Un saint si contemporain - France Catholique

Un saint si contemporain

Un saint si contemporain

400 ans après sa mort, l’évêque de Genève n’a rien perdu de son actualité, explique Patrick de Gmeline, auteur de François de Sales, le gentilhomme de Dieu (éd. Omnibus).
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© Fred de Noyelle / Godong

François de Sales n’est pas seulement un saint fêté tous les 24 janvier. Il est un saint actuel, que tous les papes depuis sa mort ont un moment ou à un autre évoqué et même invoqué. Ainsi de Benoît XVI, lors d’une audience générale, le 2 mars 2011, ou François, qui vient de lui consacrer une lettre apostolique publiée le 28 décembre.

Imprégné de la pensée de Saint Augustin et de Saint Thomas d’Aquin, François, restait attaché aux structures sociales de son temps. En s’adonnant aux pauvres, il n’oubliait pas ce qu’il représentait. Fils de seigneur et seigneur lui-même, il s’abandonnait à un plus grand seigneur : le Seigneur. Homme du XVIIe, il écrit pour son siècle sans savoir encore que ses textes vont être lus et consultés dans les siècles à venir. Le XXIe lui donne toujours de très nombreux lecteurs. Il considère l’amour de Dieu dans sa dimension théologale et a résumé sa pensée dans une phrase que Benoît XVI avait relevé : « L’homme est la perfection de l’univers ; l’esprit est la perfection de l’homme ; l’amour, celle de l’esprit ; et la charité, celle de l’amour ».

L’immense correspondance de François de Sales est d’une telle richesse que s’y atteler suppose de s’y ensevelir. La célèbre « Philotée » à qui il s’adresse si souvent (dans la réalité, sa fille spirituelle, Louise de Charmoisy), tout comme Jeanne de Chantal, fondatrice de l’ordre de la Visitation si lié à François, font partie de son environnement spirituel.

L’évêque de Genève est un saint français, ce qu’il aurait pu ne pas être, lui si attaché aux montagnes de Savoie. Son diocèse, celui d’Annecy, était à l’époque pauvre. François y a rencontré Dieu « dans toute sa douceur et sa délicatesse dans nos plus hautes et rudes montagnes, où de nombreuses âmes simples l’aimaient et l’adoraient en toute vérité et sincérité », écrivait-il à sainte Jeanne de Chantal.

Le père Louis de Frémont, tout jeune prêtre étudiant à Saint-Ferdinand-des-Ternes (Paris), a écrit récemment : « Il est un modèle moderne car il est proche des prêtres, proclame un chemin de sainteté singulier et concret pour chacun avec des exigences spirituelles mais un désir de toujours vouloir sortir des incompréhensions par le haut ».

C’est cet homme de l’ancien temps qui est le patron des journalistes et, en général, de ceux qui écrivent. Sa plume était son sceptre. Il y a encore quelques années, la profession ne craignait pas de se réunir pour une messe solennelle en l’église parisienne Saint-François-de-Sales, sous la présidence – le signataire en a été témoin comme servant de messe – du cardinal archevêque de Paris.

Dans cette église, François de Sales est présent aussi bien dans l’ancienne église, très XIXe, que dans la nouvelle, construite au XXe. Un couloir orné de peintures illustrant sa vie, unit les deux églises : c’est une illustration architecturale de la liaison que le saint opère entre tous les siècles.