2994-France 2 se met au porno - France Catholique
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2994-France 2 se met au porno

2994-France 2 se met au porno

Une chaîne publique diffuse sans prévenir des scènes de sexe explicites à une heure de grande écoute. C’est contraire à la loi et à la volonté des familles. Faut-il se résigner ?
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Le mardi 27 septembre 2005, en milieu de soirée, France 2 diffusait le film « Intimité » de Patrice Chéreau dont elle est coproductrice. L’histoire ? un homme reçoit la visite hebdomadaire d’une femme qu’il ne connaît pas. Ils expérimentent une relation exclusivement sexuelle. A la sortie d’ »Intimité » en salles, en 2001, un débat s’était ouvert à propos de sa classification. Certains avaient été surpris de voir la barre fixée à 12 ans. Car, dans la lancée d’une vague contemporaine, Patrice Chéreau a pris le parti de « ne rien cacher ». On imagine, sur un pareil sujet, jusqu’où cette éthique de l’authenticité a pu le conduire : au-delà même des limites fixées pour les films interdits aux moins de 16 ans ! « Intimité » montre donc à voir les acteurs, dans leurs ébats, ce qu’en termes techniques les classificateurs d’images notent « scènes de sexe explicites non simulées ». On a été jusqu’à louer le cran de l’actrice Kerry Fox, se soumettant aux demandes du réalisateur, en acceptant de prodiguer une fellation à son partenaire de comédie devant la caméra filmant en plan serré. « Les élites vont adorer » avait pronostiqué un critique.

Auréolé d’un Ours d’or au Festival de Berlin, en 2001, l’œuvre cinématographique a été plébiscitée. Cinéaste talentueux, Chéreau manifeste sa fascination pour le désir des corps qu’il a su, dit-on, « dépeindre avec brio ». « Intimité » exprime sans-doute la part de mystère irréductible que comporte la sexualité humaine, mais aussi quelque chose de l’histoire personnelle tourmentée de son réalisateur. Il ne faut peut-être donc pas s’étonner que celui qui est considéré comme l’archétype de l’intellectuel de gauche ait voulu interroger la question complexe – et insoluble – du sexe affranchi de toute autre relation. Aux spectateurs choqués par ses images – et beaucoup l’ont été – on pouvait encore rétorquer que personne n’est forcé de se rendre au cinéma, ou en appeler à la responsabilité parentale.

David et Goliath

Mais, le 27 septembre justement, une veille de mercredi où ils ont tendance à autoriser des couchers plus tardifs, bien des parents ont été piégés. « Est-il normal que des centaines de milliers d’enfants et d’adolescent soient confrontés sans avertissement à de telles scènes, à 22 heures 40, sur une chaîne de la télévision publique ? » s’étonne Maître Antoine Beauquier, président de la Fédération Familles Médias. On peut constater sur le site Internet du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel que de nombreux parents partagent sa réprobation. Familles Médias a donc saisi le CSA et lancé une campagne nationale de co-signature de la lettre qu’elle a adressée à son président, Dominique Baudis. Elle lui demande « qu’un partenariat véritable s’engage entre les autorités de régulation de l’audiovisuel et les usagers des chaînes de télévision, notamment publiques ».

Maître Beauquier plaide pour que soient « transformées en actes » les déclarations d’intention qui font de la protection de l’enfance la priorité : « Alors que la loi est censée les prémunir de l’accès aux images pornographiques, notre société privilégie une autre logique ». Autrement-dit, on a beau clamer le caractère sacré de l’enfant, c’est le créateur qu’on encense et son œuvre qu’on vénère, la création artistique ne tolèrant aucune limite.

A l’image de Maître Beauquier, ceux qui osent lever le petit doigt frisent vite le ridicule. Comme David contre Goliath. Mais justement David a ici un argument de poids, les enquêtes d’opinion confirmant l’écœurement de la majorité silencieuse : 72% des Français ne trouvent pas normal que des films pornographiques soient diffusés à la télévision et 56% justifient même leur interdiction pure et simple (institut CSA, septembre 2002).
On criera à la censure. On prétendra que les parents n’ont qu’à protéger leur progéniture. On ajoutera que de multiples moyens d’accès aux images contestées rendent inopérant le seul contrôle de la télévision. C’est ignorer ce que vient de confirmer une étude de l’Inserm : la télévision est le premier vecteur d’accès aux images pornographiques pour les jeunes (61% des garçons de 14 ans ont vu au moins un film pornographique dans l’année). De plus les sociologues notent combien le petit écran, spécialement ses chaînes publiques, constituent une garantie de moralité pour la plupart des téléspectateurs : le « vu à la télé » a valeur de norme sociale.

Elément encourageant pour la campagne de la Fédération Famille Médias : la chaîne M6 a renoncé depuis l’été à la diffusion de son film « érotique » du dimanche soir pour mieux cadrer avec son ambition de devenir une chaîne familiale.

Tugdual DERVILLE

La Fédération Familles Médias engage une action auprès du CSA sur cet abus.

Lire le dossier et les réactions sur :

http://famillesmedias.hautetfort.com/