Amoris laetitia - France Catholique

Amoris laetitia

Amoris laetitia

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Dans le tintamarre des affaires, des scandales, des polémiques, y aura-t-il un peu de place pour une réflexion approfondie autour de l’exhortation sur la famille qui sera publiée vendredi ? Ce document signé par le Pape, qui tire les conclusions des deux synodes qui se sont tenus à Rome sur le sujet, s’intitule joliment Amoris laetitia, « La joie de l’amour ». Voilà, dira-t-on, un beau parti-pris d’optimisme, qui contraste avec la formule du poète « Il n’y a pas d’amour heureux » (Aragon). Le pape François, pas plus que les évêques et pas plus que les chrétiens, n’ignore les embûches de la vie amoureuse et les drames de la famille. Mais il est à contre-courant de l’ambiance générale, voire même de la modernité, en contredisant une sorte de fatalité.

Et pourtant, à entendre certains discours, on aurait le sentiment que c’est le christianisme qui serait en délicatesse avec l’amour humain, et plus particulièrement avec la sexualité. Comme si ce n’était pas toute la culture contemporaine, notamment lorsqu’elle est inspirée par le freudisme, qui participe d’un pessimisme fondamental. L’amour et la sexualité s’y débattent dans un univers névrotique, marqué par la malédiction d’un traumatisme originel. Ne parlons pas de la littérature. Elle est tout imprégnée de l’amour passion qui ne cesse de conspirer avec la mort.

Il faut donc avoir une foi solidement enracinée pour croire que l’amour est une joie, alors qu’on nous serine partout qu’il est un tourment, dont on guérit difficilement. Si l’exhortation apostolique pouvait avoir cette vertu de nous sortir d’un climat délétère, ce serait une excellente nouvelle. Attendons un peu pour nous familiariser avec son langage, puisque le souci du Pape est de « recontextualiser le message », de telle façon qu’il soit reçu et compris dans sa vérité. Oui, il faut toujours un effort pour convaincre, toucher l’intelligence et la sensibilité, surtout lorsque l’opinion est blasée ou sceptique. Amoris laetitia, rien que ce titre constitue une heureuse invitation à redécouvrir cet amour au-delà de nos préjugés et de nos blessures.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 6 avril 2016.