Trois livres à caser dans sa valise - France Catholique
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Trois livres à caser dans sa valise

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On peut détester Michel Houellebecq parce qu’il n’est pas aimable et surtout parce qu’il décrit dans ses romans un monde sordide, habité par des personnages désabusés, solitaires et incapables d’altérité et où règne la misère sexuelle. Mais on peut lui reconnaitre la qualité de raconter le monde et la France de son temps, de notre temps et c’est justement parce qu’il n’est pas si loin de la réalité que ses romans nous dérangent.

Le dernier « Soumission » a fait couler beaucoup d’encre pour avoir été publié en janvier au moment même des meurtres de janvier, commis au nom d’une religion. Or, dans ce livre, Houellebecq s’interroge sur le rôle du sentiment religieux dans nos sociétés occidentales. L’histoire se passe en 2022. François est un universitaire solitaire et athée, spécialiste de Huysmans, qui enseigne à la Sorbonne et dont les seuls compagnons véritables sont les auteurs qu’il chérit, en commençant évidement par Huysmans, « un ami fidèle ».

A l’approche de la cinquantaine, Il se prépare à une vieillesse ennuyeuse et triste, sans se douter que les événements politiques vont lui offrir des perspectives inattendues. En 2017, l’extrême droite a permis la réélection d’un président de gauche, accélérant ainsi la décomposition sans heurts d’un système politique à bout de souffle, et préparant le terrain à un candidat musulman… Mais le cœur du roman ne se situe pas là ; la révolution politique se fait en effet tranquillement, avec juste quelques échauffourées ; la question, posée par Houellebecq, est en réalité celle d’un Occident qui a décidé de la mort de Dieu et adopté un humanisme athée de bon aloi. La soumission dont il s’agit ici est celle du narrateur, qui cherche désespérément à se convertir, à l’image de Huysmans, et qui se tournera vers l’islam par pur opportunisme.

C’est noir et sordide et ce livre risque de jeter quelques nuages sur un été jusqu’à présent radieux mais il est à lire absolument car Houellebecq pose des vraies questions. L’homme, effectivement, ne se nourrit pas que de pain et c’est sans doute pour l’avoir oublié que nous sommes en dépression chronique depuis tant d’années.

Plus léger, et beaucoup plus drôle est le livre de Frédéric Mitterrand, « Une adolescence ». L’auteur raconte sa jeunesse familiale dorée, et ses tiraillements entre un de Gaulle admiré, héros de son adolescence et « Tonton François », le héros de la famille. Une occasion de revisiter ces « trente glorieuses » par le regard d’un auteur à la grande liberté d’esprit qui a oublié de se prendre au sérieux.

Enfin pour terminer, rien de mieux qu’un bon polar pour se délasser. « Retour à Watersbridge » conjugue tous les attraits du genre : une histoire familiale tragique, des personnages complexes rongés par l’amour et la culpabilité, la soif de vengeance et le poids du pardon, le souffle des bons westerns et des retournements de situation déconcertants. L’été est propice à la lecture, profitons- en !