et notre devoir. 1
Le Métropolite reconnaissait que les différences théologiques n’étaient pas grandes et un Concile commun, celui de Florence, était parvenu les régler.
Que doit-on attendre aujourd’hui de la situation en Ukraine ? Probablement encore des épreuves mais un futur saint qui a connu tous les malheurs possibles peut contribuer à montrer le seul chemin de réconciliation qu’il a lui-lui-même pratiqué .La politique est un itinéraire trop étroit il faut la religion vécue pour échapper au fanatisme nationaliste, il faut une réconciliation. Tout cela passe par la Russie qu’il ne faut pas exclure mais associer à l’Europe .Quant à l’Europe il faut qu’elle se souvienne de ses racines chrétiennes sinon le drame de Constantinople se renouvellera à l’échelle d’un continent.
PL+
