Par une bonne grâce du calendrier, la fête de la Visitation de la Vierge Marie, le 31 mai, tombe cette année entre l’Ascension et la Pentecôte. C’est-à-dire dans cette période où les Apôtres, désormais privés de la présence physique du Christ ressuscité, sont reclus volontairement au Cénacle, pas encore emplis de la force missionnaire de l’Esprit Saint pour annoncer le salut à tous. Sans doute craignent-ils la persécution qui ne manquera pas d’arriver, à la suite de leur Maître, s’ils se montrent un peu trop audacieux…
La situation a-t-elle vraiment changé ? Depuis plusieurs semaines, des signes marquent d’évidence que la grâce divine n’abandonne pas son Église. D’abord la renaissance de Pâques, avec ses milliers de baptisés, des jeunes, qui viennent d’on ne sait où pour demander aux prêtres d’apaiser leur soif de Dieu. Puis la grâce de l’élection rapide d’un Pape qui, par ses premiers gestes, montre son souhait d’apporter au monde et à l’Église la vraie paix, celle du Christ ressuscité. Dans le ciel de France, « les étoiles » de la foi que le ministre socialiste Viviani voulait, de façon péremptoire, éteindre définitivement semblent se rallumer, à un siècle d’intervalle…
Face aux divisions et à la crainte
Mais ensuite, que voyons-nous ressurgir ? En interne, les divisions et les querelles liturgiques, alors qu’il y a tant de défis à affronter pour répondre à cette soif spirituelle considérable. Et de l’autre côté, une forme de persécution à bas bruit, médiatique et administrative, et qui concerne notamment les écoles catholiques, afin qu’elles n’aillent surtout pas parler du salut des âmes à deux millions d’enfants… Sans compter que sur le plan législatif, la perspective d’une nouvelle transgression de la loi naturelle sur la fin de vie semble marginaliser un peu plus le discours chrétien dans la société, « devant la pression d’un milieu médiatique et politique puissant et des loges qui portent ce projet depuis longtemps », a ainsi affirmé l’évêque de Chartres.
Face à ces craintes qui sont réelles, au Cénacle comme aujourd’hui, qu’a fait la Sainte Vierge, présente au milieu des disciples ? Elle leur a certainement remémoré les paroles du Christ, puisqu’elle « gardait ces événements et les méditait dans son cœur », pour redonner force à tous, elle qui était restée debout au pied de la Croix, espérant contre toute espérance.
À sa suite, tous les apôtres et éducateurs au cours des siècles ont rappelé les « merveilles » de Dieu, comme Marie l’a chanté dans son Magnificat. « Il nous faut sans cesse rafraîchir le regard que nous portons sur les choses essentielles », confirmait au XXe siècle André Charlier à ses élèves et à leurs parents. À sa façon, le grand apôtre de Rome, saint Philippe Néri, agissait-il de même en se rendant chaque nuit dans les catacombes, pour puiser au contact des martyrs la force d’annoncer, ensuite, la fraîcheur de l’Évangile à une époque en proie au doute.
En prenant possession de sa cathédrale, Saint-Jean-de-Latran, le 25 mai, le pape Léon XIV a suggéré une dernière piste, avec la manière dont les premiers chrétiens ont affronté le défi de l’ouverture au monde païen dans l’annonce de l’Évangile : par une communion qui se construit avant tout « à genoux, dans la prière, et dans un engagement continu de conversion ».