Quelles montagnes devons-nous gravir ? - France Catholique
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Quelles montagnes devons-nous gravir ?

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Le mont Thabor

© Noamdahary / CC by-sa

Un thème important au long de l’histoire du salut est l’ascension d’une montagne sacrée. Abraham gravit le Mont Moriah et Moïse le Mont Sinaï. David gravit le Mont Sion et son fils y construit le Temple, selon le modèle que Moïse a vu sur le Mont Sinaï. Plus tard, après le concours de sacrifices sur le Mont Carmel, Elie retourne au Mont Sinaï. Comme nouveau Moïse, Jésus gravit la montagne pour donner la nouvelle loi. Il gravira plus tard le Mont Tabor et pour finir le mont qui est appelé le Lieu du Crâne ou Calvaire.

Deux des plus importantes montagnes de l’Ecriture figurent en bonne place dans les lectures de deuxième dimanche de Carême. D’abord le Mont Moriah où Moïse, obéissant au commandement de Dieu, va pour sacrifier son fils Isaac (Genèse 22). Deuxièmement le Mont Tabor, où Jésus se rend pour être transfiguré devant Pierre, Jacques et Jean (Marc 9, 2-10). Ce récit concernant deux montagnes nous libère de notions fausses sur Dieu et révèle ce qu’Il désire pour nous.

D’abord le Mont Moriah. « Dieu mit Abraham à l’épreuve… “Prends ton fils Isaac, ton unique, que tu aimes et va au pays de Moriah. Là tu l’offriras comme holocauste sur la montagne que je t’indiquerai” ». Quelle sorte de dieu ferait cela, demanderait à un homme de sacrifier son propre fils ? Juifs et chrétiens ont débattu de cette question durant des millénaires. Mais à l’époque d’Abraham ce n’aurait pas été une question pressante. Le sacrifice humain n’était pas rare dans l’antiquité. En fait, cette pratique environnait Abraham. Le commandement de sacrifier Isaac pourrait simplement indiquer que le dieu d’Abraham n’est guère différent des autres.

Mais l’objectif de la scène est tout l’opposé. Dieu enseigne à Abraham qu’Il n’est pas comme ces autres dieux. Il emmène Abraham jusque là pour bien lui faire comprendre ce point : Il ne réclame pas de sacrifice humain.

C’est un remède de cheval. Un traitement agressif pour une maladie spirituelle grave. Les événements sur le Mont Moriah sont le Premier Commandement sous une forme dramatique, le Seigneur dit en effet à Moïse : « Je suis le Seigneur ton Dieu, tu n’auras pas d’autres dieux que moi. » Ne croyez pas que je suis comme les autres dieux qui exigent de vous des choses inhumaines et barbares.

Les faux dieux nous détruisent et nous conduisent à sacrifier ceux que nous aimons. Nous ne tombons pas dans ce genre de choses de nos jours, comme faisaient les Philistins, les Carthaginois ou les Aztèques. Mais nous avons nos petits dieux : nos mesquins petits royaumes de manipulation, notre confort, nos possessions, notre richesse, nos plaisirs – notre propre volonté. Nous sacrifions à leur profit notre mariage, notre famille, nos enfants. Nous sacrifions littéralement nos enfants au faux dieu de la liberté sexuelle. Mais nous édulcorons la procédure et l’appelons non pas « sacrifice » mais « liberté reproductive ».

Le Mont Moriah éveille en nous la peur que notre dévotion à Dieu entraînera pour nous une diminution de vie. Comme Abraham, nous allons perdre ce qui est le plus important pour nous. C’est le mensonge de Satan qui cherche à nous faire croire que nous sommes en compétition avec Dieu, que plus de Lui signifie moins de nous. Si nous le laissons prendre trop de place dans nos vies, nous allons perdre d’une façon ou d’une autre. Ce qui nous mène à cette seconde montagne – la Montagne de la Transfiguration, communément connue sous le nom de Mont Tabor.

« Et il fut tranfiguré devant eux et ses vêtements devinrent d’une blancheur éblouissante, telle que personne sur terre ne peut en obtenir une semblable. » En contraste avec la scène du Mont Moriah, le Père emmène son Fils au sommet de cette montagne non pour un sacrifice mais pour la gloire, pour révéler Sa gloire et – bien plus – la gloire qu’Il désire pour tous Ses enfants, pour vous, pour moi. Le Père ne désire pas nous humilier ou nous couvrir de honte mais nous élever et nous glorifier de la gloire de Son Fils unique.

Pour y parvenir, nous devons gravir une autre montagne : le Calvaire. Le chemin de la gloire est le sacrifice. Dieu désire nous élever dans la gloire. Mais pour que cela arrive, nous devons nous séparer des choses de ce monde – notre manipulation, nos possessions, nos plaisirs. Le sacrifice chrétien est exigeant et par moments il semble que nous sommes brisés. Mais le sacrifice n’est pas la fin. La leçon du Mont Tabor est que le sacrifice chrétien est orienté non vers notre annihilation mais vers notre glorification.

Sur le chemin du Mont Moriah, Abraham prononce des paroles qui ne sont pas incluses dans les lectures que nous évoquons.

Isaac fait observer qu’ils ont toutes les choses nécessaires pour le sacrifice : « Voici le feu et le bois, mais où est l ‘agneau pour l’holocauste ? » C’est à dire : qu’allons-nous sacrifier ? En réponse, Abraham prononce des paroles d’une grande foi et d’un sens profond : « Mon fils, Dieu y pourvoira. »

Dieu pourvoira. Même à ce moment-là, Abraham faisait confiance à Dieu pour procurer une victime sacrificielle – techniquement, un agneau. Cela, bien sûr, est accompli dans le Christ. En fait, le Mont Moriah est là où, des années plus tard, le Temple sera bâti, c’est la même montagne que celle où le Christ sera crucifié. Le Christ est l’Agneau du sacrifice que, Abraham en était sûr, Dieu procurerai. C’est le Christ, le Fils du Père, Son Fils unique, Son Fils bien-aimé, qui s’offre Lui-même en sacrifice pour nous.

Ce qui nous mène à une montagne supplémentaire à gravir : l’autel de la messe. Là nous rencontrons à la fois le sacrifice et la gloire. Le prêtre monte – et nous avec lui – pour offrir le sacrifice de la messe. Le prêtre élève alors l’Eucharistie, la gloire de l’humilité de Dieu et la promesse de notre future gloire.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2024/02/25/mountain-climbing/