Une Église résiliente - France Catholique
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Une Église résiliente

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La cathédrale al-Tahira (« Immaculée-Conception ») à Qaraqosh est la plus grande église syriaque-catholique du Moyen-Orient. Ici en avril 2017, 3 ans après avoir été incendiée par Daesh

La cathédrale al-Tahira (« Immaculée-Conception ») à Qaraqosh est la plus grande église syriaque-catholique du Moyen-Orient. Ici en avril 2017, 3 ans après avoir été incendiée par Daesh

© Pascal Maguesyan

Le voyage-pèlerinage que François vient d’accomplir en Irak comptera singulièrement dans le bilan d’un pontificat, tellement il fut significatif de la situation du christianisme dans un équilibre géostratégique périlleux. Il fallait au pape courage et détermination pour affronter les obstacles sanitaires et sécuritaires qui s’opposaient à sa venue dans un pays aussi blessé par l’histoire récente.

Faire entendre un message de paix, et même de pardon, faisait partie de ses objectifs, en insistant notamment sur les relations entre chrétiens et musulmans. À ce point de vue, on retiendra particulièrement la rencontre de François avec l’ayatollah al-Sistani, haute figure de l’islam chiite, mais aussi de l’événement que constitua, à Ur, dans le sillage d’Abraham, le rassemblement de tous les responsables religieux de la région, y compris les représentants des petites minorités qui témoignent de la complexité d’un héritage. C’était ainsi l’esprit d’Assise, initié par saint Jean-Paul II, qui s’affirmait avec la ferme volonté d’un dialogue interreligieux au service de la paix.

Un christianisme enraciné

Mais pour François, il y avait aussi la primauté inhérente au ministère pétrinien, qui consiste à confirmer ses frères dans la foi. Il s’agissait, pour l’évêque de Rome, de réconforter des catholiques que le fanatisme islamiste avait voulu définitivement chasser d’un pays où le christianisme est enraciné depuis ses origines. Lorsque Daesh a envahi la plaine de Ninive en 2014, c’était en vue d’éradiquer complètement la présence chrétienne d’une façon définitive. On aurait pu d’ailleurs penser que cette funeste entreprise était en voie de réalisation dans la logique du départ massif des chrétiens, contraints à se réfugier à l’étranger, pour plus d’un million d’entre eux.

Pas de fatalisme

Contre tout fatalisme, François a tenu à affirmer : « Aujourd’hui, je peux voir et toucher du doigt le fait que l’Église en Irak est vivante, que le Christ vit et œuvre dans ce peuple saint et fidèle qui est le sien. » De tels propos prenaient une résonance particulière lorsque le pape s’adressait à l’assemblée réunie dans la cathédrale de Bagdad ou 48 fidèles avaient été assassinés, en octobre 2010, lors d’un attentat commis en pleine messe par les terroristes de l’État islamiste.

Ainsi saluait-il une pérennité, attestée par le retour des fidèles jusque dans les ruines des villes et des sanctuaires saccagés par Daesh. On mesure la faculté de résilience surnaturelle qui s’impose à toutes ces familles éprouvées depuis une trentaine d’années sans relâche. Assistera-t-on à un retour à leur patrie de tous ceux qui l’ont quittée ? Mgr Youssif Thomas Mirkis, archevêque chaldéen, ose l’espérer, qui déclare à La Croix : « J’aime cette idée que si l’on est convaincu du bien-fondé de ce que l’on fait, être têtu porte toujours du fruit. » L’encouragement de François aura conforté la détermination d’une chrétienté décidée à se perpétuer sur la terre de la Promesse faite à Abraham.