Alexandre est grec, Épipode est lyonnais de naissance, tous deux issus de familles aisées et distinguées. Ils ont les mêmes maîtres à l’école où ils se lient d’une étroite amitié – d’autant plus solide qu’ils sont chrétiens. Sans doute vont-ils écouter les homélies de leur vieil évêque Pothin, et peut-être sont-ils amis de la jeune Blandine, chrétienne comme eux.
C’est le temps de la persécution sauvage. Les chrétiens se cachent. Pothin est martyrisé à l’âge de 90 ans avec 48 autres chrétiens. Épipode et Alexandre sortent secrètement de Lyon et se réfugient dans une banlieue proche chez Lucie, une veuve chrétienne, qui les cache. Dénoncés au gouverneur par leurs propres domestiques, ils sont recherchés. Arrêté au passage étroit d’une petite chambre, Épipode, en voulant s’échapper, perd un soulier que la veuve retrouve et conserva comme un riche trésor.
Trois jours après, ils sont conduits au tribunal. À leur vue, le magistrat soupire : « Quoi ! Deux jeunes téméraires osent ainsi braver les Immortels ? À quoi donc ont servi toutes les tortures que nous avons employées, s’il est encore des hommes assez audacieux pour suivre la doctrine du Christ ? » Il ordonne de les séparer pour qu’ils ne s’encouragent pas mutuellement, même par signes.
Il commence par interroger Épipode, lui fait casser les dents parce qu’il a osé lui dire : « Le premier et le plus grand de vos dieux, c’est votre ventre ! » Il le fait élever sur le chevalet, déchirer avec des ongles de fer et le fait décapiter.
Le lendemain, il fait comparaître Alexandre. « Apprends que le compagnon de ton impiété a cessé de vivre. Aie pitié de toi-même et viens remercier les dieux d’une vie qu’ils daignent te conserver. » Alexandre lui réplique : « En faisant mourir mon bien-aimé frère, tu as assuré son bonheur ; je meurs d’impatience de le partager avec lui. Qu’attends-tu donc ? Je suis chrétien, je l’ai toujours été ; je ne cesserai de l’être. » Devant tant d’assurance, et pour en finir, le juge le fait étendre, jambes écartées. Trois bourreaux le frappent sans relâche puis il est crucifié. Il expire en invoquant le saint Nom de Jésus.
Étymologie du nom
Alexandre : du grec alexô, « protéger » et anêr, andros, « homme ».
Épipode : de épi, « sur » et podos, « pied ».
Pensée spirituelle d’Alexandre à son juge
« Apprends donc que les âmes, auxquelles tu crois donner la mort, prennent leur essor vers le Ciel où un royaume les attend. »
Courte prière d’après les paroles d’Alexandre mourant
« Dieu que j’adore, Tout-Puissant et Éternel, donne-moi la force de te confesser jusqu’au dernier soupir. »