L'Église et l'euthanasie, un interdit non négociable - France Catholique
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Euthanasie : la fuite en avant
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L’Église et l’euthanasie, un interdit non négociable

L’Église est catégorique : il n’est pas permis d’avoir recours à l’euthanasie, ni au suicide assisté.
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La vie a une valeur suprême aux yeux de Dieu. © Tamara-Govedarovic / unsplash

«Nous ne pouvons pas construire une société juste si nous nous débarrassons des plus faibles, qu’il s’agisse de l’enfant dans le ventre de sa mère ou de la personne âgée dans sa fragilité, car ils sont tous deux des dons de Dieu. » Lorsque le cardinal Robert Francis Prevost, aujourd’hui Léon XIV, prononce cette condamnation, en 2023, il s’inscrit dans la droite ligne des successeurs de Pierre et de l’enseignement de l’Église : si donner la mort n’est pas acceptable, c’est parce que la vie a une valeur suprême aux yeux de Dieu.

Un meurtre selon le Catéchisme

Le Catéchisme de l’Église catholique est ainsi sans appel : « L’euthanasie volontaire, quels qu’en soient les formes et les motifs, constitue un meurtre. » « Moralement irrecevable », l’euthanasie est « gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect du Dieu vivant, son Créateur ». Une gravité telle que, même relevant de « l’erreur de jugement dans laquelle on peut être tombé de bonne foi », l’euthanasie reste un « acte meurtrier, toujours à proscrire et à exclure ». On doit à Jean-Paul II les charges parmi les plus sévères contre l’euthanasie dans son encyclique Evangelium vitae, qui dénonce une véritable « conjuration contre la vie » – dont les médias sont jugés « complices ». « On doit dire de l’euthanasie qu’elle est une fausse pitié, et plus encore une inquiétante “perversion”de la pitié », écrivait le Pape polonais. « En effet, la vraie “compassion” rend solidaire de la souffrance d’autrui, mais elle ne supprime pas celui dont on ne peut supporter la souffrance. »

L’Église s’est aussi penchée sur certains cas particuliers pouvant poser, pour les médecins et les familles, des cas de conscience : est-il par exemple licite d’utiliser des médicaments pour calmer les douleurs si cela comporte le risque d’abréger la vie ? Oui, répond le Catéchisme, dès lors que « la mort n’est pas voulue, ni comme fin ni comme moyen, mais seulement prévue et tolérée comme inévitable ». Autre question lancinante : jusqu’où doit-on maintenir en vie ? Pie XII y avait répondu dès 1957, dans une explication confirmée par la Congrégation pour la Doctrine de la foi en 1980, dans sa Déclaration sur l’euthanasie : « Dans l’imminence d’une mort inévitable malgré les moyens employés, il est permis en conscience de prendre la décision de renoncer à des traitements qui ne procureraient qu’un sursis précaire et pénible, sans interrompre pourtant les soins normaux dus au malade en pareil cas. » Dans cette optique, les soins palliatifs, qui constituent « une forme privilégiée de la charité désintéressée », doivent être « encouragés ».

La question du suicide

Jean-Paul II relevait que l’euthanasie comportait, « suivant les circonstances, la malice propre au suicide ou à l’homicide ». La question du suicide assisté ne saurait en effet être évacuée, tant elle revêt une gravité particulière. Durant des siècles, l’Église refusait ainsi les obsèques religieuses à ceux qui s’étaient ôté la vie. Dans son Catéchisme, elle rappelle toutefois que « des troubles psychiques graves, l’angoisse ou la crainte grave de l’épreuve, de la souffrance ou de la torture peuvent diminuer la responsabilité du suicidaire ». Surtout, qu’il ne faut « pas désespérer du salut éternel des personnes qui se sont donné la mort ». Phrase toute en nuances qui, laissant sauve l’espérance, souligne pour autant l’extrême gravité de l’acte que pourrait démocratiser la loi sur la fin de vie si elle était votée.