Les évêques de France face à l'avortement : « Dieu se fera le juge exigeant » - France Catholique
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Les évêques de France face à l’avortement : « Dieu se fera le juge exigeant »

Quelques évêques se sont insurgés contre la constitutionnalisation de l’avortement avant la tenue du vote au Congrès, le 4 mars.
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Mgrs. de Germay, Wintzer, Aupetit, Rey, Touvet, Roland, Aillet et Rougé font partie des évêques à avoir personnellement condamné le vote des sénateurs.

«Nous sommes tous concernés par la question de l’IVG. Mais le débat est-il encore possible ? Il devient difficile aujourd’hui de s’exprimer sur ce sujet sans prendre le risque de devenir une cible médiatique. Beaucoup de personnalités ont d’ailleurs déserté le débat. Que deviendra ce dernier si la loi venait à être adoptée ? La liberté d’expression sera-t-elle garantie ? Et la liberté de conscience ? » Ce constat et ces interrogations inquiètes sont de Mgr Olivier de Germay : l’archevêque de Lyon est l’un des premiers – avec Mgr Pascal Wintzer, de Poitiers – à avoir eu le courage de s’exprimer publiquement sur l’avortement avant que le Sénat n’examine le projet de loi visant à inscrire dans la Constitution la « liberté » d’avorter. Un projet qui confine, selon lui, au « déni de démocratie » puisqu’il pourrait bien interdire définitivement aux défenseurs de la vie de s’exprimer. On a vu la semaine dernière, à l’occasion des critiques adressées à l’émission « En Quête d’Esprit », sur CNews, combien il est d’ores et déjà périlleux de faire entendre un point de vue divergent.

« La France a touché le fond »

Depuis, d’autres évêques ont osé prendre la parole, parfois vigoureusement. Ainsi Mgr Michel Aupetit, sur le réseau social X (ex-Twitter) : « Avortement dans la Constitution […]. La France a touché le fond. Elle est devenue un État totalitaire. » Ou Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, dénonçant « une dérive eugéniste, une déshumanisation qui met en cause les bases même de notre société. » Même colère de la part de Mgr François Touvet, évêque coadjuteur du diocèse : « Il est où, le “il faut sauver des vies”, refrain officiel pendant le Covid ? Quelle tristesse de voir tous ces retourneurs et retourneuses de veste qui naviguent à vue, sans conviction, selon les vents électoraux et les portefeuilles ministériels ! » Mgr Pascal Roland (Belley-Ars), n’est pas moins direct : « En transgressant l’interdit du meurtre pour en faire un droit fondamental, on est véritablement tombé sur la tête. La rupture avec un interdit majeur, fondateur de la civilisation, constitue une régression qui ouvre la porte à toutes sortes de violences, car elle met en question le respect inaliénable de toute vie humaine et la solidarité indispensable à toute vie sociale. » Quant à Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, il rappelle cet extrait de l’encyclique Evangelium vitæ : « Dieu se fera le juge exigeant de toute violation du commandement ‘tu ne tueras pas’, placé à la base de toute la convivialité de la société. »

Le choix de l’espérance

« Tout semble aller dans le même sens : No Future ! écrit Mgr Pascal Wintzer. L’élan vital a déserté notre époque, singulièrement les Français. […] La mort semble plus protégée que la vie n’est encouragée » (La Croix, 28 février). « Une société qui constitutionnalise la culture de mort, qu’elle en ait conscience ou non, se fragilise elle-même en profondeur », prévient Mgr Matthieu Rougé.

Mais baisser les bras n’est pas une option. « Le seul choix possible est celui de l’espérance et de l’engagement qu’elle encourage », résume Mgr Wintzer, citant Bernanos : « L’espérance est une vertu, virtus, une détermination héroïque de l’âme – la plus haute forme de l’espérance. » Et Mgr Rougé d’ajouter en écho : « Notre espérance et notre engagement, notre certitude, c’est que le respect aimant de la vie, en paroles et en actes, lui, ne se ringardisera jamais ! »

En Allemagne, le nombre d’avortements est passé de 134 600 en 2000 à moins de 100 000 en 2021. En Italie, il a été réduit de moitié : de 135 133 à 66 413. Encore faut-il se décider à mettre en œuvre une politique de prévention et d’aide aux femmes et aux couples. Une politique d’accueil de la vie.