Turbulences autour de l’enseignement catholique - France Catholique
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Le « Sacré-Cœur » conquiert la France
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Turbulences autour de l’enseignement catholique

Le camp laïciste ne désarme pas : il espère toujours réduire au minimum le « caractère propre » des établissements catholiques.
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© Philippe Lissac / Godong

Avec la nomination par l’épiscopat de Guillaume Prévost comme secrétaire général de l’enseignement catholique, on peut être assuré que l’objectif d’un christianisme remis au cœur du projet pédagogique de l’enseignement privé est clairement et nettement affirmé. On retient ainsi la façon dont il conçoit le rôle des enseignants d’une école catholique : « Moi, je pense qu’il faut autoriser les enseignants qui le souhaitent à dire une prière avec leurs élèves. Pourvu qu’ils soient assurés des conditions de liberté de l’enfant. Et qu’on ne soit pas dans une dynamique d’embrigadement. »

Le temps d’un « Notre-Père »

Mais voilà qui n’est pas du goût de tout le monde, notamment du ministre de l’Éducation nationale, Édouard Geffray, qui a répliqué de façon plutôt raide : « Lorsque l’État paie un professeur, il le paie pour enseigner. Ça me semble une évidence. Donc une minute payée par l’État, c’est une minute d’enseignement, ça ne sert pas à autre chose. Et donc je ne vois pas comment, sur un temps d’enseignement, on pourrait faire une prière. »

Avec un peu d’humour, on pourrait considérer un tel propos comme relevant des « comptes d’apothicaire ». Car il faut se lever bien tôt pour défalquer le temps d’un Pater noster sur une heure de classe. Mais la question est plus sérieuse, car le sujet de fond concerne bien le statut de l’enseignement catholique, tel qu’il relève de la loi de 1959 à laquelle le Premier ministre Michel Debré a associé son nom.

En permettant aux établissements catholiques d’être associés à une mission de service public par le biais de contrats avec l’État, la loi Debré marquait une rupture d’importance presque analogue à celle établie par la Constitution de la Ve République. Il s’agissait bien d’une rupture avec une conception stricte de la laïcité. D’ailleurs, sur le moment, les défenseurs du pur laïcisme idéologique se coalisèrent pour empêcher le vote de la loi. On sait que celle-ci fut bien reçue par le pays, à tel point que sa remise en cause par la gauche à partir de 1981 se heurta à un refus massif de l’opinion publique.

Néanmoins, on est bien obligé de constater que, depuis quelques mois, les attaques à l’égard de l’enseignement catholique ne cessent de se multiplier, notamment dans la presse de gauche, concernant certains établissements dont on met en cause l’orientation religieuse prononcée. Du même coup, c’est l’interprétation de la loi qui est visée, notamment avec la notion de « caractère propre ». Car c’est bien ce caractère qui était à l’origine de la rupture de 1959. Mais les controverses actuelles mettent en évidence combien il peut être ambigu et comment les adversaires de toujours comptent bien le réduire au minimum possible.

Une force de résistance

L’offensive, qui a échoué en 1981-1984, se trouve ainsi reprise de façon insidieuse par le camp laïciste, qui tente d’utiliser la possibilité d’une éradication progressive d’un enseignement confessionnel. C’était déjà le but de ceux qui envisageaient que l’association à l’État constituerait une sorte d’« escalier mécanique » pour obtenir une nationalisation de fait.

Mais la ferme position de Guillaume Prévost, soutenue par l’épiscopat dans sa dernière Assemblée de Lourdes, montre à l’évidence la force de résistance d’un catholicisme qui n’abdique pas.