L’augmentation du nombre d’adultes baptisés est une joie immense, mais aussi une gageure pour les paroisses qui doivent s’adapter à cet afflux. Ce regain de conversions a entraîné une hausse de 31 % du nombre d’accompagnateurs par rapport à 2024. Parmi eux, près de 10 000 laïcs.
« Partager sa foi »
Marie-José, retraitée, accompagne des catéchumènes dans sa paroisse des Hauts-de-Seine depuis presque dix ans. « Il faut arriver à convaincre les chrétiens que partager sa foi est une chose magnifique », dit-elle. La formation qu’elle dispense s’ajoute à celle que le curé de sa paroisse donne aux futurs baptisés.
Yamina, 28 ans, se prépare au baptême avec son fiancé. Elle est juriste. « Dans notre paroisse de Boulogne, nous écoutons l’enseignement du prêtre et nous méditons chaque mois, avec les autres catéchumènes, sur un passage de l’Évangile. Et mon accompagnatrice se montre très disponible, tout comme le prêtre. Je suis très chanceuse ! »
De son côté, Thibault sera baptisé à Pâques 2026. Cet ingénieur de 36 ans voulait « consolider les fondamentaux de la foi, la vie de prière, la vie en paroisse, la messe ». Ses attentes ont été comblées. Lauryne, étudiante de 23 ans baptisée en 2022, se montre, elle aussi, très enthousiaste : « J’attendais des savoirs théoriques, je suis heureuse de les avoir reçus ! »
Le sentiment d’appartenance à une grande famille fait partie du parcours du catéchumène. « Nul ne pêche seul, nul n’est sauvé seul », écrit Benoît XVI dans Spe salvi. « Cheminer grâce à des personnes qui croient en la même chose que moi, me soutiennent et sont pleines d’espoir m’a fait beaucoup de bien », témoigne Lauryne.
« Comment prier chaque jour ? »
« Acquérir » les fondamentaux de la foi promet une vie de chrétien engagée et solide. Mais cela ne suffit pas. Guillaume a été baptisé à Pâques 2023, à Paris : « Nous avons reçu une formation très complète, à raison d’une bonne heure de catéchisme par semaine. Du point de vue doctrinal, j’ai donc été bien formé. Mais il m’a manqué le côté pratique : comment prier tous les jours ? comment se tenir à la messe ? » Finalement, comment appliquer la foi concrètement ? L’équilibre entre la formation théorique et l’apprentissage des gestes quotidiens bâtit le chemin de la sainteté.
« Il ne faut pas nous lâcher »
« Le catéchuménat est un cheminement de foi qui ne s’achève pas avec le baptême, mais il se poursuit tout au long de la vie », a dit le pape Léon XIV aux catéchumènes français en juillet dernier. « Les accompagnateurs m’avaient prévenue que cela ne serait pas facile… », témoigne Lauryne. Dans une société déchristianisée, les mises à l’épreuve sont constantes. La foi doit continuer à être nourrie. « Parfois, les néophytes sont un peu perdus, constate Guillaume. Quel est le prochain but, après le baptême ? Ils ont de grandes attentes et peuvent être déçus. Il faut leur conseiller de s’inscrire dans les activités de la paroisse : au service de messe, dans des aumôneries… Tout ne s’arrête pas du jour au lendemain. Il faut leur dire que le but de leur vie désormais est la sainteté. »
Les parcours personnels sont très divers, différents aussi des expériences des catholiques « de naissance », qui pratiquent depuis l’enfance. « Leur foi ne doit pas se comparer à eux, mais s’ajouter », témoigne Guillaume.
Comment tenir ? Par la prière quotidienne, la messe dominicale, l’intercession des saints. Lauryne l’affirme : « Les jeunes doivent se sentir intégrés dans les paroisses et la vie de l’Église. Il ne faut pas nous lâcher. C’est après mon baptême que j’en ai vraiment saisi l’importance. »
Le 25 janvier 2026, les diocèses d’Île-de-France lanceront une consultation sur l’accueil des néophytes dans les paroisses. Elle servira de support à un concile provincial qui s’achèvera à l’été 2027.
P. L.





