3111-Mgr Rahho - France Catholique
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3111-Mgr Rahho

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Vendredi saint en Irak

Avec la mort de Mgr Rahho, archevêque chaldéen de Mossoul, enlevé le 29 février et retrouvé mort le 12 mars, c’est un nouveau pas dans la tragédie des chrétiens en Irak qui est franchi. La question que je me pose est : pourquoi est-ce qu’on tue un évêque ? C’est un mystère, qui me fait penser au Vendredi saint que nous allons fêter. Pour l’Église en Irak, c’est Vendredi saint tous les jours !

C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris la mort de Mgr Rahho que j’avais rencontré le 13 février en Irak, avec la délégation conduite par Mgr Stenger. Ce fut un choc pour moi de l’apprendre mais bien sûr, avant tout, pour les chrétiens d’Irak, à qui il faut penser tout particulièrement en ce moment. Confions Mgr Rahho à la Miséricorde divine et prions pour ses ravisseurs.
Pour en revenir à l’Irak, il est de bon ton, lorsqu’on évoque la tragédie vécue par les chrétiens de là-bas, de préciser que c’est le pays lui-même qui est chaotique et que c’est toute la population qui est prise en otage par certaines factions, avides de pouvoir et qui ne reculent devant aucune violence pour atteindre leurs objectifs.

Cela est vrai, mais ne saurait diminuer pour autant la violence particulière faite aux chrétiens. Comme tous les Irakiens, les chrétiens souffrent de ce chaos mais eux sont encore plus malheureux, isolés et menacés : personne n’est là pour les défendre. Les chrétiens n’ont pas de milices pour se protéger et constituent une cible idéale. Enlèvements et demandes de rançon sont leur lot commun, assassinats également, comme le père Ragheed Aziz Ganni, abattu sur le parvis de son église de Mossoul en sortant de la messe dominicale le 3 juin dernier. Pour beaucoup, il n’y a pas d’issue que la fuite précipitée, où il faut tout abandonner, et l’exil, que ce soit ailleurs dans le pays ou à l’étranger. Pour tous, il y a l’angoisse.

Lors de notre visite en Irak, nous avons aussi rencontré un otage qui venait d’être libéré après huit jours de captivité. La rançon était de 60.000 $, une véritable fortune pour ce fermier chrétien. Or ses ravisseurs lui ont laissé le choix : si lui et sa famille se convertissaient à l’islam, il n’avait plus rien à payer !
Là, nous ne sommes plus dans le simple chaos d’une société en proie à la violence, nous sommes devant l’expression d’une réelle haine anti-chrétienne. Ne peut-on pas alors parler de guerre contre les chrétiens ? Ce n’est pas le fondement ni l’essentiel de la guerre en Irak, mais comment réfuter que cela en fasse partie, même si c’est un « dommage collatéral ».
Quoiqu’il en soit, dans ces circonstances, suivre le Christ exige un réel prix à payer. Après le Vendredi saint, il y a le repos du Samedi et enfin la Résurrection. Cette séquence, prions pour que l’Eglise en Irak la connaisse le plus vite possible.

Marc FROMAGER
Directeur AED