En Inde, la messe face à l’Orient - France Catholique
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En Inde, la messe face à l’Orient

Pour mettre fin à la querelle liturgique qui divise le clergé indien, le pape François se bat pour imposer la célébration de la messe « ad orientem » dans l’Église syro-malabare. Explications.
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Célébration de la messe à Delhi. En Inde, la querelle liturgique a dégénéré au point d’obliger le Pape François à intervenir.

© Philippe Lissac / Godong

Fondée en 52 par l’apôtre Thomas en Inde, dans l’actuel État du Kerala, l’Église syro-malabare est aussi ancienne que l’Église catholique romaine. Comptant 4 millions de fidèles, elle est aujourd’hui la deuxième plus grande Église catholique orientale, derrière l’Église gréco-catholique ukrainienne. Elle a rejoint Rome au moment de la colonisation portugaise en Inde, au début du XVIIe siècle. Le rite syro-malabar se latinise et perd alors ses spécificités liturgiques.

Désaccord liturgique

Au XXe siècle, Rome encourage les syro-malabars à retrouver leur rite ancestral, d’abord sous le pontificat de Pie XI (1922-1939), puis étonnamment avec le concile Vatican II, clos en 1965. Mais ce retour à la tradition syro-malabare ne se fait pas sans résistance : Jean-Paul II offrira une liberté complète aux évêques en matière liturgique pour résoudre les conflits qui se multiplient entre les partisans du rite latin et ceux qui sont attachés au retour des rites originels. Parmi les premiers, l’archevêque majeur d’Ernakulam-Angamaly, dans le sud de l’Inde, décide après le concile de célébrer la messe face au peuple alors que, depuis ses origines, le rite syro-malabar est célébré face à l’Orient. Cette innovation liturgique se transmet depuis plus de cinquante ans dans cette archiéparchie – l’équivalent d’un archidiocèse – représentant environ 14 % des fidèles syro-malabars.

En 2021, les évêques syro-malabars choisissent de réunir un synode pour uniformiser leur rite entre les éparchies. Ils tranchent : la liturgie de la Parole se fera face au peuple, mais la liturgie eucharistique sera célébrée en regardant l’autel, dos au peuple. Or, certains clercs n’acceptent pas cette décision synodale et refusent de célébrer la messe ad orientem – notamment dans l’archiéparchie d’Ernakulam-Angamaly. Soutenus par les fidèles, ils font valoir leur propre « particularité liturgique » pour célébrer face à l’assemblée, contrairement au reste de l’Église syro-malabare.

Ce désaccord a dégénéré. De véritables luttes fratricides opposent les tenants des différentes tendances liturgiques, entre pétitions et blocages d’églises. Symbole du malaise, la cathédrale d’Ernakulam est restée fermée pour les célébrations de Noël en 2022, puis en 2023, pour éviter tout risque de débordements.

Décisive intervention du pape

Pour mettre un terme à cette contestation, le pape François tente, depuis le synode de 2021, de faire accepter la décision des évêques. Après deux lettres adressées à l’Église syro-malabare, il a récemment tapé du poing sur la table.

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