En Inde, les chrétiens servent les pauvres au péril de leur vie - France Catholique
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Catéchumènes : baptisés… et après ?
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En Inde, les chrétiens servent les pauvres au péril de leur vie

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© Philippe Lissac / Godong

En Inde, les chrétiens servent les pauvres au péril de leur vie

En Inde, les chrétiens servent les pauvres au péril de leur vie

Religieuse en Inde dans la congrégation des sœurs de la Charité de la Sainte-Croix, sœur Christin Joseph œuvre auprès des populations pauvres et marginalisées. À l’occasion de la Nuit des Témoins organisée par l’Aide à l’Église en Détresse (du 14 au 20 novembre), elle témoignera à Notre-Dame et dans plusieurs églises de France sur la situation des chrétiens en Inde. Leur présence, pourtant deux fois millénaire, gêne le nationalisme hindou.
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Quelle est la situation des chrétiens en Inde ? Sont-ils libres de pratiquer leur foi ?

Sœur Christin Joseph : Il n’y a pas de loi qui interdise explicitement aux chrétiens de pratiquer leur foi. Mais il y a de nombreuses lois qui les empêchent de vivre les valeurs de l’Évangile, de venir en aide aux pauvres, et de travailler à la justice et à la paix.

Les persécutions physiques des chrétiens ne concernent pas toute l’Inde, mais elles sont réelles. A ce jour, douze États ont promulgué des lois anti-conversions qui sont ironiquement appelées « lois sur la liberté religieuse ». Nous sommes pris pour cibles, parce que ces lois sont utilisées pour réprimer les minorités religieuses, de fausses accusations de conversions forcées sont diffusées sans preuve. Relever quelqu’un dans la rue, dire joyeux Noël ou même chanter des chants chrétiens en famille peut vous valoir d’être accusé de conversion forcée. La surveillance est très forte et les Chrétiens vivent dans la peur.

On vous reproche donc de venir en aide aux populations pauvres ?

Le travail social mené par l’Eglise auprès des plus pauvres est très mal vu du gouvernement car nous cherchons à élever des gens qui font partie des castes inférieures. La charité des chrétiens remet en cause le fonctionnement même de la société hindoue dans ses principes politiques, mais aussi religieux. Ces œuvres de charité nous rendent donc suspects. On nous accuse d’agir contre la nation et on nous demande d’arrêter notre aide auprès des pauvres, de réserver nos écoles aux enfants riches. Un prêtre est mort en prison à l’âge de 84 ans parce qu’il vivait l’Évangile en actes en aidant les pauvres. On ne lui a pas reproché directement d’aider les pauvres, mais on a piégé son ordinateur en déposant des documents compromettants.

Que cherchez-vous en donnant ce témoignage aux Français ?

Je crois fermement que l’Église est le corps du Christ. Et quand une partie du corps souffre, tout le corps souffre avec. Les chrétiens doivent donc être solidaires les uns des autres, surtout avec ceux qui sont persécutés, et prier pour eux, pour qu’ils n’abandonnent jamais leur foi dans le Christ et qu’ils soient forts.

Je me suis rendu dans une région qui avait subi de très violentes persécutions et je me souviens d’avoir vu des gens tristes et abattus retrouver le sourire et la force en apprenant qu’ils avaient d’autres frères chrétiens qui se tenaient à côté d’eux dans la souffrance. Ils ne réclament pas d’argent ou d’aide matérielle, ils ont besoin de prières.

Iran : Le sang des martyrs, semence de chrétiens

Dominé par les Gardiens de la Révolution, le gouvernement iranien impose un islam rigoriste qui laisse très peu de liberté aux chrétiens et traque les convertis de l’islam, comme Darius [le nom a été changé par sécurité], qui a été contraint de renoncer à venir témoigner pour des impératifs de sécurité.

Il a toutefois livré un témoignage écrit dans lequel il décrit la situation des minorités chrétiennes en Iran : si les communautés historiquement chrétiennes peuvent pratiquer leur foi, « leur liberté est strictement encadrée, elles ne peuvent pas évangéliser ni accueillir de fidèles d’origine musulmane », explique ce converti de l’Islam.

Pourtant, « malgré les interdictions, le christianisme renaît. Depuis une quinzaine d’années, un mouvement clandestin de conversion se développe dans tout le pays. Les autorités elles-mêmes reconnaissent leur inquiétude et parlent d’une vague de christianisation qui toucherait la jeunesse iranienne. Certains chercheurs estiment en effet qu’il y aurait entre 500 000 et 1 million de convertis en Iran, un chiffre impossible à vérifier mais qui montre l’ampleur du phénomène. »
A.L C