La charité, efficace. Cette expression de Benoît XVI à Saint-Jacques de Compostelle est devenue dans la Sagrada Familia « une flamme ardente de charité ». Le pape a voulu attirer les projecteurs sur une de ces oeuvres, la maison du « Nen Deu », du « Divin Enfant » à laquelle il a rendu visite dimanche après midi : 200 enfants et jeunes handicapés, de 3 à 21 ans, ou adultes, avec des difficultés mentales parfois sévères et leurs quelque 80 accompagnateurs, parents et soignants étaient en fête autour du Successeur de Pierre.
Ces pensionnaires des Sœurs Franciscaines des Sacrés Cœurs lui avaient préparé de nombreux cadeaux. Le pape a béni la première pierre d’une résidence qui portera son nom. Il a offert pour elle une mosaïque italienne représentant la Sainte-Famille et il a signé le livre d’or au milieu des chants.
Les paroles du Pape, pèlerin de deux jours de l’Atlantique à la Méditerrannée, dépassent les murs de la structure fondée par la bienheureuse Madre Carmen del Niño Jesus Gonzalez Ramos (1834-1899): « Tout homme est un véritable sanctuaire de Dieu, et doit être traité avec le plus grand respect et la plus grande affection, surtout quand il se trouve dans le besoin ».
« Au cours des dernières décennies, les formidables progrès de la santé ont contribué à l’amélioration des soins prodigués aux plus faibles, se réjouit le pape. Ils ont été accompagnés de la conviction croissante de l’importance d’une relation humaine attentive, pour le bon résultat du processus thérapeutique. C’est pourquoi, il est essentiel que les nouveaux développements technologiques dans le domaine médical n’aillent jamais à l’encontre du respect de la vie et de la dignité humaine, de façon que ceux qui souffrent de maladies ou de handicaps psychiques ou physiques puissent toujours recevoir cet amour et ces attentions qui leur permettent de se sentir reconnus comme des personnes dans leurs nécessités concrètes ».
« Chers enfants et chers jeunes, je prends congé de vous en rendant grâce à Dieu pour vos vies, si précieuses à ses yeux, et en vous assurant que vous occupez une place très importante dans le cœur du Pape. Je prie pour vous tous les jours et je vous demande de m’aider par votre prière à accomplir avec fidélité la mission que le Christ m’a confiée », a conclu Benoît XVI qui a improvisé un bain de foule devant la maison du « Nen Deu », embrassant et bénissant les plus petits enfants, visiblement heureux de ces rencontres simples et joyeuses. Comme avec ces jeunes qu’il a trouvés sous ses fenêtres à son arrivée samedi soir à l’archevêché de Barcelone. Un enthousiasme qui ne s’est pas démenti tout au long de ces deux jours. Quelque trois cent mille personnes ont participé à la messe de ce dimanche autour de la Sagrada familia.
Après avoir rencontré le Premier ministre, M. José Luis Zapatero, – très souriant – le Pape a pris congé du roi Juan Carlos Ier et de la reine Sofia, tout de rose vêtue, et de l’Espagne sur une variation du leit-motiv de la charité, levier de la transformation de la société, car la « foi qui a marqué ce peuple au plus profond de lui-même, contribue, à travers la charité et la beauté du mystère de Dieu, à créer une société plus digne de l’homme ».
Un vœu de solidarité qui embrasse toute l’Europe : « Que cette foi retrouve une nouvelle vigueur sur ce continent et qu’elle devienne source d’inspiration, faisant grandir la solidarité et l’esprit de service à l’égard de tous, spécialement des populations et des nations les plus nécessiteuses ! »
« Je rentre à Rome, a conclu le Pape, ayant visité deux lieux seulement de votre merveilleuse terre. Malgré cela, par la prière et la pensée, j’ai désiré étreindre tous les Espagnols, sans exception, et tant d’autres personnes qui vivent parmi vous sans être nées ici. Je vous porte tous dans mon cœur et je prie pour tous, en particulier pour ceux qui souffrent ».
Une visite « mémorable ». « Saint-Jacques de Compostelle et Barcelone n’oublieront jamais ». Paroles du souverain espagnol, qui dit « à bientôt » en faisant allusion au rendez-vous de la JMJ de Madrid en août prochain.
Ce n’est qu’un « au revoir », répond Benoît XVI sous les ovations amplifiées par l’immense terminal aéroportuaire : si Dieu le désire, « nous nous reverrons à Madrid l’année prochaine pour célébrer la Journée Mondiale de la Jeunesse ».
Natalia BOTTINEAU
