Au nom du Christ-Roi - France Catholique
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Pèlerinage de Chartres : Pour que règne le Christ !
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Au nom du Christ-Roi

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© P. Deliss / Godong

Il y a vraiment de quoi méditer, tout au long du chemin de marche vers Chartres, sur cette royauté du Christ, qui n’est pas de ce monde, mais qui a toute la puissance nécessaire pour éclairer ce monde. Les milliers de jeunes du pèlerinage auront d’abord le sentiment qu’une telle royauté doit habiter leur cœur, parce que c’est dans la relation personnelle la plus intime – interior intimo meo de saint Augustin – que se déploie un règne de paix et d’amour. Comment imaginer un ordre purement formel, et coercitif, pour une société qui obéirait à des lois auxquelles elle n’adhérerait pas profondément ? Et puis surtout, n’en va-t-il pas d’un appel intérieur qui s’adresse à chacun et qui ne peut venir que de celui qui est « la voie, la vérité et la vie » !

L’exemple de Notre-Dame

On dira que dans un monde pluraliste, cette dimension se doit de rester discrète et que la royauté du Christ est promise à cet enfouissement, qui fut pendant toute une période le leitmotiv d’une génération qui craignait plus que tout une affirmation trop publique des convictions chrétiennes. Mais c’est un contresens, car si cette royauté n’est pas de ce monde, elle doit se distinguer dans ce monde afin d’affirmer ses vertus surnaturelles. Et celles-ci sont sources de conversion et de sanctification, aux effets visibles. Ainsi s’est-on souvenu, à propos de Notre-Dame de Paris, que la construction d’une cathédrale où se déploie l’action liturgique s’accompagne de celle d’un hôtel-Dieu pour soulager les souffrances humaines et d’une école pour instruire les intelligences.

Au nom de la laïcité, on voudrait aujourd’hui que la règle de l’enfouissement prévale et que le domaine de la foi soit réduit à ce qu’on appelle la vie privée, la vie publique ne relevant que de la neutralité religieuse. Mais une telle neutralité est problématique, dès lors que des réformes législatives imposent des questions anthropologiques décisives qui excluent toute neutralité morale. C’est bien pourquoi le pape Pie XI, dans son encyclique Quas primas dont nous commémorons le centenaire, désignait le laïcisme comme une tentation perverse.

L’encyclique de Pie XI n’a rien perdu de son actualité et on ne saurait l’opposer à l’enseignement de Vatican II, lorsque le concile aborde les relations de l’Église et du monde. Ainsi, il rappelle que l’Ancien Testament prépare et annonce le règne messianique du Christ. Ce règne s’étend à toutes les nations, au-delà du peuple élu. De plus, le royaume du Christ ne se défend pas par l’épée mais s’établit en écoutant la vérité et s’étend grâce à l’amour par lequel le Christ attire à lui tous les hommes.

S’il y a une saine laïcité de l’État, selon la formule de Pie XII, il y a la prétention laïciste d’éradiquer ce qui relève du domaine des lois non écrites et du Décalogue biblique. C’est pourquoi la royauté du Christ s’exprime au-delà de la conscience et qu’elle doit informer la vie publique, ne serait-ce que par l’engagement effectif des chrétiens autant qu’ils le peuvent dans les responsabilités civiques. Et ils seront d’autant mieux armés pour cela qu’ils auront au cœur cette royauté qui n’étant pas de ce monde les éclaire intimement tout en projetant sur la vie de la cité l’espérance d’un monde transformé par la charité.