Pâques, la folie de l'amour - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Pâques, la folie de l’amour

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« Noli me tangere », Fra Angelico

C’est un démenti aux prévisions les plus pessimistes : près de 18 000 jeunes adultes et adolescents vont devenir chrétiens dans la nuit de Pâques. Dans une société matérialiste et déracinée qui a perdu tous ses repères, le choix de ces nouveaux baptisés, mûri pendant deux (trop ?) longues années, transmet un message clair : plus de 2 000 après la mort et la Résurrection de Jésus-Christ, le mystère célébré à Pâques, et prolongé par le baptême, continue de fasciner, quitte à se situer résolument à contre-courant.

Certes le mouvement est encore timide face à l’ampleur de la déchristianisation – seul un enfant sur 3 est baptisé en bas âge, contre un sur deux il y a 20 ans. Et il demande à être accompagné par une formation solide, avant et après le baptême. Mais il est exponentiel, car d’une année sur l’autre, ces néophytes font tache d’huile et amènent leurs amis. Surtout, cette progression concerne aussi les autres sacrements : confirmations sur le tard, confessions en augmentation dans certaines paroisses, signe d’un enracinement certain dans la foi la plus intime, et la fréquentation de la Messe qui augmente lors des grandes fêtes religieuses – Rameaux, Cendres, Noël… Et le phénomène dépasse les frontières : en Grande-Bretagne, les catholiques de la génération Z, nés entre 1997 et 2012, sont deux fois plus nombreux que les anglicans, selon un rapport de la Bible Society…

Toutes proportions gardées, on pourrait donc se croire de nouveau au premier printemps de l’ère chrétienne, lorsque l’événement de la Résurrection s’est propagé d’abord timidement, avant de devenir un fleuve immense à travers les siècles. L’exemple de sainte Marie-Madeleine, notamment, est éloquent. Une femme, une pécheresse, devenue au lendemain de Pâques l’apôtre intrépide d’apôtres encore peu sûrs de croire à l’impensable. Au passage, il n’est pas sûr que la Résurrection soit une certitude mieux établie aujourd’hui chez tous les fidèles, même après vingt siècles…

Renouveau de la foi en France ?

Cela pourrait-il se produire également pour notre pays tout entier ? Rappelons que Marie-Madeleine – en quelque sorte le prototype de nos nouveaux baptisés – fut aussi la figure de proue de la première évangélisation de la Gaule, au premier siècle en Provence. Sans pour autant crier victoire, la désespérance n’est donc pas de mise. C’est ce que soulignait un petit livre paru en 1884, au titre évocateur : Dieu a fait la France guérissable. L’auteur, l’abbé Augustin Lémann, y affirmait que tant la Sainte Écriture que la tradition et l’histoire de France, capable de retournements spectaculaires, plaident pour cette espérance raisonnée d’un retour à la foi de notre pays, comme l’annonça le pape Pie IX : « Son éloignement temporaire était peut-être nécessaire pour faire naître dans un grand nombre de cœurs le fervent désir de Le revoir ».

Cela reste valable, au prix d’une conversion profonde, intérieure et… amoureuse ! Si sainte Marie-Madeleine a connu cette folie d’amour au point de verser un parfum rare sur les pieds du Christ, puis de devenir missionnaire à son tour, c’est qu’elle avait retrouvé au fond d’elle-même le désir du vrai, du beau et du bien. Sans doute est-ce cela, au fond, l’esprit français à retrouver.