« What Richard did », « La tête la première » - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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« What Richard did », « La tête la première »

Cinéma

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Décidément le cinéma peut être un reflet fidèle de ce que vit une société ou un pays. Dans la salve des films sur les ados programmé d’ici l’été, les deux premiers cette semaine, abordent la question de l’adolescence, ce passage délicat et essentiel vers l’âge adulte, de manière tellement opposée, qu’on peut se demander si ils ne se déroulent pas sur deux planètes différentes.

Et bien non, nous sommes en Europe, de nos jours et en été : What Richard did a pour cadre la catholique Irlande, terre du rugby et des chevaux avec un personnage principal Richard, capitaine de son équipe de rugby, et pour qui d’abord compte sa bande d’amis, tous évidement rugbymen ; l’autre, La tête la première, se passe en Belgique et en France et ses deux personnages Zoé et Adrien, dont on ne sait pas trop d’où ils viennent, sont d’un milieu plutôt aisé sur le plan culturel; la réalisation est bonne, le scénario aussi malgré la légèreté du sujet — le marivaudage amoureux — se tient ; c’est agréable à voir, il fait beau, les deux ados sont charmants, ni violents, ni vulgaires. Sur la forme, donc rien à dire ; sur le fond, par contre une imitation de Rohmer sans avoir la finesse ni la profondeur, et des portraits qui feraient désespérer des jeunes, tellement ils sont caricaturaux dans leur égoïsme, pour ne pas dire leur égocentrisme, leurs questions superficielles d’enfants bien nourris qui n’ont pas d’autre préoccupation que leur mal être, inhérent à cette période de la vie; en bref, la question des ados vue par les bobos, et chez les bobos.

Quand on lit que la réalisatrice a voulu montrer leur quête existentielle, on peut être au choix atterré ou s’étrangler de rire devant la prétention de ceux qui ne doutent de rien, et surtout pas d’eux-mêmes. Inspiré par un fait divers, What Richard did a heureusement plus de corps. D’abord Il montre bien que le rugby n’est pas seulement un sport, mais aussi un esprit, des valeurs d’amitié, d’honneur et de courage, et qu’il fédère les jeunes entre eux ; Or Richard, lors d’une fête bien arrosée, va se battre avec un coéquipier, et le tuer par accident ; une histoire classique de jeunes, où se mêlent alcool, querelle d’amoureux et violence ; peur d’être dénoncé, mensonge, culpabilité, chagrin d’avoir failli, tout est abordé avec réalisme mais presque trop cliniquement, malgré quelques scènes bouleversantes; dommage que la réalisation ne soit pas tout à fait à la hauteur, car au moins les personnages et l’histoire sont respectueux de cet âge fantastique et pourtant si fragile.