Troyes, toujours prospère - France Catholique
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Le journal de la semaine

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Troyes, toujours prospère

Haut-lieu de foires au Moyen Âge, Troyes reste marqué par sa riche histoire.
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La place de la Libération et la basilique Saint-Urbain. © dxr/Daniel Vorndran / CC by-sa

Troyes est en Champagne, comme le dit la chanson, et si vous avez des amis dans la région, sachez que lorsqu’ils vous proposent « un petit café », c’est généralement une coupe de champagne… qui peut devenir, chez les gens de robe, magistrats, avocats, notaires, une bouteille entière ! Mais le champagne est un vin délicat résultant d’assemblages et de fermentations savantes qui ne vous prend pas en traître.

Si vous n’êtes pas amateur de bulles, vous pouvez aussi déguster, aussi bien en apéritif qu’en digestif, la fameuse prunelle de Troyes, alcool dont la recette obtenue avec des noyaux de petites prunes est encore secrète aujourd’hui. La fameuse andouillette, plus populaire, peut s’accompagner d’autres crus, rouges ou blancs qui ne sont pas champagnisés et qui se définissent eux-mêmes comme « paisibles et tranquilles ». On sait vivre à Troyes !

Cette région fut toujours très habitée et très convoitée. Troyes fut un lieu de foires importantes dès le XIIe siècle. Les marchands venaient d’Écosse, des Flandres et d’Angleterre mais aussi d’Europe centrale et de Constantinople. La région fut âprement disputée pendant la guerre de Cent Ans, et c’est à Troyes que fut signé le « honteux traité » par lequel Isabeau de Bavière, profitant de la démence de son mari Charles VI, livrait la Champagne et le royaume de France à l’Angleterre et à la Bourgogne. Le miracle de Jeanne d’Arc changea la donne et, après le sacre de Charles VII, le 17 juillet 1429 à Reims, ces contrées connurent un nouvel essor qui dura au moins un demi-siècle avant leur invasion par Charles Quint et les dévastations des guerres de Religion.

« Le bouchon de champagne »

Le promeneur découvrant Troyes doit se rendre en cœur de ville dans le quartier Saint-Jean, appelé également « le bouchon de champagne » en raison de sa forme. Dans ce cœur sont concentrés les églises et les hôtels particuliers où triomphe l’art troyen qui s’épanouit dans la sculpture et dans d’extraordinaires vitraux. Parmi les nombreuses églises que l’on trouve dans ce dédale de rues bordées de maisons à pans de bois, on remarque la prouesse architecturale de Saint-Urbain – XIIIe siècle – où les murs sont réduits à l’épaisseur des vitraux. Citons encore Sainte-Madeleine, premier sanctuaire troyen, dans laquelle on peut admirer un jubé flamboyant qui demanda dix ans d’ouvrage à Jean Guailde. La même église conserve une statue de sainte Marthe, chef-d’œuvre de l’école troyenne du XVe siècle, attribué au maître de Chaource dont La Mise au Tombeau est une des merveilles de l’Occident.

Le même quartier recèle une des plus anciennes bibliothèques de France et un musée de l’outil confié à la garde des Compagnons du Devoir. On sait aussi travailler et bien travailler à Troyes !

Conservatoire du vitrail

Longtemps capitale de la bonneterie, Troyes est toujours célèbre pour ses magasins d’usine qui font le bonheur des habitants des régions voisines mais aussi des Parisiens.

Avec environ 60 000 habitants elle reste active, même si, à l’image de beaucoup de petites et moyennes villes de France, elle souffre de la désindustrialisation et d’une forte immigration. Le centre-ville a été restauré à partir des années 1970 avec compétence et splendeur, grâce à la volonté de son maire Robert Galley et de son successeur François Baroin.

Mais il faut garder de Troyes l’essentiel, qui est d’être la capitale et le conservatoire de la sculpture et du vitrail français. Les musées de la ville célèbrent aujourd’hui Degas et Rodin, illustrant la continuité de cet art de la pierre qui tient peut-être à l’alliance brillante des richesses du sol et des trésors de l’esprit champenois !