Verdun - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Verdun

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Verdun, il y a un siècle ! Le temps, certes, a fait son œuvre. Les nouvelles générations ne peuvent évidemment appréhender cet événement considérable, comme la mienne. J’ai connu des anciens combattants de Verdun, j’ai entendu leurs récits, je me souviens de leur présence auprès des monuments aux morts, lors des commémorations. À leur égard, je n’ai jamais éprouvé que respect et admiration. Ces hommes avaient vécu ce qu’un historien a appelé une guerre d’enfer, celle qui ne connaît plus de limites, d’autant que désormais la puissance des armes meurtrières fait des milliers de morts quotidiens. Aucune modération n’intervient plus pour limiter le carnage. À l’âge démocratique, c’est désormais peuple contre peuple, avec des millions de combattants. Même si la Seconde Guerre mondiale a été encore plus meurtrière que la Première, Stalingrad n’a pas effacé le souvenir de Verdun. Du moins chez nous.

Une image est venue s’interposer pour les nouvelles générations, qui a modifié la nature du souvenir et de la commémoration. C’est celle du président François Mitterrand prenant la main du chancelier Helmut Kohl devant le mémorial de Douaumont. Le symbole était saisissant : face à ces tombes innombrables où reposent ensemble, d’ailleurs, combattants français et allemands tués pendant la bataille de Verdun, les deux nations signifiaient, de façon irrévocable, que l’inimitié était désormais derrière nous. France et Allemagne étaient non seulement réconciliées, mais solidaires. Solidairement responsables du destin de l’Europe.

Est-il sûr que nous ayons été au bout de cette symbolique des mains saisies ? C’était beaucoup plus qu’une poignée de main ! C’était le sceau d’une union d’autant plus profonde qu’elle avait lieu au cœur de la métropole militaire. Est-il avéré, aujourd’hui, que la solidarité franco-allemande implique la solidarité des armes ? Nous n’en sommes pas encore là, parce que notre partenaire d’Outre-Rhin demeure marqué par les séquelles de l’héritage du nazisme. Et puis le fait que l’Europe se définisse d’abord comme un espace de paix n’invite pas à mettre en avant les responsabilités communes dans un monde dangereux, qui exige l’engagement. Celui qui conduit notre armée sur les théâtres d’opérations extérieures, où l’armée allemande ne l’a pas encore rejointe.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame, le 22 février 2016.