Quel est le rôle d’un évêque dans l’Église ?
Cardinall Gerhard Müller : Les évêques sont les successeurs des Apôtres. Ce n’est pas juste un titre : ils ont le devoir de les imiter – c’est-à-dire de prêcher l’Évangile sans relâche, d’être de bons pasteurs en démasquant les loups et les voleurs. Ils ont la charge de l’enseignement et de la sanctification des fidèles qui leur sont confiés. Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin d’une formation exigeante, jusque dans les fondements. Il faut que les pasteurs veillent à dispenser un enseignement philosophique réaliste et chrétien. On a aussi fait beaucoup de pastorale pour des groupes ciblés, des diocèses, des tranches d’âge… C’est très important, mais il ne faut pas perdre de vue la place de la pastorale individuelle. De s’adresser à chaque âme particulièrement comme le fit Notre Seigneur.
Quel rôle ont-ils dans la cité ?
Les évêques ont un rôle politique au sens où ils ne peuvent pas se désintéresser de la vie de la cité. Mais ils ne doivent pas rentrer dans les querelles partisanes. C’est un équilibre à trouver entre un excès et un manque d’engagement car ils doivent surplomber la politique des partis, en faisant résonner la voix de l’Évangile et de la morale naturelle. Cela implique de dénoncer le mal, quitte à déplaire ! Benoît XVI a d’ailleurs défini des points non négociables sur lesquels les catholiques ne peuvent pas faire de compromis. Par exemple quand l’État français inscrit l’avortement dans la Constitution, il ne faut pas avoir peur de dire ce qui est : c’est un crime contre l’humanité. Devant un tel scandale, le silence est coupable. Outre les sujets de la vie et de la morale, évidemment importants, les évêques doivent être les défenseurs de la vraie liberté. Il est important que nous sachions élever la voix contre le totalitarisme rampant dans nos sociétés occidentales où l’État cherche de plus en plus à tout contrôler. Quand César prend la place de Dieu, le chrétien doit réagir.