Fin de vie : l’ultime instant de vérité - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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Fin de vie : l’ultime instant de vérité

Malgré la douleur et l’angoisse, les derniers instants peuvent être l’occasion d’un retour à Dieu que la proposition de loi sur la fin de vie risque d’empêcher.
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Sainte Véronique essuyant la face de Jésus tombé à terre, 1906, Auguste Carli, cathédrale Sainte-Marie-Majeure, Marseille.

© Djedj / pixabay

Si la théologie catholique a toujours enseigné que du mal peut surgir un plus grand bien, quel bien pourrait-on imaginer face à l’angoisse et aux souffrances de la mort ? La question est d’autant plus sensible que le gouvernement s’apprête à demander au Parlement de légiférer sur le sujet. Et, quelles que soient les pudeurs sémantiques, c’est bien de la légalisation de l’euthanasie que débattront députés et sénateurs – au risque d’escamoter bien des enjeux de la fin de vie, voire la liberté des malades.

Or, sans glorifier l’angoisse ni la souffrance, les différents acteurs médicaux soulignent l’opportunité que représente la dernière ligne droite. « Pour certains, l’enjeu de la fin de vie consiste à mettre de l’ordre dans sa vie », relève Sœur Marie-Noël Ratsimbazafy, responsable de l’aumônerie de la maison médicale Jeanne-Garnier, spécialisée dans les soins palliatifs. « Une dame ne concevait pas de mourir sans s’être réconciliée avec son fils, qui refusait de renouer avec elle. Je lui ai conseillé de confier cette démarche au Seigneur : quelques jours après, son fils s’est finalement déplacé auprès d’elle et elle a pu mourir dans la sérénité », se souvient la religieuse. « La proximité de la mort suscite des paroles de vérité et provoque beaucoup de dénouement et de réconciliation », témoigne de son côté Raphaëlle Claudel, responsable de la pastorale de la santé du diocèse de Saint-Dié.

Pour d’autres, la fin de vie devient l’occasion de se convertir et de (re)trouver la foi, comme en témoignent les baptêmes célébrés dans les chapelles de soins palliatifs, quelques jours seulement avant la mort des baptisés. « Je me souviens d’un jeune malade, accompagné par un séminariste, que sa famille a entouré pour son baptême dans la chapelle de l’établissement, raconte Sœur Marie-Noël Ratsimbazafy. Une semaine après, il était mort et la famille a demandé à l’aumônier de Jeanne-Garnier de célébrer ses obsèques. »

Faire ressurgir la grâce

Que de tels retournements s’opèrent dans les derniers jours n’a rien de surprenant, estime ainsi l’abbé François Buet, médecin et aumônier de la clinique Sainte-Élisabeth à Marseille : « Que la personne en ait conscience ou non, le passage de la mort à la vie s’opère par la grâce du Salut et de la rédemption donnée par le Christ, car tout homme est associé au mystère pascal du Christ. L’enjeu de la fin de vie est capital. »

Dès lors, que restera-t-il de cette opportunité de conversion si la possibilité est laissée à ceux qui souffrent d’abréger leur vie en ayant recours au suicide assisté ? « La difficulté est que cette décision ne laisse pas un espace suffisant pour que la dimension transcendantale de la mort soit explorée jusqu’au bout, met en garde l’abbé François Buet. Toute personne retrouve en fin de vie ce qui a été semé dans son enfance. Et pour les chrétiens, c’est le Christ. Parfois, il ne faut pas grand-chose pour que ressurgisse l’eau de la grâce, juste un peu de temps. Encore faut-il le laisser à chacun. »

L’aumônier déplore une autre conséquence de ce projet de loi sur « l’aide active à mourir » : « La personne serait incitée à poser comme dernier acte un choix de mort. Le suicide est un choix de non-vie et laisser une personne y avoir recours, c’est l’enfermer dans une désespérance qui est l’inverse du pas qu’elle pourrait faire vers l’amour, la vérité et la vie que représente la Croix. »

Ainsi, plutôt que de proposer une assistance au suicide, la plupart des soignants s’accordent sur l’importance du développement des soins palliatifs. En 2015, la maison médicale Jeanne-Garnier avait mené une étude sur 2 157 patients : après la prise en charge de la douleur et l’accompagnement de la personne, les demandes d’euthanasie avaient chuté de 97 %. 

Aider à renaître. Au cœur des blessures de la vie, François Buet, éd. Nouvelle Cité, 2023, 200 pages, 18,50 €.