Le génocide des Assyro-Chaldéens enfin reconnu ? - France Catholique
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Le génocide des Assyro-Chaldéens enfin reconnu ?

Descendant des chrétiens évangélisés par saint Thomas, les Assyro-Chaldéens, comme les Arméniens, ont été victimes des massacres perpétrés par les Ottomans.
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Réfugiés assyriens sur les rives du lac d’Ourmia, 1915.

Le 29 avril, l’Assemblée nationale examinera une proposition de résolution, initiée par les sénateurs LR Bruno Retailleau et Valérie Boyer, invitant le gouvernement à reconnaître comme génocide l’extermination de masse des Assyro-Chaldéens par les Ottomans. La commémoration annuelle de ce génocide aurait lieu le 24 avril, en référence au 24 avril 1915 qui marqua le début des massacres.
Si le génocide arménien – 1,2 million de morts – est bien connu, du fait de sa reconnaissance officielle par le Parlement français en 2001, celui des Assyro-Chaldéens reste encore dans les limbes de l’histoire. Pourtant, entre 250 000 et 350 000 Assyro-Chaldéens – soit plus de la moitié de la population de l’époque – ont péri, du fait des déportations et exterminations commises par les troupes nationalistes turques et kurdes en Anatolie orientale et en Perse ottomane, entre 1915 et 1918.

Deux lazaristes suppliciés

À l’époque, les Ottomans considèrent les Assyro-Chaldéens comme de potentiels traîtres, en raison de leur proximité religieuse et culturelle avec l’Empire russe en guerre contre la Turquie. Mais aussi du fait des liens tissés avec la France, qui remontent aux Capitulations signées entre François Ier et Soliman le Magnifique en 1535, plaçant les minorités chrétiennes de l’Empire ottoman sous la protection du roi de France. D’ailleurs, parmi les victimes de ce génocide, figurent deux lazaristes français pour qui une cause de béatification a été ouverte à Paris en 2021 : Mgr Jacques-Émile Sontag, archevêque d’Ispahan et le Père Mathurin L’Hotellier.

La langue du Christ

Les Assyro-Chaldéens  sont des chrétiens évangélisés en Mésopotamie par saint Thomas et ses disciples et qui conservent l’araméen, la langue parlée par le Christ. Ils se répartissent aujourd’hui en trois patriarcats : les Chaldéens – 800 000 fidèles unis au Saint-Siège – et les Assyriens – 500 000 fidèles non reliés à Rome –, eux-mêmes divisés en deux Églises : l’Église apostolique assyrienne et l’Ancienne Église de l’Orient, dissidente de la précédente. Elles forment ensemble l’Église des deux conciles, car elles reconnaissent les deux premiers conciles œcuméniques – Nicée en 325 et Constantinople en 380 – mais pas le troisième – Éphèse en 431 – qui condamna le nestorianisme.

Quelques familles assyro-chaldéennes sont arrivées en France à l’issue de la Première Guerre mondiale, mais c’est dans les années 1970 qu’ils émigrent véritablement, victimes du conflit entre Kurdes et Turcs. Ils représentent environ 35 000 fidèles en France, notamment à Sarcelles, dans le Val-d’Oise, où ils sont bien implantés.

Négationnisme turc

Faut-il craindre une surenchère mémorielle qui verrait chaque communauté revendiquer tour à tour la reconnaissance de son génocide ? Après les génocides arménien et assyro-chaldéen, figure aussi celui des Grecs pontiques, victimes d’exterminations de masse par le gouvernement Jeune-Turc à la même époque et dans les mêmes circonstances. Mais, à la différence des autres « lois mémorielles » qui comportent un dispositif pénal contraignant pouvant conduire devant les tribunaux toute personne n’ayant pas la même vision de l’histoire (loi Gayssot, loi Taubira…), cette résolution est simplement déclarative. Sa portée est donc politique, et vise principalement le gouvernement turc actuel qui persiste à nier les faits. C’est donc une bonne nouvelle.