L'avortement, le Massacre des innocents des temps modernes - France Catholique
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L’avortement, le Massacre des innocents des temps modernes

Pour justifier l’avortement, la Modernité ne cesse de tricher. Avec le Bien, avec le Vrai. Elle a érigé le mensonge en système pour asservir nos consciences.
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Le Sénat doit bientôt se prononcer sur l'inscription de l'avortement dans la Constitution.

© Sénat

L’obstination avec laquelle les puissances qui nous dirigent veulent inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution a quelque chose de fascinant. On ressent devant ce spectacle un sentiment qui n’est pas sans rapport avec l’effroi sacré dont parlait Joseph de Maistre quand il observait le déchaînement de la Révolution. Il y a dans ce geste – inscrire le massacre des innocents dans la loi fondamentale – une espèce de perfection qui laisse penser que les hommes qui s’apprêtent à le commettre sont guidés par des forces surhumaines. Ils accomplissent un forfait qui les dépasse, une œuvre funeste qui les met au rang des rois idolâtres et des empereurs qui souillèrent le Temple de Salomon.

Le culte de la liberté est en train d’aboutir en Occident à l’écriture de nouvelles tables de la loi, qui sont la négation des Dix Commandements. C’est tout l’enjeu de la constitutionnalisation : faire en sorte que l’avortement soit irréformable, que le droit de le pratiquer soit considéré comme un droit naturel, antérieur et supérieur à toute décision humaine, hors d’atteinte du législateur. Évidemment, c’est une fiction, puisque la Constitution n’est qu’un texte rédigé par les hommes. Mais telle est l’intention.

Profanation du Vrai

Ce faisant, ce n’est pas seulement le Décalogue qui est foulé aux pieds, ce sont aussi les lois élémentaires de la pensée, à commencer par le principe de non-contradiction. La Modernité déchaînée ne profane pas seulement le Bien, ne défigure pas seulement le Beau, elle outrage aussi le Vrai. Elle nous force à vivre dans un monde où le principe de non-contradiction est aboli.

Je m’explique. L’actuel projet de loi prévoit d’ajouter un alinéa à l’article 34 de la Constitution qui traite du domaine de la loi. On sait moins que, dans la proposition de loi initiale émanant des députés, il était prévu d’ajouter cet alinéa à l’article 66, qui traite du pouvoir judiciaire, juste après l’alinéa qui interdit… la peine de mort. Le gouvernement a voulu éviter ce petit chef-d’œuvre d’humour noir. Il n’empêche que les deux articles seront bien présents dans les Tables de la Loi de la République, le premier interdisant de tuer les criminels, le second autorisant à tuer les innocents.

Faire taire la conscience

Pour tenir sans trembler cette monstrueuse contradiction, l’esprit du temps est contraint de recourir au mensonge. D’abord, on n’appelle pas les choses par leur nom, on les euphémise croyant qu’en changeant le mot, on change la chose : l’avortement est ainsi renommé interruption volontaire de grossesse, elle-même remplacée par IVG. Jargon technoïde, sur le modèle des noms de code totalitaires. Quant aux poignées de petites grands-mères à chapelet qui s’agenouillent devant le Planning familial, elles sont vilipendées sous le nom de « commandos anti-IVG ».

Ensuite, on cache le réel. Le fait de montrer ce qu’est un avortement – broyage ou démembrement d’un être humain vivant – est interdit et traité comme une entrave à la liberté. Preuve que l’esprit du temps est conscient de sa propre malice : il sait que le simple fait de voir ce que l’on fait quand on avorte a pour effet de révulser tout être humain normalement constitué. La voix de la conscience est trop forte. Il faut la faire taire.

Enfin, l’idéologie s’attache à mentir sur la nature de l’embryon pour le ravaler au rang de chose. Elle multiplie les arguments, contradictoires entre eux. Le premier est que l’avortement relève du droit des femmes à disposer de leur corps. Or l’embryon n’est pas une partie du corps de la femme mais un être logé dans le ventre de la femme, qui vit de sa vie propre et aspire de toutes ses forces à prendre un jour son indépendance.

L’embryon, une individualité vivante

On passe alors au deuxième argument : certes, l’embryon n’est pas une partie de la femme, mais ce n’est qu’un « amas de cellules ». Il n’y a donc pas de mal à s’en débarrasser. Là aussi, c’est faux. L’embryon, dès sa conception, est un être individuel de l’espèce humaine : il est doté d’un ADN complet, distinct du père et de la mère, et d’une individualité vivante dynamique, qui se développe très vite. À 4 semaines, son cœur bat ; à 6 semaines il gigote ; à 10 semaines il a des bras, des mains, des pieds ; à 12 semaines, il suce son pouce. Il s’agit bien d’un être humain. Petit, faible, sans défense, mais indéniablement humain, qui aspire de toutes ses forces à la vie au grand air.

Arbitraire juridique

On passe alors au troisième argument : certes, l’embryon est un individu de l’espèce humaine, mais ce n’est pas une personne. Or, dira l’idéologue, seules les personnes sont objets de respect inconditionnel. Ô sophisme ! Cet argument nous fait entrer dans l’arbitraire le plus complet : voici qu’être humain n’est plus suffisant pour avoir le droit de ne pas être tué ; il faut être doté de caractéristiques dont le théoricien libéral dressera la liste selon son bon plaisir. Pour être une personne, il faut avoir le cerveau d’une certaine taille, ou être sujet à la douleur corticale, ou être doté d’une conscience réflexive, ou faire l’objet d’un projet parental… Il est évident qu’avec de tels critères, totalement flottants, on peut justifier n’importe quoi, à commencer par l’avortement post-natal, c’est-à-dire l’infanticide. Après tout, un bébé naissant n’est pas un sujet doté de conscience réflexive, mais une sorte d’animal incapable de penser. La vérité est que tout individu humain est une personne, même si elle n’est pas encore capable d’agir comme une personne pleinement développée. C’est donc l’avortement qui est un infanticide prénatal.

« Le père du mensonge »

Ce ramassis d’arguties contradictoires n’a qu’un but : mentir pour pouvoir tuer. On comprend alors les paroles mystérieuses du Christ dans l’Évangile : « Vous autres, vous avez le diable pour père, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir. Il était homicide dès le commencement, et il ne s’est pas maintenu dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité chez lui. Quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu’il est menteur et père du mensonge » (Jean 8, 44-47).