A qui s'adresse le pape François ? - France Catholique
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A qui s’adresse le pape François ?

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Le Washington Post, le New York Times, le Wall Street Journal – chacun peut faire le total, nos journaux les plus influents, toutes tendances politiques confondues – tous publient des comptes-rendus du premier discours du pape aux Nations-Unies hier, remarquant sa nature hautement politique. CNN observe qu’il ne lui a fallu que deux phrases pour aboutir à une question politique, l’immigration, via une allusion subtile : il a mentionné qu’il était lui-même un descendant d’immigrés. Et ces organes de presse dominants avaient tous absolument raison. Par contraste, le président Obama était (relativement à ce qu’il est d’habitude) plutôt apolitique, et même spirituel, parlant de valeurs communes, de liberté religieuse (invraisemblable, pour ne pas dire plus, pour beaucoup de catholiques actuels en Amérique) – mais, à la surprise de beaucoup, insistant sur les persécutions subies par les chrétiens dans le monde, leurs églises brûlées. Une chose que François n’avait pas mentionnée.

C’est de cette manière, une triste manière, que le parcours du Pape en Amérique a commencé mercredi : un doux pape parlant de politique, un homme politique anti-catholique parlant de foi. Bien que cela ne soit pas le fin mot de l’histoire, pas de doute que ce soit le récit que tiendra François devant le Congrès ce matin et demain aux Nations-Unies.

Plus tard hier matin, s’adressant aux évêques des USA à la cathédrale Saint-Matthieu, François a parlé avec davantage de spiritualité et d’une manière presque entièrement apolitique. Il a déclaré :

J’apprécie l’engagement sans faille de l’Église en Amérique au service des causes de la vie et de la famille, ce qui est la principale raison de ma visite actuelle.

La principale raison ? Qui le savait ? Pour parler franchement, le blâme pour cette ignorance doit retomber sur le Vatican. Il a fait tout son possible, en paroles et en actes, pour donner au monde un message différent.

Peu de journalistes étaient intéressés par ce que le Pape a dit aux évêques américains, bien qu’ils pourraient être surpris d’apprendre ce qu’il pensait être la principale raison de sa venue parmi nous. Par contre, les médias séculiers ont bien pris note quand il a fait allusion à la crise des abus sexuels devant les évêques, bien qu’il n’ait pas utilisé le mot. A la place, le pape a parlé «  de l’épreuve qui a pesé sur vous ces dernières années, et j’ai soutenu votre engagement généreux pour apporter la guérison aux victimes – tout en sachant que cette guérison nous concerne également – et pour œuvrer à s’assurer que de tels crimes ne puissent se reproduire. »

La presse n’a pas beaucoup remarqué non plus, et pourtant cela méritait de l’être, que dans le discours à la Maison Blanche, un discours malheureusement politique, il faut bien l’admettre, François a aussi parlé des « principes fondateurs » de l’Amérique, qui auraient dû empêcher les empiétements anti-constitutionnels et anti-catholiques de l’administration Obama.

Et vous n’avez probablement pas entendu un mot sur le fait que le Pape, dans le même discours à la Maison Blanche, a évoqué les catholiques américains qui, « avec d’innombrables autres personnes de bonne volonté » espèrent « que leurs efforts pour bâtir une société ordonnée selon la justice et la sagesse, préservera leurs préoccupations les plus profondes et leurs droit à la liberté religieuse » :

Cette liberté demeure une des possessions les plus précieuses de l’Amérique. Et comme mes frères les évêques des USA me l’ont rappelé, tous sont appelés à la vigilance, en qualité de bons citoyens, pour préserver et défendre cette liberté contre tout ce qui la menacerait ou la compromettrait.

Pour rétablir l’équilibre, un observateur honnête devrait relater que François était certainement bien trop amical avec l’administration Obama sur les questions environnementales, qui tenaient la moitié de son discours à la Maison Blanche. Il est ahurissant de penser comment cela est arrivé, alors que l’administration Obama est un régime machiavélique qui a attaqué les institutions catholiques d’une façon qui ne s’est plus vue depuis l’époque des Know Nothing (NDT : surnom donné aux membres du parti nativiste, caractérisé surtout par un violet rejet du catholicisme).

C’est là que se niche un problème qui semble ne pas avoir de solution sous la papauté du pape François. Il rencontre un personnage comme le président Obama, un rhétoricien retors, qui déclare (alors que le souverain pontife est assis à côté de lui) chérir la liberté religieuse. Mais il ne faut pas être grand clerc pour voir qu’en fin de compte, les actions d’Obama sont des agressions pures et simples contre les catholiques et les autre chrétiens traditionnels. S’il le voulait vraiment, Obama pourrait facilement trouver avec les croyants de multiples accommodements qui respecteraient leur liberté religieuse tout en le laissant poursuivre ses propres changements idéologiques – une chose à laquelle François est plutôt sensible dans d’autres contextes.

Inexplicablement, dans le même temps, le Saint-Père – dans son allocution aux évêques – les a mis en garde de ne pas être trop durs, de ne pas faillir à offrir au peuple de Dieu la lumière attirante qu’est l’Évangile de Jésus Lui-même. Les situations dans le monde diffèrent selon les lieux, c’est sûr, et le pape doit avoir à l’esprit quelque expérience personnelle concrète. Mais ceux d’entre nous qui se considèrent comme des amis et soutiens indéfectibles de la papauté – et qui ont été maltraités dans divers coins du monde – ont bien du mal à identifier à qui exactement le Saint-Père pense s’adresser quand il s’inquiète de dureté et de rigidité, surtout alors que le catholicisme est agressé même dans les pays développés.

Dans notre expérience de l’an de grâce 2015, dans bien des parties du globe, bien plus de gens sont moins troublés par une Église trop critique que par une Église qui a perdu son chemin – et qui n’a rien de caractéristique à dire au monde séculier. Si le pape veut dire quelque chose de vraiment révolutionnaire en Amérique, il pourrait proposer que le christianisme soit plus que l’ouverture, la tolérance et la gentillesse. Le monde séculier n’a pas besoin du christianisme pour apprécier ces trois valeurs. Alors à qui pensons-nous parler exactement ?

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/09/24/who-is-pope-francis-speaking-to/