Situation délicate pour les catholiques chinois - France Catholique
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Situation délicate pour les catholiques chinois

par Jean Etévenaux .
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Outre les 5 millions de bouddhistes tibétains et les 21 millions de musulmans huis et autres dont les difficultés ressortent avant tout de la sphère politique, deux groupes religieux demeurent dans le collimateur de Pékin. D’abord le falungong, cette pratique de gymnastique et de spiritualité apparue dans les années 90 et rassemblant des millions ou des dizaines de millions d’adeptes, et le catholicisme, dont le lien avec Rome crée un problème permanent.
Les 12 à 24 millions de fidèles catholiques — les protestants seraient plus nombreux — sont en effet partagés entre, d’une part, une Église « clandestine » généralement connue de tous et ayant même parfois pignon sur rue tout en subissant tracasseries et parfois persécutions et, de l’autre, une Église « officielle » soumise au pouvoir communiste mais reconnaissant Benoît XVI comme pape de l’Église universelle et dont la majorité des évêques sont agréés par le Vatican. Malgré contacts à l’étranger et missions en Chine même — longtemps dévolues au cardinal français Roger Etchegarray —, il n’y a toujours pas de liens diplomatiques avec le Saint-Siège car il n’a pas été possible de trouver la formule conciliant la liberté de choix des évêques et le souci du parti-État de tout contrôler. Alors, de temps en temps, Pékin fait nommer des évêques n’ayant reçu aucun mandat de Rome alors que s’établit une sorte de modus vivendi pour d’autres, qui bénéficient de la double investiture ; de même, en mai, les pèlerinages mariaux traditionnels ont été sévèrement limités dans tout le pays. Le pouvoir central souffle ainsi le chaud et le froid et sa courroie de transmission, l’Association patriotique catholique chinoise, joue un rôle tout à fait disproportionné ; son dirigeant, le laïc Anthony Liu Bainian, a même fait en janvier dernier la une de la revue officielle L’Église catholique en Chine alors qu’il serrait la main du président Hu Jintao.

De même, le 26 juin, le vicaire général « officiel » de Taiyuan — à proximité de Pékin —, le P. Paul Meng Ningyou, a été l’un des porteurs de la torche olympique, mais la télévision s’est abstenue de le montrer trop longtemps et, contrairement aux autres participants, n’a pas donné ses qualités. Cette démarche est typique des contradictions dans lesquelles reste enfermée la politique religieuse chinoise. Pendant ce temps, à Hongkong, où n’existe que l’Église en union complète avec Rome, les catholiques et les autres chrétiens ont défilé le 1er juillet lors de la traditionnelle manifestation pour la démocratie — entre autres dirigée contre le chef de l’exécutif local, Donald Tsang Yam-kuen, qui va tous les jours à la messe mais est considéré comme trop soumis à Pékin…
On ne parlera pas beaucoup de tout cela lors des Jeux olympiques. Mais, comme le chiffre 8 porte bonheur, ils n’en débuteront pas moins le 8.8.2008 à 8 heures 8 minutes et 8 secondes. Pour contrecarrer toute « malédiction divine » née du séisme du 12 mai.