Lundi de Pâques : pourquoi François Bayrou se trompe - France Catholique
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Lundi de Pâques : pourquoi François Bayrou se trompe

Le Premier ministre envisage de supprimer deux jours fériés, le 8 mai et le lundi de Pâques qui n’aurait, selon lui, « aucune signification religieuse ». Un dangereux engrenage, prévient Véronique Jacquier.
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© Jacques Paquier / CC by

En bon catholique qu’il dit être – et l’on ne doutera pas de sa sincérité –, le Premier ministre ne peut ignorer que, contrairement à ce qu’il affirme, le lundi de Pâques a bel et bien une signification religieuse. Et pas n’importe laquelle ! Certes, ce n’est pas une fête, ni une solennité, mais un jour supplémentaire pour se réjouir de la Résurrection du Christ : un jour de grâce pour profiter de la joie que procure la victoire du Christ sur la mort. Et le premier jour de ce que l’on appelle « l’octave de Pâques », c’est-à-dire huit jours pour méditer sur la bonne nouvelle de la Résurrection. Les orthodoxes appellent cette semaine « la semaine lumineuse ».

Un peu d’histoire. Au Moyen Age, les Français chômaient durant toute l’octave de Pâques – et allaient à la messe tous les jours. En 1801, Napoléon instaure le Concordat. L’octave de Pâques n’est plus férié : seul le lundi de Pâques le demeure. François Bayrou aura bien du mal à nier la dimension religieuse de la plus grande fête chrétienne de l’année… Mais il est plus facile de supprimer une journée chômée pleine de sens pour les catholiques que de s’attaquer au 1er mai… et aux syndicats qui ne tarderont pas à riposter !

Le Premier ministre a-t-il bien mesuré les conséquences du débat qu’il vient de lancer ? Car certains voudraient aujourd’hui supprimer le 15 août – jour de l’Assomption de la Vierge Marie – plutôt que le 8 mai ! La proposition émane des « jeunes en Marche », les jeunes macronistes, et elle a été reprise par Astrid Panosyan-Bouvet, la ministre du Travail pour qui François Bayrou serait ouvert à cette proposition.

Or, le 15 août n’est pas seulement une grande fête mariale : c’est aussi l’ancienne fête nationale de la France, selon le souhait de Louis XIII. Le souverain voulait ainsi rendre hommage à la Vierge Marie, qui avait exaucé son vœu d’avoir un enfant après vingt-trois ans de mariage infertile avec Anne d’Autriche. L’enfant – le futur Louis XIV – est aussi appelé Dieudonné pour cette raison. Après cette naissance, Louis XIII a consacré le royaume de France à la Vierge Marie, et le 15 août chômé est devenue fête nationale pour se réjouir de la protection mariale sur la France. Ce jour-là, des processions sont organisées dans tout le royaume. Le 15 août fait donc parti de notre histoire nationale, qui n’a pas débuté le 14 juillet 1789.

On dira que la France vit désormais en République. Mais elle est une terre chrétienne. Une nation façonnée par la religion chrétienne. Il vaudrait mieux respecter et réenseigner le sens de ces jours fériés que les supprimer, au risque d’oublier des pans entiers de notre histoire.

François Bayrou devrait mesurer que, face aux revendications communautaristes de plus en plus nombreuses, il est précieux de préserver les fondations de notre pays. On ne lui reprochera pas, bien sûr, de vouloir réduire l’endettement du pays. Mais il vaudrait mieux s’attaquer à des réformes structurelles plutôt qu’aux racines de la France.