Les médias n’ont fait malheureusement que peu d’écho au discours de clôture prononcé par Mgr André Vingt-Trois au terme de l’assemblée plénière des évêques de France à Lourdes. Il est vrai qu’un tel langage se prête assez mal au style et aux modes d’orchestration de notre société de communication. Et pourtant il y aurait de quoi susciter de beaux débats à partir d’interpellations fortes. Peut-être va-t-on d’ailleurs rechercher quelques citations du nouveau président de l’épiscopat, lorsque l’actualité se recentrera sur la campagne du téléthon, si toutefois on veut bien admettre que la générosité ne va pas sans discernement : « Nous admirons la générosité de ceux qui participent au téléthon et nous n’avons pas l’intention de jeter le discrédit sur cette générosité qui porte des fruits (…) mais la générosité ne légitime pas tout. Nous souhaitons donc que chacun réfléchisse et que soient entendues les graves questions que nous avons soulevées : tri embryonnaire, utilisation des cellules embryonnaires ou médiatisation des jeunes malades. » Et que dire de cette fière proclamation : « Nous ne pouvons rester comme des chiens muets quand nous voyons se développer une sorte d’instrumentalisation rampante de la personne humaine. On le constate aussi bien dans les domaines économiques et sociaux que dans le domaine de la bioéthique. Jusqu’où irons-nous dans l’utilisation et l’exploitation de l’être humain pour la satisfaction de nos désirs, même légitimes, même généreux ? » Il ne sera pas dit que l’épiscopat n’a pas parlé fortement et clairement et l’on est en droit d’attendre des médias qu’ils répercutent le message intégralement.
Mais Mgr Vingt-Trois a marqué aussi son intervention par un esprit de sérénité, ne se réclamant que de l’unique foi du Christ et répandant sur les légitimes inquiétudes des chrétiens une lumière qui vient de la certitude tranquille des disciples de l’Évangile : « Dans un temps où beaucoup vivent dans la préoccupation de l’avenir, parfois jusqu’à l’anxiété, la foi qui nous habite fait de nous des témoins d’une autre manière d’aborder l’existence et ses aléas ; une manière de vivre fondée sur la certitude que Dieu n’abandonne jamais les siens. »
Et si le président de la Conférence épiscopale a terminé son discours par une magnifique citation de saint Paul aux Romains, c’est pour signifier que « rien ne saurait nous séparer de l’amour du Christ ». Qu’importe alors le poids des plus lancinants soucis, il n’y a jamais lieu, pour les chrétiens, de se départir de cette confiance profonde qui permet d’affronter toutes les tribulations. Alors s’explique l’appel au courage et au sursaut, notamment lorsqu’il s’agit de répondre à la pénurie des pasteurs : « Je lance solennellement un appel pour que des hommes généreux soient recherchés et sollicités pour l’ordination en vue de la mission. » Aucun doute après cela : l’Église de France est clairement engagée à ne pas se dérober à la mission à laquelle le Christ la destine.
