Transplantation d’organe et euthanasie - France Catholique
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Transplantation d’organe et euthanasie

Traduit par Isabelle

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Cela devait arriver, une fois que l’euthanasie avait été légalisée aux Pays Bas en 2002. Si la loi autorise un patient à choisir d’être tué par injection létale, pourquoi ne peut-on à la place provoquer la mort par l’extraction chirurgicale des organes vitaux qui seraient alors disponibles pour une transplantation à quelqu’un d’autre ? Au moins, de cette façon, il en sortirait un bien – ou du moins est -ce ce qu’on peut dire rationnellement.

C’est exactement ce qu’une équipe de médecins hollandais et belges ont proposé le mois dernier dans le journal de l’éthique médicale. Ce concept glace encore le sang de nombreuses personnes, et il peut en effet battre des records. Néanmoins il faut reconnaître que des propositions de ce type, et des pratiques déjà en cours ont majoritairement été accueillies par la collectivité avec une bien trop grande apathie. Un carnage sur ce front bioéthique n’est pas agréable à envisager, mais est malheureusement devenu aussi prédictible aux Pays Bas que la dernière série d’actions terroristes islamiques.

A ce propos, on a rapporté il y a plusieurs mois qu’ISIS a émis une Fatwa contre les enfants trisomiques. Que ce rapport soit fondé ou non, il ne peut y avoir beaucoup de doute sur le fait qu’ISIS et consorts auraient aussi peu de scrupules à se débarrasser des handicapés qu’ils en ont envers d’autres personnes innocentes.

On aurait pu penser qu’un tel rapport aurait considérablement ralenti, disons les militants et les autorités qui tendent à faire du Danemark un pays totalement débarrassé des trisomiques dans les vingt années à venir. Qui pourrait, s’il est en bonne santé mentale, partager avec ISIS et ses pareils un regard aussi bas et méprisant pour toutes les classes de la société ? Et d’où vient un tel mépris pour nos frères humains ?

Curieusement, ceux qui semblent souvent si intéressés par les « causes profondes » des problèmes sociaux, ignorent entièrement le monde de croyances sous-jacentes sur ce type de question. Finalement, il semble que les dieux postmodernes (par exemple le Progrès, le Choix, la Tolérance) ont de grands appétits, comme en avaient autrefois les dieux primitifs. Comme ils ont tourné le dos au Dieu qui littéralement nourrit l’humanité pécheresse de son corps et de son sang, les occidentaux postmodernes, supposés « éclairés », fréquentent des dieux qui demandent à être nourris de sang humain. Voilà un bien pauvre marché.

Pour le moment, le fait de lier l’euthanasie à la moisson d’organes semble ne pas d’actualité ici aux Etats Unis, même si ce fait se propage ailleurs grâce à des abus de langage – de mots importants tels que compassion et pitié, droits et liberté. Mais en vérité, qu’est-ce qui peut empêcher cela d’arriver ici un jour ?

Le suicide assisté est déjà en préparation dans plusieurs Etats. Il y a quelques années, une proposition controversée qui émanait de l’Université Brown a sanctionné le fait d’avoir extrait les deux reins d’un donneur éventuel avant que le processus de prolongation de la vie ait été interrompu. Il semble que la limite soit continuellement repoussée.

S’accrocher fermement au principe es le seul moyen de retenir la main qui voudrait démolir la vie humaine. En ce qui concerne les transplantations d’organes, le pivot éthique a été pendant longtemps la Règle du Donneur Décédé : les organes vitaux ne peuvent être prélevés que sur ceux qui sont déjà morts. Pourtant il y a des méthodes pour se procurer des organes qui sont beaucoup moins extrêmes que l’euthanasie active, mais qui toutefois contournent la règle du Donneur Décédé – ou tout au moins, vont beaucoup trop loin pour être confortables.

Par exemple, que peut-on penser d’un prélèvement d’organes sur un patient qui, étant pleinement conscient, a décidé de faire débrancher ses supports artificiels de vie, qui est clairement en train de mourir- dont le cœur vient de cesser de battre – mais qui n’est pas encore tout à fait mort ? Cela arrive maintenant ici aux Etats Unis.

La plupart des prélèvements d’organes proviennent de donneurs dont le cerveau a été déclaré mort. Les protocoles plus laxistes utilisent le critère de la circulation du sang pour déterminer la mort. Le problème est que nous n’avons pas la certitude nécessaire que le patient est réellement mort quand les organes sont prélevés deux petites minutes après que la circulation se soit arrêtée. (Par exemple, il est possible de ressusciter quelqu’un après un temps beaucoup plus long.)

Beaucoup de praticiens sont profondément inconfortables avec cette procédure ; la plupart des gens en sont parfaitement inconscients. Il y a eu dans différents lieux, des appels à interrompre ces protocoles (ou à modifier la loi existante pour se soustraire au conflit latent) mais pour le moment ils semblent bien établis.

A ma connaissance, l’Eglise n’est pas intervenue sur cette pratique spécifique. Elle a reconnu la légitimité de la mort constatée par EEC plat dans le fait que , comme l’enseignait Jean Paul II, « il ne semble pas que cela entre en conflit avec la saine anthropologie. » (La mort dans la vision anthropologique catholique classique, établie auparavant au concile de Vienne en 1312, se réfère à la séparation de l’âme et du corps ; Il est évident qu’on ne peut pas observer cela directement.) Pie XII et Jean Paul II ont mis l’accent sur le fait que l’Eglise ne prend pas des décisions techniques, mais reconnait plutôt les compétences spécifiques des autorités médicales.

Mais voilà le hic : Les principales autorités médicales concèdent ouvertement que les donneurs déclarés morts selon le critère de l’arrêt de la circulation ne peuvent pas être vraiment considérés comme morts au moment où l’on prélève les organes. Ce n’est pas le cas de ce qu’on dit pour l’EEC plat. Ainsi, les autorités médicales prennent une position éthique selon laquelle on peut dans ce scénario, négliger la règle du Donneur Décédé, plutôt que d’affirmer que cette méthode pour déclarer la mort est objectivement et techniquement saine.

Ce raisonnement est surtout provoqué par la « pénurie » d’organes. Dans une pénurie encore plus grande, comme les limites deviennent de plus en plus élastiques, il y a une philosophie profondément respectueuse et humaine – que les types du genre de Platon et Cicéron, après tout, regardaient comme équivalant à une méditation sur la mort.

Certains catholiques bioéthiques, animés d’une profonde foi en faveur de la vie, sentent que cette procédure particulière est acceptable. Mais nous sommes dans un espace incertain, en un âge où nous devenons de moins en moins perspicaces en ce qui concerne le respect de la vie entière, de la conception à la mort naturelle. Aussi, en tous cas à mon avis personnel, il y a de sérieuses raisons de réclamer un moratoire sur ce type de pratiques et sur d’autres du même genre.

21 avril 2016

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/04/21/organ-transplantation-and-euthanasia/

Tableau : Saturne dévorant son fils, par Pierre Paul Rubens, 1636, Museo du Prado, Madrid