Van Eyck, l’art de la dévotion - France Catholique
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Van Eyck, l’art de la dévotion

© RMN-GRAND PALAIS - Musée du Louvre - Michel Urtado

Image :
La Vierge du chancelier Rolin (détail), après restauration, XVe siècle, Jan van Eyck.
© RMN-GRAND PALAIS - Musée du Louvre - Michel Urtado

Van Eyck, l’art de la dévotion

Van Eyck, l’art de la dévotion

Le musée du Louvre présente jusqu’au 17 juin une exposition autour du tableau de Jan van Eyck, La Vierge du Chancelier Rolin (XVe siècle), qui vient d’être restauré. L’occasion de découvrir ce peintre exceptionnel et le courant spirituel de la « Devotio moderna » qui a inspiré son œuvre.
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C’est un petit événement dans le monde de l’art français. La Vierge du chancelier Rolin, unique tableau du célèbre peintre flamand Jan van Eyck conservé au Louvre – et en France –, vient d’être rendu à sa beauté originelle, grâce à une restauration « historique », assure Sophie Caron, conservatrice au Louvre. Ce travail offre une « redécouverte spectaculaire » de l’œuvre qui était « très encrassée et difficile à voir ». Il s’agit en effet de la première restauration fondamentale de cette huile du XVe siècle, conservée au Louvre depuis 1800. Le résultat est à la hauteur des attentes et les superlatifs ne semblent pas usurpés devant l’émerveillement suscité par ce bijou de la fin du Moyen âge.

Cette redécouverte est l’occasion, pour le musée, d’offrir aux visiteurs une exposition sur mesure – une salle unique – dont le but est de mettre en valeur le tableau et de tenter d’en révéler les mystères, notamment par une vidéo permettant de voir en très gros plans les innombrables détails de l’œuvre, révélant, mieux que jamais, le talent exceptionnel de miniaturiste de Van Eyck.

Si l’exposition est petite, elle n’en est pas moins prestigieuse car elle rassemble, pour la première fois en France, cinq autres tableaux de Jan van Eyck, prêtés par des musées internationaux, et sa parfaite maîtrise de la peinture à l’huile, dont il fut peut-être l’inventeur. Le visiteur pourra notamment s’émerveiller devant la sublime Vierge de Lucques et l’Annonciation. D’autres œuvres sont également mises en correspondance avec La Vierge du chancelier Rolin, ainsi que des manuscrits enluminés, des bas-reliefs, etc.

« Un objet de piété personnelle »

La Vierge du chancelier Rolin a sans doute été commandée au peintre en 1430, par Nicolas Rolin (vers 1376-1462), le puissant chancelier de Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1396-1467). Administrateur de ce duché, qui s’étend de Dijon aux actuels Pays-Bas, l’homme était un grand mécène. Le duché de Bourgogne, à cette époque, est plus puissant que le royaume de France, et quasiment autant que l’empire germanique.

Il finança, outre des œuvres d’art, la création des Hospices de Beaune, destinés aux pauvres, « dans l’intérêt de mon salut, désireux d’échanger contre des biens célestes, les biens temporels », a-t-il écrit lui-même. C’est très probablement à la cour ducale qu’il a rencontré Jan van Eyck. La restauration du tableau a révélé à son revers un magnifique faux marbre vert. Ce détail – ajouté à celui de son étonnant petit format, presque carré (66/62 cm) – semble indiquer qu’il était destiné à être « un objet de piété personnelle, transportable par le duc au gré de ses déplacements dans le duché », dans le but d’apporter, par cette image le figurant entre ciel et terre, « un support visuel à sa méditation personnelle », explique Sophie Caron, qui est aussi commissaire de l’exposition. Il était « sans doute également prévu pour être installé, à sa mort, dans sa chapelle funéraire familiale », à Autun – redécouverte, par les archéologues, en 2021, sous son ancienne maison, transformée en musée Rolin –, pour « rappeler aux générations suivantes, qui contempleraient cette œuvre, de prier pour son salut », ajoute la spécialiste. Il ne s’agirait donc pas d’un objet encourageant la piété publique, puisque c’est lui, le commanditaire, que « le spectateur regarde en train de prier » et de contempler les réalités célestes, précise la commissaire.

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