Un avenir incertain - France Catholique

Un avenir incertain

Un avenir incertain

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Faut-il ajouter aux multiples commentaires d’hier soir pour une analyse politique qui ne serait guère originale ? Pourtant, en prenant un tout petit peu de distance avec l’événement, il nous faut bien tenter de comprendre la situation de notre pays. Certes, l’enjeu du scrutin d’hier était européen, mais c’est bien le rapport de force à l’échelon national qui s’est imposé, et il s’inscrit dans la suite de plusieurs mois de crise sociale. Si deux formations dominent le jeu électoral, elles ne peuvent être dissociées de cette crise. D’une façon ou d’une autre, le Rassemblement national concentre ce qui, dans ce pays, s’oppose au président de la République, à sa politique et à ses choix économiques. On peut regretter que les autres formations soient mises quasiment hors-jeu, eu égard à ce duo. Mais c’est un fait : la gauche et la droite dites classiques ont subi, cette fois encore, un cruel revers, en dépit du talent des deux intellectuels qu’elles avaient choisi de mettre en avant. Raphaël Glucksmann et François-Xavier Bellamy ont pu donner un ton nouveau à la campagne, ils n’ont pas réussi à imposer leurs problématiques.

Les Gilets jaunes qui ont pourtant très longtemps bénéficié d’un large appui de l’opinion publique n’ont pas débouché en terme électoraux. Peut-être ne le pouvaient-ils pas, en raison de leur absence d’organisation structurelle et même de leur manque de formulation idéologique. Marine Le Pen a pris le pas sur Jean-Luc Mélenchon ces derniers mois comme leader d’opposition. Elle a l’avantage d’être à la tête d’une formation aguerrie et de bénéficier d’un courant porteur que l’on définit généralement comme populiste. Il est donc vraisemblable qu’elle continuera à représenter face au pouvoir cette opposition qui a le mérite de la cohérence, sans toutefois être encore parvenue à persuader de sa capacité à gouverner le pays.

Emmanuel Macron joue à fond sur cette faiblesse, qui pourrait lui permettre de viser un nouveau quinquennat. Reste à savoir si la crise sociale va s’éteindre ou rebondir d’une façon ou d’une autre. Auquel cas, l’action du pouvoir pourrait être à nouveau entravée, comme elle l’est depuis qu’Emmanuel Macron a perdu l’état de grâce particulièrement privilégié qui était le sien après son élection. Ce qui rend l’avenir proche bien incertain.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 27 mai 2019.