D’un Léon à l’autre - France Catholique
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La chasteté : apprendre à aimer
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D’un Léon à l’autre

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© Antoine Mekary / Godong

Une immense clameur. Comme une joie qui éclate, sans débordements, et que viendront confirmer les puissantes cloches de la basilique Saint-Pierre. Habemus papam ! Moment de grâce qui rappelle cette phrase de l’évangile de Jean, gravée sur la médaille commémorative du conclave de l’année 1700, lequel s’était déroulé lui aussi pendant une Année sainte : « Je ne vous laisserai pas orphelins. »

Pour Léon XIV, élu au terme d’un conclave éclair, les sujets sont d’importance. Le 266e successeur de Pierre les a soulignés d’emblée dans ses premières interventions. Ad extra, c’est la « guerre mondiale par morceaux », selon l’expression de François, 80 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. « L’homme est un loup pour l’homme », disait Hobbes au début de l’ère moderne. L’histoire semble lui donner raison, mais Léon XIV, tel son glorieux prédécesseur saint Léon le Grand face à Attila, montrera-t-il au contraire que la paix n’est pas forcément un doux rêve ici-bas ?

Idéologies mortifères

Face aux « nouveaux prédateurs » que sont les grandes puissances politiques ou technologiques, bien décrites par Giuliano da Empoli dans son dernier livre, la réponse du pape Léon au XXIe siècle pourrait bien être celle énoncée dans sa première homélie face aux cardinaux : l’Église est « l’arche du salut qui navigue sur les flots de l’histoire, phare qui éclaire les nuits du monde ».

Et il ne s’agit pas d’opposer une limite aux seules puissances guerrières, mais aussi aux idéologies mortifères : « Le manque de foi, expliquait ainsi le nouveau Pape, entraîne souvent des drames tels que la perte du sens de la vie, l’oubli de la miséricorde, la violation de la dignité de la personne sous ses formes les plus dramatiques, la crise de la famille et tant d’autres blessures dont notre société souffre considérablement ». En France, la marche forcée vers le suicide assisté en est hélas une nouvelle illustration…

Mais saint Léon le Grand ne s’est pas uniquement confronté aux barbares dans une civilisation romaine en déclin. Il a dû également se dresser, en interne, face aux hérésies naissantes au Ve siècle – monophysites ou nestoriens qui n’acceptaient pas que Jésus soit vrai homme et vrai Dieu. Comme un autre Léon, le XIIIe du nom, dénoncera à la fin du XIXe siècle une autre forme de déviance, l’américanisme. C’est-à-dire la tentation pour les catholiques d’adapter leur discours et l’organisation de l’Église pour mieux se faire accepter et correspondre aux critères du monde. Tentation toujours présente, et que Léon XIII entendait contrer par une solide formation des fidèles, une vie sacramentelle authentique, et une communion avec le siège de Pierre et son enseignement.

Comme l’ont affirmé les cardinaux avant le conclave, garantir l’unité de l’Église sera également la préoccupation du pontificat. Par petites touches, Léon XIV, pétri de la spiritualité des religieux augustins, semble indiquer qu’il existe une issue par le haut, spirituelle, pour unir par la foi les catholiques entre eux : recentrage sur le Christ et forte dévotion envers la Vierge Marie. Ainsi que l’a rapporté en plaisantant un cardinal serbe : « À présent nous avons un lion [Leone est un homonyme de lion en italien] qui chassera les loups. »