Fabrice Amedeo : « Un immense amour m’a enveloppé » - France Catholique
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Fabrice Amedeo : « Un immense amour m’a enveloppé »

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Fabrice Amedeo. © Jean-Marie Liot / Reporter du Large

Fabrice Amedeo : « Un immense amour m’a enveloppé »

Fabrice Amedeo : « Un immense amour m’a enveloppé »

Le navigateur Fabrice Amedeo a vécu une conversion en mer durant le dernier Vendée Globe. En invoquant Notre-Dame de Rocamadour, il a trouvé le chemin de la foi.
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Quelle expérience spirituelle avez-vous vécue dans les mers du Sud au point de bouleverser votre vie ?

Fabrice Amedeo : Je suis parti le 10 novembre 2024 pour vivre mon troisième Vendée Globe qui est la plus grande course à la voile autour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance. Dès le départ, l’aventure m’a paru compliquée car mon bateau était vieux et je gardais en mémoire le naufrage du précédent en 2022 durant la route du Rhum. Avant de larguer les amarres depuis les Sables-d’Olonne, j’ai accepté la bénédiction de mon bateau par le Père Florent Millet, le recteur du sanctuaire Notre-Dame de Rocamadour. Il m’a remis une petite statue de la Vierge noire et j’ai demandé à quelqu’un de mon équipage de la fixer dans la cabine du bateau. Ma démarche relevait de la superstition, je n’étais pas croyant et encore moins pratiquant au départ de la course. Cependant, je me suis mis à prier Notre-Dame de Rocamadour spontanément dans l’océan Indien lorsque j’ai commencé à traverser des difficultés et à rencontrer des problèmes techniques. Je n’étais pas du tout serein. Prier la Vierge Marie m’apportait du réconfort même si une fois encore je ne croyais pas fondamentalement à une intervention possible de sa part ! Je récitais trois « Je vous salue Marie », je demandais et je remerciais. En soi, c’était déjà le début d’une expérience spirituelle, j’avais instauré un rendez-vous intérieur avec la Vierge Marie.

Quand intervient précisément ce que vous appelez votre conversion en mer ?

Le soir du 1er janvier 2025, j’ai appris plus tard que c’était le jour de la fête de Marie Mère de Dieu, je me trouvais au sud de la Nouvelle-Zélande et je faisais ma petite prière lorsqu’un bruit m’a fait sortir de la cabine pour aller sur le pont. J’ai alors levé les yeux et j’ai vu au-dessus de moi dans le ciel un grand cercle vert. J’ai souri en disant : « Si tu étais mégalomane, tu pourrais croire qu’une force te protège ! »

Je suis redescendu dans la cabine pour finir ma prière et quand je suis ressorti pour régler les voiles, j’ai aperçu un grand halo vert, bleu, violet qui descendait du ciel, comme une magnifique aurore australe qui se déployait autour du bateau. J’étais émerveillé d’assister à un tel spectacle qui est très rare dans l’hémisphère sud. J’avais déjà eu des émotions esthétiques intenses en traversant l’Atlantique et en admirant de fantastiques couchers de soleil mais ce jour-là ce fut autre chose car j’ai été dans le même temps envahi par un sentiment d’amour intense. Cet amour m’a enveloppé durant un long moment et j’avais la profonde conviction que je n’étais pas seul.

Diriez-vous que vous avez eu une rencontre avec la Vierge Marie ?

Je n’aurais pas cette prétention de dire que j’ai rencontré la Vierge Marie mais je savais intuitivement que cette expérience me ramenait à la religion de mon enfance. J’ai grandi dans une famille catholique et j’ai été baptisé à l’âge de 11 ans car mes parents souhaitaient que cela soit une décision personnelle. J’ai fait ensuite ma profession de foi et ma confirmation. Puis à l’adolescence je me suis éloigné de la religion, mais lorsque j’ai perdu ma maman il m’est arrivé d’entrer dans une église et d’assister à la messe. Ce soir-là, j’ai tout de suite su qu’il fallait que je sois guidé pour comprendre cette expérience si forte de communion spirituelle dans le cosmos. J’ai écrit au navigateur Sébastien Destremau, dont je savais qu’il était proche du sanctuaire de Rocamadour, pour connaître le nom du prêtre qui avait béni mon bateau au départ du Vendée Globe. C’est ainsi que j’ai écrit au milieu de la nuit au Père Florent Millet qui a mis exactement des mots sur ce que je ressentais en me confiant : « Fabrice, j’y vois le signe du manteau de la Vierge Marie qui descend pour vous envelopper et vous protéger. » J’ai été conforté et réconforté et je me suis mis à prier en me sentant désormais accompagné, mis en confiance et protégé. Mon Vendée Globe a été très long, 114 jours, cependant, après cette expérience renversante, je me suis senti solide et je n’ai plus jamais eu peur.

En quoi cette expérience a-t-elle bouleversé votre vie ?

J’ai rencontré un amour immense qui m’a enveloppé et qui m’a marqué suffisamment pour dire qu’aujourd’hui j’ai la foi et de fortes convictions, ce que je n’avais pas auparavant. Quand je priais sur mon bateau, je me disais : « Il y a Marie, il y a Dieu et le Christ dans tout cela ? » J’ai senti que Notre-Dame de Rocamadour m’avait conduit à Dieu puis à son Fils. Depuis mon retour sur la terre ferme, je vais à la messe le dimanche, je communie, et pour la première fois de ma vie cette année j’ai assisté aux offices de la Semaine sainte en étant particulièrement touché par le récit de la Passion. J’ai senti que le message du Christ entrait et vibrait en moi comme si ce qui avait été semé dans les mers du Sud germait à Pâques.

Êtes-vous allé remercier la Vierge Marie au sanctuaire Notre-Dame de Rocamadour ?

Je me suis rendu au sanctuaire fin avril pour rendre grâce. Le recteur, le Père Florent Millet, m’a offert mon premier chapelet et je l’ai récité en compagnie d’autres pèlerins, passant ainsi d’une foi pratiquée individuellement à une dimension collective. La Vierge Marie m’a donné la paix, m’a ouvert le cœur en m’apprenant à pardonner à ceux qui m’ont blessé dans le passé. Elle m’a aussi ouvert les yeux sur mon prochain. Dans mon quotidien je prends le temps de saluer en souriant la boulangère et d’avoir un mot gentil pour le commerçant de la station-service, ce qui m’était étranger auparavant. Mais, au sanctuaire de Rocamadour, j’ai surtout dit tout simplement merci pour le cadeau de la foi et de la prière qui me rendent heureux et joyeux.