Pourquoi Jésus a-t-il guéri un malade le jour du sabbat ? - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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Pourquoi Jésus a-t-il guéri un malade le jour du sabbat ?

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La femme courbée en deux depuis dix-huit ans, James Tissot, v. 1886-1896 [musée de Brooklyn]

Jésus a effectué de nombreuses guérisons le jour du sabbat. Ce faisant, il a provoqué la consternation et la condamnation chez les Pharisiens, car on ne devait effectuer aucun travail le jour du sabbat. Un jour, alors qu’il enseignait dans une synagogue le jour du sabbat, Jésus a guéri une femme qui était pliée en deux depuis dix-huit ans. Sur ce, « le responsable de la synagogue, indigné parce que Jésus avait guéri le jour du sabbat, dit aux gens : il y a six jours pendant lesquels on peut travailler ; venez vous faire guérir ces jours-là et non le jour du sabbat » (Luc 13:10-14).

Le responsable de la synagogue a raison. Il y a six autres jours pendant lesquels Jésus pourrait guérir les gens, et donc les gens pourraient venir ces jours-là se faire guérir, et non le jour du sabbat – et ainsi ils garderaient le caractère sacré du repos sabbatique. Après tout, en formulant les Dix Commandements, Dieu a rappelé à Moïse : « souvenez-vous du jour du sabbat pour le garder saint. Vous travaillerez durant six jours et ferez tout votre ouvrage ; mais le septième jour est un sabbat pour le Seigneur votre Dieu ».

Respecter le repos sabbatique, c’est suivre le propre exemple de Dieu. En six jours, Dieu a créé tout ce qui est venu à l’existence, dans le ciel et sur la terre « et il s’est reposé le septième jour ; par conséquent, le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié » (Exode 8-11). S’il en est ainsi, pourquoi Jésus guérit-il le jour du sabbat ?

De toute évidence, Jésus savait exactement pourquoi il le faisait – et pourquoi, ce faisant, il ne transgressait pas le Troisième Commandement, même s’il semblait le faire. Pour discerner la pleine signification des guérisons effectuées par Jésus le jour du sabbat, deux points préliminaires doivent être gardés à l’esprit.

Tout d’abord, le livre de la Genèse stipule que, ayant achevé son œuvre de création, « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, c’était très bon » (Genèse 1:31). Deuxièmement, parce que Adam et Eve ont péché, la création de Dieu est maintenant défigurée par le péché et contaminée par la mort. Sous cet aspect, elle n’est plus « très bonne ».

Qu’allait faire Dieu ? Allait-il permettre au péché et à la mort d’avoir le dernier mot ? Ce ne serait plus le Dieu très bon. Dieu devait faire quelque chose. Il devait sortir de son repos du sabbat et intervenir.

Ce faisant, il commence Son nouveau travail – un travail de re-création. Toute l’histoire de l’Ancien Testament est le récit des préliminaires de Dieu pour la re-création de Sa création gâchée, et tout particulièrement la guérison et la re-création de l’humanité déchue et soumise à la mort.

Tout comme Dieu a premièrement créé toutes choses bonnes par sa Parole, de même il recrée toutes choses bonnes par sa Parole incarnée. Jésus, Fils incarné rempli de l’Esprit du Père, met en œuvre le travail de re-création du Père. Jésus est l’ultime manifestation que le Père ne prend plus Son repos sabbatique, car c’est à travers Lui que le Père fait toutes choses nouvelles.

Les guérisons que Jésus effectue le jour du sabbat sont le signe du travail de re-création que le Père Lui a confié. Il surmonte les effets du péché, de la maladie et de la mort. De ce fait, les guérisons de Jésus préfigurent prophétiquement la guérison finale du péché et de la mort.

Sur la Croix, Jésus s’offre Lui-même avec amour comme le sacrifice parfait au Père, accomplissant ainsi le pardon du péché. Le Père était si heureux qu’Il a glorieusement ressucité Jésus, Son Fils bien-aimé, de la mort.

Le Vendredi-Saint, Jésus met à mort la création ancienne défigurée par le péché. Ayant achevé ce travail, il prend Son repos sabbatique le samedi. Le dimanche, par la puissance de l’Esprit-Saint, le Père le relève glorieusement de la mort et obtient ainsi Son repos sabbatique éternel.

Jésus ressuscité incarne littéralement la création nouvelle. Il est la création nouvelle, préfigurée et signifiée par Ses guérisons effectuées le jour du sabbat. En outre, à la Pentecôte, le Seigneur Jésus ressuscité répand l’Esprit-Saint sur les Apôtres et donne ainsi naissance à l’Eglise, qui baptise dans l’Esprit-Saint.

Par le baptême, nous mourons avec le Christ. Notre nature défigurée par le péché, que nous héritons d’Adam, est mise à mort et ressuscite comme une création nouvelle dans le Christ, partageant son humanité ressuscitée et glorifiée par la réception de l’Esprit-Saint.

Comme le déclare Saint Paul : « donc si quelqu’un est en Christ, il est une créature nouvelle ; la créature ancienne a disparu, la nouvelle est venue » (2 Corinthiens 5:17). Le baptême est alors le miracle du jour du sabbat par lequel les chrétiens sont guéris du péché et de la mort et recréés à la ressemblance du Christ.

De façon significative, le baptême est administré durant la Vigile Pascale et les dimanches, qui sont tous des jours de sabbat. En outre, par le baptême, les chrétiens entre dans le repos sabbatique de Dieu, car ils partagent le repos éternel de Jésus ressuscité.

L’auteur de la Lettre aux Hébreux est conscient de ce nouveau repos permanent. Il déclare que, en raison de leur rebellion et refus de croire, les Juifs ont échoué à entre dans le repos de Dieu, c’est à dire la terre de la promesse. Même ceux que Josué a conduits dans la terre promise n’ont pas goûté la plénitude du repos sabbatique, car Dieu a parlé d’une repos sabbatique ultérieur « pour le peuple de Dieu ». « Donc, efforçons-nous d’entrer dans ce repos » (Hébreux 4:9-11). Le repos ultérieur dont il est question est le repos sabbatique céleste où l’on partage pleinement le repos sabbatique éternel de Jésus.

Bien que les chrétiens entrent dans le repos sabbatique de Jésus par le baptême, les catholiques y entrent plus pleinement par l’Eucharistie, car ils partagent le corps et le sang ressuscités de Jésus et de ce fait demeurent avec Jésus. L’Eucharistie est une anticipation terrestre, un avant-goût terrestre, de la cohabitation éternelle avec Jésus ressuscité et donc du partage de Son repos sabbatique éternel.

Dans une de ses visions, Jean déclare : « j’ai entendu une voix venue du ciel déclarant : écris ceci : bénis sont les morts qui à partir de maintenant sont morts dans le Seigneur. Bénis en vérité, dit l’Esprit, car ils peuvent se reposer de leur labeur puisque leurs œuvres les suivent » (Apocalypse 14:13).

Les œuvres sabbatiques que les chrétiens font dans le Christ sur la terre méritent le repos sabbatique éternel dans le Christ au Ciel.

P. Thomas G. Weinandy, traduit par Bernadette Cosyn

Source : https://www.thecatholicthing.org/2024/02/04/healing-and-the-sabbath/