À Limoges, un certain art de vivre - France Catholique
Edit Template
Pontificat de François - numéro spécial
Edit Template

À Limoges, un certain art de vivre

Protégée par saint Martial, dotée d’un riche patrimoine, la capitale de la porcelaine passe aujourd’hui pour l’une des villes les plus agréables de France.
Copier le lien

La gare de Limoges, inaugurée en 1929. © poudou / CC by-sa

De Toulouse à Limoges, le promeneur peut contempler les plus beaux villages de France en commençant par le site fascinant de Rocamadour. Ce rocher reste un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés en Europe après Rome et Saint-Jacques-de-Compostelle. Il peut aussi s’arrêter à Sarlat, perle du Périgord, mais ces cités sont malheureusement totalement dédiées au tourisme. L’obsession d’attirer le plus grand nombre possible de visiteurs a, surtout l’été, fait perdre à ces lieux une partie de la force spirituelle.

Le neveu de saint Pierre

Mais à Limoges, capitale du Limousin qui porte le nom de la peuplade gauloise des Lemovices, le souvenir de saint Martial, premier évêque, évangélisateur de la région est encore bien présent. On a dit que saint Martial était le neveu de saint Pierre. Alors qu’il n’était qu’un petit enfant, c’est lui que le Christ aurait désigné en demandant à ses disciples qui était le plus grand dans le royaume des Cieux. Lui encore qui aurait apporté cinq pains et deux poissons au jour de la multiplication des pains. Ces légendes ne concordent peut-être pas avec l’installation du premier évêque, qui aurait été un disciple de saint Martin à Ligugé, mais qu’importe ! La dévotion à saint Martial, on l’a dit, est toujours vivante à Limoges.

Les Ostensions limousines qui se déroulent tous les sept ans en sont une marque bien réelle. Ces festivités religieuses ont toujours rassemblé clergé, élite locale, pourtant traditionnellement à gauche, et population autour de la châsse de saint Martial, saint Loup ou encore saint Aurélien. Le regain d’intérêt des habitants et même des touristes pour ces traditions populaires est un signe d’espérance ! Malheureusement il faudra maintenant attendre 2030 pour assister aux prochaines ostensions.

Limoges-Bénédictins

Celui qui arrive à Limoges par le train entame sa découverte de la ville par un de ses monuments les plus remarquables : la gare. Limoges-Bénédictins est un exemple tardif de cette architecture éclectique qui a accompagné en beauté l’industrialisation de notre pays. Le train et ceux qui l’ont habillé sont allés jusqu’aux confins des terres françaises porter leur technique et leur art ! L’emplacement, on l’a compris, était celui d’un ancien couvent bénédictin disparu à la Révolution. Le nom de la gare rappelle aux visiteurs que la chrétienté médiévale a marqué notre urbanisme pour toujours.

Capitale de la porcelaine depuis le XVIIIe siècle, Limoges exportait déjà ses émaux précieux au Moyen Âge. La « ville Rouge » est donc depuis toujours une ville travailleuse mais aussi une ville d’art, délicate et précieuse. Le quartier des émailleurs, avec ses galeries d’art, perpétue cette caractéristique. Le centre historique avec ruelles et maisons médiévales est un ravissement pour le promeneur, et les quartiers familiaux un tout petit peu excentrés sont verdoyants. Limoges est considérée comme une des villes de France dans laquelle la qualité de vie est la plus haute. Un immobilier qui n’est pas encore devenu fou, une ville bien équipée mais de taille raisonnable, une sécurité encore à peu près maîtrisée ainsi qu’une qualité d’air qui, paraît-il, est l’une des meilleures de France, permet de faire dire aux Limougeauds qu’ils sont heureux.

« Dieu garde la ville »

La relégation d’un nombre importants d’officiers généraux par le maréchal Joffre à Limoges durant la Première Guerre mondiale a, dans une expression populaire, terni l’image de la ville. Mais peut-être qu’aujourd’hui « être limogé » pourrait bien représenter une véritable chance, une possibilité de retrouver une vie riche, paisible et sensée, loin des agitations stériles des mégapoles françaises. Faisons confiance à la belle devise occitane de la ville : « Dieus gart la vila e sent Marsals la gents » : « Dieu garde la ville et saint Martial le peuple ».