« Il faut retrouver le sens de l’intériorité » - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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« Il faut retrouver le sens de l’intériorité »

Directrice-adjointe de la rédaction du Figaro, Laurence de Charette a rencontré Dieu sans le chercher. Elle en fait le récit dans son livre, À la grâce de Dieu, avec une joie communicative.
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« Je regardais et ressentais Dieu désormais comme une personne, pour la première fois de ma vie, je me suis sentie accompagnée. »

© Wiltamayo / cathopic

Votre livre raconte comment la foi s’est imposée à vous à l’occasion d’un deuil. Parleriez-vous d’une conversion ?

Laurence de Charette : Sans doute car je n’étais pas catholique pratiquante. La question de Dieu existait mais pas celle d’être catholique. Mes parents ont grandi dans une société où la culture chrétienne allait de soi, mais ce n’est pas le cas de ma génération. J’avais donc classé Dieu dans la catégorie des croyances obsolètes, mais j’avais des conversations d’âme à âme avec Cédric, un ami cher, un ami d’enfance, le parrain de ma fille. Nous partagions des discussions profondes qui pouvaient aborder l’invisible, mais tournaient peu autour de la religion. Cédric partageait volontiers ses valeurs, par exemple, en racontant les maraudes qu’il effectuait le soir dans les rues auprès des sans-abri. Quand il est mort, la conversation a continué au cimetière. Je me suis assise sur sa pierre tombale et j’ai entendu : « Il ne faut pas croire aux choses, il faut Croire, avec un grand C. Crois de toutes tes forces ! » Quand je me suis relevée, une barre verticale est venue s’installer à l’intérieur de ma poitrine. Elle me faisait l’effet du mât d’un bateau. Je me suis arrimée à quelque chose qui était comme une vérité intangible. Sans cette barre, désormais, ma vie n’avait plus de sens. C’est ainsi que la foi est entrée en moi et ce fut un dévoilement. Je l’ai reçue comme un cadeau incommensurable, qui grandit encore quand on le partage.

Vous dites dans votre ouvrage que vous avez découvert Dieu « comme une personne ». C’est-à-dire ?

Cette découverte n’était pas du tout une évidence en sortant du cimetière. Je l’ai expérimentée en faisant une retraite qui propose les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola à Notre-Dame-du- Cénacle, à Versailles. Dans la chambre toute simple qui m’attendait, j’ai découvert la Bible et je me suis plongée dedans. J’ai alors compris qu’elle était un dialogue avec Dieu qui me parlait personnellement. Les psaumes du roi David, en particulier, ont été un magnifique lieu de discussion avec Dieu, notamment le psaume 22 qui me semblait résumer parfaitement ma vie où le Seigneur, tel un berger, m’avait conduite à marcher à travers « les herbes fraîches » et « vers les eaux tranquilles ». Il disait quelque chose de la liberté qui m’avait été rendue et de la joie d’avoir découvert une voix intérieure. Je garde un souvenir très fort de cette retraite car j’étais dans un univers que je ne connaissais pas et tout me parlait. Lorsque je suis ensuite rentrée chez moi, une autre façon de voir la vie s’est imprimée, comme si bien d’autres aspects du tableau que je me faisais de la vie m’apparaissaient. Dans la Bible, saint Paul, devenu aveugle durant trois jours après avoir été ébloui par le Christ sur le chemin de Damas, change complètement de regard et de direction ; il m’a semblé – à ma toute petite mesure – changer de vision, et parce que je regardais et ressentais Dieu désormais comme une personne, pour la première fois de ma vie, je me suis sentie accompagnée.

Retrouvez l’article complet dans le magazine.

À la grâce de Dieu, Laurence de Charette, éd. Le Laurier, 2023, 138 pages, 14 €.