Une lumière dans les ténèbres - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Une lumière dans les ténèbres

Traduit par Antonina

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Mon fils Jean-Paul m’a un jour demandé quels ouvrages il pourrait lire sur le catholicisme. Je lui ai recommandé Introduction au christianisme de Joseph Ratzinger. Jean-Paul est un garçon cultivé et versé, entre autres, en philosophie et en théologie et a par conséquent vivement réagi, ce livre lui paraissant trop élémentaire. Mais il l’a quand même ouvert. Je lui ai plus tard demandé ce qu’il en pensait : « Papa, ce n’est pas juste une introduction ».

Evidemment. On peut en dire de même (et j’envisage de renouveler cette expérience avec lui et d’autres) du nouvel ouvrage de frère Thomas Joseph White : The Light of Christ : An Introduction to Catholicism.

La survie de l’Eglise dans le monde développé dépend de l’existence de deux groupes de personnes, l’un petit et l’autre plus grand. Le petit groupe, maintenant comme toujours, se compose de ceux qui peuvent étudier des arguments et les assimiler de manière constructive. Cela risque de choquer nos habitudes démocratiques, mais comme l’a dit saint Thomas d’Aquin à son époque, la plupart des gens n’ont ni le temps ni le penchant ni l’aptitude à la philosophie nécessaires pour étudier les textes sacrés. De plus, les questions sont difficiles et peuvent générer de nombreuses erreurs (Contra Gentiles, Livre 1, chapitre 4). Les moyens technologiques modernes et l’alphabétisation généralisée ont quelque peu élargi ce réservoir, mais il est encore vrai que seuls les membres d’une élite sont capables de « donner les raisons de leur foi ».

C’est pourquoi il est important que ceux qui ont le temps et les talents nécessaires se présentent comme les autorités auxquelles le grand groupe de fidèles peut accorder sa confiance. Par exemple, on peut avoir des connaissances en biologie, en chimie et en médecine moderne, mais il est raisonnable d’aller consulter un docteur plutôt que de penser bêtement qu’on peut se soigner soi-même. Nous comprenons tous que, dans divers domaines matériels, il existe des gens dotés de savoirs éprouvés et de capacités pratiques dont nous sommes dépourvus.

Il fut un temps où tout cela était vérité d’évidence pour ce qui est de la religion et des questions spirituelles qui sont à la fois plus simples et plus difficiles à résoudre pour tout un chacun. Mais la prévalence d’une conception individualiste de la religion (qui va donc m’apprendre quoi que ce soit sur Dieu ou sur le reste ?) alliée à une attitude des dirigeants de l’Eglise qui ont discrédité leur autorité a privé de nombreuses personnes d’un berger, leur donnant même l’impression qu’il n’y a pas de bergers.

C’est pourquoi la position de frère Thomas Joseph White est si importante. Non content de posséder toutes les connaissances (c’est un dominicain, après tout) dont nous avons besoin si nous voulons mener une vie riche et productive, il les présente d’une manière directe et crédible. Ce qui nous encourage à nous tourner avec confiance vers lui et vers ceux qui sont comme lui à une époque où on estime qu’il est un peu gênant de demander à d’autres de nous éclairer dans notre quête religieuse. Mais nous devons nous y résoudre pour ne pas errer dans les ténèbres, ce qui rend si précieux The Light of Christ, un ouvrage bourré non seulement d’informations et d’analyses, mais aussi (n’ayons pas peur de le dire) plein de sagesse.
L’une de ses qualités est que vous pouvez le lire à deux niveaux.

Littéralement, bien sûr, et cette lecture vous offre une panoplie méthodique d’arguments, le premier étant qu’envisager la possibilité de l’existence de Dieu est plus rationnel que le dogmatisme étroit que nous observons chez nombre de nos contemporains. Dans son encyclique Fides et Ratio, saint Jean-Paul II parle de plusieurs catégories de raison, mais insiste sur le fait qu’aujourd’hui nous avons surtout besoin d’une raison « à portée vraiment métaphysique ». En d’autres termes, un usage plus ambitieux et plus vaste de la raison que celui que de nombreux scientifiques, voire de nombreux philosophes et théologiens, prônent actuellement.

Vous pouvez suivre le développement de cette idée dans le livre, notamment dans les chapitres portant sur la Trinité, la Création et la personne humaine, l’Eglise, les enseignements sociaux, les fins dernières et finalement la Prière.
J’ignore si frère Thomas m’en saura gré, mais on peut également lire cet ouvrage à un autre niveau. Vous pouvez vous plonger dans chacun de ces chapitres pris individuellement pour y trouver de petits traités de vraie substance intellectuelle assortis de précieuses références aux plus grandes figures de la Tradition. J’ai pratiqué ces deux lectures et je peux affirmer que ce livre aura sa place près de mon bureau parmi les ouvrages de référence.

J’entends déjà une voix impatiente me demander : d’accord, mais tout cela est-il vraiment utile ? Cette question est en général un peu biaisée parce qu’elle suppose que nous mesurons l’utilité à partir des critères de l’économie, de la politique étrangère, des débats culturels intérieurs etc. Saint Thomas d’Aquin dit également au début du Contra Gentiles (I, 2) que la doctrine sacrée est non seulement utile, mais aussi plus utile (utilius) pour nous guider vers le bonheur ultime dans l’éternité.

Mais n’en restons pas là. Comme les pères fondateurs de l’Amérique le savaient, Dieu joue un rôle crucial dans les affaires publiques. Et au niveau le plus fondamental. Nous avons récemment entendu deux éminents journalistes (Chris Cuomo et Chuck Todd) nier que Dieu (et non le gouvernement) soit la source de nos droits. Comme si notre Déclaration d’indépendance et tous nos pères fondateurs n’avaient jamais affirmé que nous avons été dotés de droits inaliénables par notre Créateur. Commettez cette erreur et de nombreuses autres s’ensuivront sur la place publique.

Le livre de frère Thomas est également crucial parce qu’il traite les questions de science et de religion avec clarté et subtilité. C’est essentiel non seulement pour ce qui est des spéculations intellectuelles élevées, mais aussi des questions comme celle de savoir si nous vivons dans un chaos primitif (et sommes pour cette raison à l’origine de nos propres valeurs et repères) ou dans un cosmos réglé par une sagesse divine et capable de nous orienter vers le bien, le vrai, le beau et par conséquent notre véritable bonheur.

Cette question est à la racine de nombreuses interrogations qui nous tourmentent, surtout en ce qui concerne le mariage, la famille, la sexualité. Croyons-nous avoir été créés à l’image et à la semblance de Dieu et ne pouvoir nous épanouir qu’en union avec Lui et Sa création, ou bien être seulement des animaux doués de raison qui devraient se contenter des satisfactions qui se présentent à eux ?

A notre époque, se comporter en catholique ou même en être humain tout simplement relève du défi. Les défis sont décourageants, mais aussi stimulants. Si vous voulez affronter votre quête spirituelle avec plus de vigueur, n’hésitez pas : achetez et méditez profondément The Light of Christ.

Mardi 3 octobre 2017

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/10/03/a-light-in-the-darkness/


Photographie : Frère Thomas White


Robert Royal est le rédacteur en chef de The Catholic Thing et président du Faith& Reason Institute de Washington (D.C.). Son dernier livre est A Deeper Vision : The Catholic Intellectual Tradition in the Twentieth Century, publié par Ignatius Press. The God That Did Not Fail : How Religion Built and Sustains the West est à présent disponible en livre de poche chez Encounter Books.