Comment raviver la foi en l'Eucharistie ? - France Catholique
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Pèlerinage de Chartres : la jeunesse de l'Église
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Comment raviver la foi en l’Eucharistie ?

« Source et sommet de la vie chrétienne », l’Eucharistie est un sacrement parfois délaissé. Il y a urgence à le redécouvrir, et sous toutes ses facettes, explique le Père Joël Guibert. Ce prêtre du diocèse de Nantes poursuit son exploration des fondementaux de la Tradition catholique dans un langage accessible.
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Votre livre cherche à « raviver » l’amour de l’Eucharistie, victime selon vous d’un rejet moderne. En cause, la notion de « sacrifice »…

Père Joël Guibert : Le simple fait que le terme de « sacrifice », appliqué à l’Eucharistie, mette mal à l’aise un certain nombre de nos contemporains révèle que l’Église traverse une crise. Durant les siècles qui nous ont précédés, l’Eucharistie en tant que sacrifice était une évidence. La difficulté à intégrer le mystère de la Croix dit qu’il y a quelque chose de malade dans notre société.

À quoi l’attribuez-vous ?

Je souscris à l’idée de l’écrivain américain Rod Dreher selon laquelle notre société d’hyperconsommation et de plaisir permanent porte une mentalité qui fait la chasse à la moindre souffrance, car elle ne pourrait pas être porteuse de bienfaits – ce qu’il appelle « l’esprit thérapeutique ». De ce fait, tout le mystère central de la Rédemption – c’est-à-dire de la souffrance rédemptrice de la Croix – est devenu quasiment inaudible par le monde païen et par beaucoup de chrétiens. C’est aussi pour cette raison que l’Eucharistie en tant que repas est passée devant l’Eucharistie en tant que sacrifice, ce qui est extrêmement grave.

Car la messe est tout à la fois repas et sacrifice : elle est un repas sacrificiel. Ne la réduisons pas à un « moment convivial » ! Je ne crois pas que, pour la Sainte Vierge et saint Jean, se trouver au pied de la Croix était « convivial ». L’Eucharistie est un diamant dont la multiplicité des facettes est la seule manière de le faire resplendir. N’en présenter qu’une seule facette revient à l’appauvrir terriblement. Réduire l’Eucharistie au repas et à la communion entre les gens, à une simple « rencontre », vide les églises. À l’inverse, je remarque que ce qui attire vraiment les jeunes aujourd’hui, c’est annoncer la totalité du mystère – même s’il est inépuisable – et non pas une version tronquée.

La disparition du sens du péché a-t-elle joué un rôle ?

En perdant le sens du péché, vous perdez le sens de l’Eucharistie, puisque l’Eucharistie est synonyme de rédemption. Or elle n’est pas la rédemption de n’importe quoi, mais bien du péché, c’est-à-dire de la brisure d’alliance qui a eu lieu entre Dieu et les hommes. Ainsi, nier le péché revient à vider la rédemption de son objet. Et le mystère de l’Eucharistie étant l’actualisation de la rédemption sur la Croix, vous videz donc l’Eucharistie de son mystère. Toutes ces notions de « sacrifice », « réparation », « expiation », « mérite » ont été évacuées de la prédication populaire. À force, dans l’esprit des chrétiens, le non-dit des pasteurs devient un « dit ». Si « les curés n’en parlent plus », alors ça n’est plus de mise !

« L’esprit thérapeutique » est-il là aussi à blâmer ?

Il y a un autre facteur qui peut être la politique du balancier. Le jansénisme présentait Dieu comme presque assoiffé de sang. Alors, pour gommer et rectifier cette image, nous sommes passés d’un excès à l’autre. Et comme le mot « sacrifice » évoque le sang, on a jeté le bébé avec l’eau du bain. Cela est symptomatique de la tentation actuelle de l’Église qui n’est pas, contrairement à ce que l’on répète, le cléricalisme, mais la mondanité : présenter un Christ vendable, c’est-à-dire « acceptable » par notre monde actuel. Il est évident que la notion de « Saint Sacrifice de la messe » fait violence à cette mentalité mondaine. Nous, catholiques, étant dans le monde, nous devons prendre garde à ne pas nous laisser gagner par cette mondanité, comme le répète souvent le pape François.

Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.