3119-Infertilité et artifice - France Catholique
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3119-Infertilité et artifice

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On nous révèle la hausse continue de la stérilité en France. Seule solution préconisée : la procréation « artificielle ». La demande de « bébés-éprouvette » devrait donc exploser. Les temps sont durs pour les spermatozoïdes. L’Inserm nous apprend qu’en un demi-siècle leur densité aurait été diminuée de moitié chez les Occidentaux, entraînant une chute de « 15 % de la fécondabilité » des couples. Faut-il inscrire ce phénomène dans le pessimisme ambiant : réchauffement climatique, déforestation, extinction d’espèces animales ? Les scientifiques attribuent l’explosion de l’infertilité à des facteurs environnementaux (pesticide et pollution) ou à des modes de vie (tabagisme, sédentarité, stress…). Cause aggravante, selon les épidémiologistes et démographes de l’Inserm Henri Léridon et Rémy Slama, l’augmentation de l’âge des femmes à la naissance de leur premier enfant, qui franchira bientôt, en France, la barre des trente ans. Leurs hypothèses vont jusqu’à envisager qu’un couple sur cinq serait, à terme, concerné par la stérilité (contre un sur dix actuellement). On peut s’étonner de ne pas lire parmi les hypo­thèses de ces mutations, tant physiologiques que so­ciales, la généralisation de la contraception durant ces dernières décennies. Toujours est-il que la seconde partie du slogan : « Un enfant si je veux, quand je veux » devrait être complétée d’un humble « …si je peux ». La remarque émane du docteur Sylvie Epelboim, gynécologue, spécialisée dans la fécondation in vitro : le vieillissement ovarien ne laisse-t-il pas à une femme de 42 ans que 2 % de chance d’obtenir une grossesse avec l’Assistance médicale à la procréation (AMP) ? A lire ce que la presse déduit de l’explosion de l’infertilité hexagonale, c’est pourtant l’AMP qui aurait « de beaux jours devant elle ». Les chercheurs estiment à 73 % ou 80 % la hausse des demandes d’AMP qu’entraîneraient les 15 % de baisse de la « fécondabilité » qu’ils envi­sagent encore dans les cinq prochaines décennies. La plupart des couples considèrent déjà la fécondation artificielle comme la solution par excellence, quitte à se bercer d’illusions. Un emballement de toute-puissance les conduit de plus en plus à se précipiter vers l’AMP, soit trop précocement, alors qu’ils n’ont simplement pas intégré qu’il faut une certaine patience avant d’obtenir la conception « naturelle » d’un enfant, soit trop tard. Le législateur commence même à craindre que le mode artificiel de conception des êtres humains ne devienne progressivement un mode de procréation de première intention plutôt qu’une façon de compenser l’infertilité. Avec l’extension du diagnostic préimplantatoire, on s’orienterait de plus en plus vers le scénario du film « Bienvenue à Gattaca » d’Andrew Niccol (1997) où il devient inconvenant, pour procréer, d’utiliser les relations sexuelles. Depuis l’irruption d’une tierce personne dans la pro­­création humaine qui constitue la transgression ori­ginelle de l’AMP, on n’en finit pas de débattre sur les limites à lui opposer. Elles sont mouvantes au fil de l’acception sociale des dérives. Après de multiples pontages et divorces, certains vieillards demandent, à la veille d’une énième opération, la congélation de leur sperme afin de donner une descendance à leur nouvelle compagne. Il n’y aurait plus de limite scienti­fique ou morale pour demander à la médecine de palier les déficiences de la nature ou les sages contraintes qu’elle impose. Il est vrai que, même si la moitié des candidats à l’AMP ressortiront déçus de ce qu’on n’hésite plus à nommer leur « parcours du combattant », la surenchère technologique promet des améliorations : on vient d’identifier un marqueur biologique permettant de sélectionner les ovocytes les plus aptes à faire réussir l’implantation du futur embryon. Depuis longtemps, on contourne des stérilités masculines autrefois rédhibitoires par la technique, pourtant controversée, de l’injection intra-cytoplasmique d’un spermatozoïde, voire d’un spermatide (gamète immature). Des nouvelles manipulations font miroiter une « reproduction homosexuelle ». Le temps est loin où les soignants, à l’image de la sage-femme qui accompagnait la mère d’Amandine, premier bébé-éprouvette français, née il y a trente ans, pouvaient se dire choqués qu’une femme préfère la fécondation artificielle à l’adoption. L’« acharnement procréatif » commence toutefois à être dénoncé. Le désir d’une descendance biologique, quitte à ce qu’elle soit obtenue avec le sperme d’un inconnu, est pourtant valorisé comme un droit. Bientôt un devoir ? Paradoxalement, cet « enfant à tout prix » (on es­time à un milliard d’euros le coût annuel de la fécondation in vitro en Europe) est contemporain de millions d’êtres humains détruits par l’avortement, sans qu’on prenne conscience que la notion de « désir parental » est devenue totalitaire.