Reims, cœur de la France - France Catholique
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Le Christ-Roi : Que son règne vienne !
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Reims, cœur de la France

Le baptême de Clovis, le sacre de Saint Louis – dont on célèbrera les 800 ans en 2026 – et celui de Charles VII, la Grande Guerre… Quelles autres villes sont plus associées à l’histoire de France que la cité champenoise ?
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La cathédrale Notre-Dame de Reims. © Cezar Suceveanu / CC by-sa

Quand on va de Troyes à Paris, on ne peut pas ne pas passer à Reims. Pas de meilleure introduction que celle du Guide Bleu qui s’exprime ainsi : « Par deux fois, le sort de la France s’est joué à Reims. En 496 d’abord, lorsque le clairvoyant Clovis s’y fait baptiser, fondant par ce geste la monarchie franque qui donnera son nom au pays en pleine gestation. Le 17 juillet 1429, ensuite, lorsque Jeanne d’Arc fait couronner Charles VII dans la cathédrale. La veille encore, la France n’existait plus. Livrée à l’Angleterre depuis neuf ans, elle était rayée de la carte. Ce jour-là elle renaissait. »

Dans le vin et les chansons

Reims a été ravagé pendant la Grande Guerre, mais à l’image du royaume qui s’est fondé ici, la ville renaît dans le vin et les chansons. Aujourd’hui, son nom est mondialement connu à cause du champagne. Le promeneur pourra longer la place Drouet-d’Erlon qui est le centre du quartier piétonnier d’où l’on peut voir l’église Saint-Jacques, la cathédrale et le palais du Tau. C’est ici que se trouvait le cabaret dit de l’Âne Rayé, où Jeanne fêta le sacre de Charles VII en compagnie de son père, de ses frères et des habitants de Domrémy qui étaient venus pour l’occasion. Jeanne était en pleine gloire. Elle dira plus tard à ses juges qui lui reprochaient d’avoir dressé son étendard plus haut que les autres pendant la cérémonie du sacre : « Il avait été à la peine. C’était bien raison qu’il fût à l’honneur. »

C’est aussi dans ce cabaret qu’elle dira, lors de ce repas : « Maintenant je ne crains plus que la trahison. » Jeanne était très lucide sur le caractère de sa mission, aussi fragile que la politique et aussi changeante qu’elle. Elle était venue rétablir un prince que son père avait déshérité et sauver un pays que les savants du moment avaient rayé de la carte.

Le prince n’était pas très solide et le peuple, comme tous les peuples, était instable. Mais telle était la volonté du Ciel, si paradoxale qu’elle puisse paraître aux savants et aux théologiens et Jeanne l’accomplit sans défaillance.

Ce miracle politique est unique dans l’Histoire, et la France en a été le lieu et le bénéficiaire. C’est pourquoi tout Français aujourd’hui se doit de faire le pèlerinage de Reims. Je lui laisse découvrir le sourire de l’ange et la prouesse architecturale d’une cathédrale plus élancée et plus lumineuse que celle de Chartres.

« Il en reste encore »

Nous savons par Jean Raspail que la Sainte Ampoule, apportée miraculeusement pour le baptême de Clovis et que les révolutionnaires avaient voulu faire disparaître, a été sauvée du désastre et qu’elle est toujours là – et, comme l’a dit l’actuel comte de Paris, le prince Jean d’Orléans, en pèlerinage à Reims, en la contemplant : « Il en reste encore. »

Les lecteurs du livre magnifique de Philippe de Villiers, Populicide (Fayard), trouveront le lieu où célébrer la renaissance du royaume des Lys et de la France qui ne peut pas mourir. C’est ici que saint Remi, jeune évêque de Reims qui baptisa Clovis, écrivit son mystérieux testament où il dit « que le royaume de France durera jusqu’à la fin des temps ». Même s’il semble, à certains moments, rayé de la carte, il demeure tant que des Français le portent dans leur cœur et dans leur espérance. C’est pourquoi il ne peut pas mourir. Le message de Reims dépasse le temps et rejoint l’Éternité. C’est ici que Jeanne s’écria « Maintenant est fait le plaisir de Dieu… »

Il n’y a pas beaucoup de lieux au monde dont on puisse dire qu’il a vu l’accomplissement du plaisir de Dieu sur cette terre, et ce fut l’œuvre d’une jeune fille qui accepta de se faire chef militaire et chef politique.

Figure de soleil et de victoire

Dans la très belle pièce de théâtre qu’il a écrite sur Jeanne, L’Alouette, Jean Anouilh a remplacé la fin sur le bûcher par le sacre de Reims. Le narrateur s’écrie à Rouen : « Non ! L’histoire de Jeanne ne peut pas se terminer ainsi ! » Jeanne est une figure de soleil et de victoire, de victoire militaire et politique, et c’est à Reims que cette victoire a été célébrée.