Semaine sainte : de la mort à la vie - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Semaine sainte : de la mort à la vie

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Crucifixion. Michele da Verona, 1501.

© Philippe Lissac / Godong

Il n’est pas mort dans la dignité, mais dans l’indignité la plus totale. Fouetté, battu à mort, humilié, abandonné de presque tous, pour finir cloué sur la croix comme un esclave et un maudit, sous les ricanements de la foule.

Et pourtant, la mort du Christ – celle d’un Dieu fait homme –, suivie de sa Résurrection, a donné naissance à la religion qui a porté le plus haut la dignité de la personne humaine. Ainsi, c’est la civilisation chrétienne qui, au cours des siècles, a permis de sortir de l’esclavage, de porter haut la place de la femme à travers l’amour courtois, de prodiguer une instruction aux enfants pauvres, de soigner les malades et les indigents, etc. Se conformant ainsi à l’indication de saint Paul : « Il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus » (Galates 3, 28).

La dignité travestie de l’homme

Deux mille ans plus tard, que reste-t-il de ce modèle sans équivalent dans le monde, lorsque du début à la fin de la vie, cette même dignité se voit travestie en pouvoir de donner la mort par des lois entérinées ou à venir, sous le prétexte de vouloir supprimer la souffrance – celles des femmes en difficulté et des vieillards sans espoir ? Certes, la souffrance n’est ni souhaitable ni une fin en soi, mais elle est une réalité qu’aucune loi, aucun rêve prométhéen, ne pourront jamais abolir. Dans notre actualité marquée par la Semaine sainte et le débat sur la fin de vie, la phrase de Paul Claudel conserve toute sa pertinence : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, il n’est pas venu l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence. »

En prenant notre condition humaine, jusqu’à son extrémité la plus atroce, Notre-Seigneur Jésus a aussi montré qu’il pouvait y avoir un chemin et un sens attachés à la souffrance, en lien avec la rédemption du monde. Et que la mort n’est pas la fin de tout. Ce faisant, il a redonné leur dignité à tous ceux qui, même défigurés, demeurent des créatures aimées de Dieu.

Ainsi, face aux vertiges du transhumanisme et de la pseudo bio-« éthique », au pouvoir donné à l’homme sur la manipulation du vivant, le constat s’impose : sans Dieu, l’universalité des droits de l’homme est illusoire. En 1789, la Déclaration des droits de l’homme a cru pouvoir se passer de la Révélation chrétienne, en se fondant sur la seule raison. Mais ce ne sont que des droits de l’homme sans Dieu, qui l’amputent d’une dimension fondamentale de l’existence. C’est Dieu qui est la mesure de l’homme, affirme même l’Église, et non l’inverse. La fraternité n’a de sens qu’en référence à une origine commune de tous les hommes, créés par Dieu à son image et rachetés par le sang du Christ.

Lors de la grande prière d’intercession du Vendredi saint, les chrétiens prient pour les dirigeants politiques, pour que Dieu leur inspire le sens de la justice, en particulier le respect des plus petits, seul à même de maintenir la paix dans la société. C’est donc le salut de leur âme qui est en jeu dans ces débats d’actualité qui engagent la vie et la mort. Il serait sans doute temps de le leur rappeler, en leur souhaitant ce qui est arrivé au bon Larron : être un jour avec Jésus en Paradis…