Un Dieu intempestif ? - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Un Dieu intempestif ?

Dieu serait-Il de retour ? Par des voies imprévisibles, parfois redoutables comme celle de l'islamisme, mais qui nous obligent à réfléchir à sa véritable nature. Même la revendication pour la messe qui le font envisager par certains comme un intrus. Mais un intrus qui nous réveille pour notre plus grand bien.
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Pourrait-on dire que, décidément, Dieu est de retour dans notre bel aujourd’hui ? Malheureusement, pourrait-on ajouter. Que ce soit à cause du terrorisme islamiste n’a rien de rassurant. Qu’est-ce que ce Dieu qui exige la mort de celui qu’on qualifie d’impie ? Les vrais connaisseurs du sujet avancent que, précisément, le propre des islamistes est de ne pas avoir de théologie au sens direct du terme. La théologie consiste en un discours sur Dieu, sur la connaissance que nous pouvons avoir de sa nature et sur ses relations avec nous. Or, pour les islamistes, il est l’inconnu. Sans doute, Dieu est-il le Tout-Autre. Il n’est pas la projection de nous-mêmes au risque que nous l’approprions. Mais ce Tout-Autre est aussi celui qui se révèle à nous. Du moins, c’est ce que nous enseigne la Bible. Et saint Augustin va jusqu’à écrire dans ses Confessions que Dieu est intimior intimo meo, plus intime que ma propre intimité. Paul Claudel a traduit : « Un Dieu qui soit plus moi-même que moi. »

Est-ce vraiment cette figure qui ressort de notre actualité ? On peut aussi envisager la question avec la revendication pour la messe, que certains déclarent injustifiable eu égard au droit commun. D’une certaine façon, oui, c’est Dieu qui s’impose à la République. On peut le trouver dérangeant et incommode. Mais en même temps, ne nous oblige-t-il pas à sortir de nos conformismes pour lever la tête au-delà de l’immédiat ? Dans un excellent papier du Figaro, Benoît Schmitz, montre comment la revendication pour la messe est libératrice : « Le vrai culte libère de l’idolâtrie, il mine la tyrannie plus efficacement qu’une révolution. Par la célébration du culte, César, Pharaon, Créon, Macron sont remis à leur juste place. » Il faut prendre cela avec une dose d’humour bien sûr, mais en pensant que ce Dieu-là pourrait être vraiment notre libérateur.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 novembre 2020.