« L’espérance chrétienne est le berceau de la résilience » - France Catholique
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« Les contemplatifs portent le monde »
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« L’espérance chrétienne est le berceau de la résilience »

Il a connu l’enfer de la drogue. Puis a rencontré le Christ. Laurent Gay appelle à ne jamais perdre l’espérance.
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Laurent Gay © Artège

Après des années passées dans l’enfer de la drogue, vous vous êtes converti. Qu’est-ce qui a sauvé votre vie ?

Laurent Gay : J’ai été baptisé par tradition. Enfant, on ne m’avait pas enseigné l’amour de Dieu. C’est en prison que ma vie fut sauvée. Je pense que la grâce de mon baptême m’a permis de crier vers Dieu au moment où je voulais en finir avec la vie. Paradoxe : je n’étais pas croyant, mais j’avais peur d’aller en enfer… Un jour, j’ai donc décidé de m’adresser à Dieu pour le supplier de m’accueillir en son paradis. Et pourtant, je ne le méritais pas. Je me suis mis alors à pleurer toutes les larmes de mon corps, dans ma cellule, pendant que mes codétenus dormaient. À ce moment-là, j’ai vu, comme en songe éveillé, un visage dans l’ombre. Deux mots étaient gravés : « confiance et espérance ». Quelques années plus tard, à ma libération, je suis tombé sur une icône représentant le même visage. C’était la Sainte Face du Christ, le Saint-Suaire. Les deux mots, « confiance et espérance », ne m’ont jamais lâché.

Vous considérez-vous comme un miraculé ?

Oui. J’ai passé presque vingt ans enfermé dans l’enfer de la drogue. Je sais à quel point c’est difficile d’en sortir et de rebondir. Ce fut mon plus gros combat, et en sortir ma plus grande victoire. Après cette rencontre personnelle avec le visage de l’Amour, j’ai commencé un long chemin de rédemption. J’ai passé plusieurs années à l’hôpital, puis en soins palliatifs. J’ai rencontré un homme, catholique, qui est devenu un ami. Il a su me convaincre qu’il y avait quelque chose de bon en moi. Et je l’ai cru. Il n’y a pas de fatalité. Si, aujourd’hui, je fais ce que je fais, c’est grâce aux personnes bienveillantes qui m’ont aidé, et grâce à la prière, qui m’a sauvé.

Dans vos ouvrages, vous vous adressez surtout aux jeunes. Pour quelle raison ?

Je suis convaincu que tout se joue à l’adolescence, et même avant. En tant que conférencier, je côtoie les adolescents depuis des années. Dans mon dernier ouvrage, je donne des défis concrets. Je propose également une approche spirituelle, agrémentée de témoignages de saints, d’épisodes bibliques, mais aussi d’histoires plus récentes. Ces exemples aident les jeunes à bâtir leur personnalité, leur confiance en eux, leur estime de soi. J’ai fondé une association, Aidons-les à grandir. L’objectif : accompagner, former et transformer les jeunes, en aidant aussi les parents. Don Bosco disait : « Sans affection, pas de confiance. Et sans confiance, pas d’éducation. » Je travaille beaucoup à l’école du saint de Turin.

Vous consacrez un chapitre à la vérité. Pourquoi pensez-vous qu’elle peut rendre libre ?

Je fais bien sûr référence au verset de l’Évangile : « La vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32). La confusion dans laquelle s’enfoncent les jeunes — et les moins jeunes — aujourd’hui conduit au mensonge. Et ce mensonge nous enferme dans une spirale qui nous empêche de distinguer le bien du mal. Chercher la vérité, c’est chercher une cohérence de vie, c’est chercher à être vraiment libre. La vérité me semble un garde-fou pour notre liberté.

Si vous deviez retenir une grande leçon de votre expérience, laquelle serait-ce ?

Il ne faut jamais retirer à quelqu’un le droit d’être meilleur ! L’espérance chrétienne est le berceau de la résilience. C’est la parole de Dieu. C’est souvent un long combat, mais la vie le remporte.

Plus d’informations : aidonslesagrandir.com

Laurent Gay témoignera à Notre-Dame-des-Champs (Paris VIe) le mercredi 8 octobre, à 20 h 30.

Espère ! Laurent Gay, Artège, 2025, 200 pages, 16,90 €.

Vaincre nos addictions, Laurent Gay, Éditions des Béatitudes, 2025, 136 pages, 9,90 €.