Une question inutile - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Une question inutile

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L’expression étrange, « je n’y comprends rien », je la rumine depuis des heures peut-être, avant même de me réveiller. Que je n’y comprenne rien, ou quasi rien, je m’en rends compte tous les jours que le Seigneur me donne à vivre. Je parle de ce si peu de choses qui concerne ce qui « est », rien que cela, quoique ce ne soit pas un « rien du tout » que l’indéfinie accumulation de problèmes, de complications, de difficultés, de faits obscurs, d’impossibilités, d’énigmes, d’embrouillaminis cosmiques, d’inconnus etc. dont nos chers savants font leurs délices, ne cessant jamais d’investiguer afin de connaître au moins leur comment puisqu’est réputé impossible de parvenir à déceler leur pourquoi, leur origine, leur cause…

Quant à ce que je fais, ce qui m’occupe !… Le mystère autour de moi comme en moi est telle une profonde ténèbre, et pourtant je m’avance en cette obscure lumière, assuré, tranquille, empli d’une joie sereine dont je ne puis donner une explication rationnelle.

Je m’explique : je vis en Dieu. Lui est l’Infini de vie. Moi, un rien qui n’existe qu’en Lui, ne vit que par Lui. Sans Lui, personne… Ma certitude d’être dans le vrai est inébranlable (comme si en effet la parole donnée par moi avait été d’abord prononcée par Lui avant même que j’ai pu la murmurer : ce qui « est » aussi. Je vis en Dieu, mais (revenant aux premiers mots de cette page) je ne comprends rien à cela qui se passe, rien en son « comment » de même qu’en son « pourquoi » ce qui distingue ici mon propos de celui d’un scientifique.

Ici je me souviens à bon escient de ce que Dieu, faisant le point chez Isaïe, lance en l’air un quelque chose comme : « mes pensées sont au-dessus des vôtres »… Qui pourrait aller contre une telle évidence ? Bienheureuse évidence. J’aime que Dieu précise ainsi ce qui devrait aller de soi chez chacun de nous alors qu’au contraire un nombre incroyable de prétentieux vont par monts et par vaux répétant à qui mieux mieux que « Dieu n’existe pas parce qu’Il ne peut pas exister »… Extraordinaire balourdise ; comme si l’escargot se mettait à disserter sur le « Gros accouchement cosmique » que les anglo-maniaques nomment « Big-Bang »…

N’ai-je pas entendu un récent président de notre République user de cette expression pour nous éclairer sur les raisons de son confortable athéisme ? C’était un soir à la télévision, lors d’une émission pour les nuls. Il rejoignait en simplisme un aveu de Simone de Beauvoir, affirmant que « Dieu ne faisait pas le poids », ce qui donnait une explication apparemment valable de son rejet de sa vieille foi en Lui. C’était sa vieillesse d’esprit qui ne faisait pas le poids de légèreté.

Une autre Simone lui fit remarquer que « Dieu ne relevait pas de la pesanteur »…, propos qui enchanta Gustave Thibon.

Il convenait que j’aille rechercher le passage en question, dont on retrouve des traces en certains psaumes : « … mes pensées ne sont pas vos pensées, vos voies ne sont pas mes voies, oracle de Yahvé. Autant les cieux s’élèvent au-dessus de la terre, autant mes voies s’élèvent au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. Comme la pluie et la neige déboulent des cieux et n’y retournent pas sans avoir humecté la terre, sans l’avoir rendue féconde et fait en elle germer les plantes afin qu’elles donnent leurs semences au semeur et du pain à celui qui a faim, ainsi en est-il de ma parole, elle qui sort de ma bouche : elle ne retourne point vers moi sans résultat, sans avoir exécuté ma volonté, sans avoir accompli mes desseins. » Isaïe 55:8-11

Pour revenir à ce qui m’interrogeait au départ de cette courte réflexion (si tant en est qu’il s’agisse de cela), il me semble qu’Isaïe avait parfaitement répondu à une question qu’un esprit sérieux ne se serait jamais posé.