Saint Antoine, priez pour nous - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Saint Antoine, priez pour nous

Traduit par Yves Avril

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Nous sommes arrivés à Rome le 10 février 2015 au soir. J’avais parlé à mes parents quelques moments avant l’embarquement dans l’après-midi. Mon père, âgé de 84 ans, Harold « Pat » Beckwith, ne semblait pas très bien. Sa voix, habituellement posée et robuste, grésillait dans le téléphone et il semblait avoir du mal à articuler.

Ma mère, toujours optimiste, m’assura que je ne devais pas m’inquiéter. Elle disait qu’elle était sûre qu’il irait bien. Intérieurement, je ne la croyais pas, mais je voulais la croire. Elle poursuivait, assurant qu’elle avait tout sous contrôle et que Frankie (ma femme) et moi devions profiter de Rome où nous allions vivre pendant trois ans pour mon congé de recherche de la Baylor University.

Le vol, du Texas à Londres et de là à la Ville Eternelle, fut le voyage le plus difficile de ma vie. La pensée qu’il se passait quelque chose de terrible avec mon père, tandis que je voyageais dans la direction opposée et loin de cette inquiétude, était presque insupportable.

En décembre 2013 on lui avait diagnostiqué un cancer. Dans les six premiers mois de 2014 il avait eu de la chimio-et de la radiothérapie. Un examen suivant avait montré que la tumeur s’était réduite et paraissait ne pas groossir. A cause de son âge et de la place de la tumeur, l’opérer pour l’enlever était trop risqué.

Quand mon père nous dit pour la première fois qu’il avait un cancer, je décidai de prier pour lui chaque matin et chaque soir. Je voulais le faire en demandant l’assistance de l’un des grands saints de l’Eglise, mais il n’était pas évident de trouver ce saint. Après une petite recherche, je découvris que saint Antoine de Padoue était le patron des victimes du cancer. C’était donc saint Antoine. Je récitais la même prière à saint Antoine deux fois par jour, ne disant à personne ce que je faisais, même pas à la femme.

Mon f-ère James nous contacta deux jours après notre arrivée à Rome. Il nous dit que mes parents étaient allés voir l’oncologiste de mon père et qu’il l’avait informé qu’il n’avait plus que quatre à six semaines à vivre : non seulement le cancer était revenu, mais il avait contracté aussi une leucémie. En entendant combien de semaines il lui restait à vire, mon père, toujours comédien, répondit : « Docteur, pouvez-vous m’en donner deux ? »

Frankie et moi, après une conversation avec mes parents sur Facetime, nous sûmes que nous devions retourner aux Etats-Unis le plus tôt possible. C’est ainsi que le 16 février nous avons pris l’avion de Rome à Las Vegas, Nevada, où nous avions grandi et où mes parents résidaient encore. De l’aréoport nous sommes allés directement chez eux.

Mon père était assis à table entouré de la famille. Ayant déjà perdu la capacité de parler clairement, il me fit un signe de tête quand je me suis penché pour l’embrasser. Il savait que nous avions fait tout ce voyage depuis Rome rien que pour lui.

Après qu’il eut été reconduit à son lit d’hôpital – qui avait été installé dans le salon de mes parents – je plaçais dans sa main droite le chapelet que j’avais reçu au Vatican lors de ma rencontre avec le pape François le jour de la fête des pères le 16 juin 2013. Je me penchai et dis à l’oreille de mon père : « Le pape me l’a donné ; je voudrais que tu le gardes. »

Les deux nuits suivantes, ma mère, ma belle-soeur Kimberley et son fils Dylan se relayèrent auprès de mon père. Ma mère ne quitta la pièce que rarement, dormant autant qu’elle le pouvait sur un matelas à droite de la chaise près du lit.

Le 18 février à environ 2 heures du matin – le mercredi des Cendres – c’était moi qui assurait la veille. Je priai les mystères de la divine miséricorde ainsi que les mystères douloureux.

Pour ceux-ci j’utilisai la version conseillée par la Conférence américaine des évêques catholiques. Entre les prières il y avait des versets de l’Ecritrure qui convenaient parfaitement pour la situation. Les quatre derniers étaient particulièrement forts :

Attends le Seigneur, prends courage :
sois vaillant, attends le Seigneur ! Ps 27 :14

Je vous salue Marie

Mais les âmes des justes sont dans la main de Dieu
et nul tourment ne viendra les atteindre. Sagesse 3 :1

Je vous salue Marie

Ils semblaient, au regard des insensés, être morts ;

et leur passage au-delà était considéré comme affliction. Sagesse 3 :2

Je vous salue Marie

Mais ils sont dans la paix. Sagesse 3 :3b

Une heure après avoir terminé le rosaire, à 5h19 – le premier jour du Carême – j’assistai au dernier souffle de mon père.

Le samedi suivant, ma mère qui triait les affaires de mon père, me tendit ce qui ressemblait à un tout petit livre, de 5cm au plus. Elle dit que mon père l’avait dans sa poche pendant des années, bien que ces derniers 14 mois il parût insister pour l’avoir toujours sur lui. Je n’avais jamais su cela de mon père, et ma mère avoua qu’elle n’avait jamais regardé de près l’objet et n’était donc pas sûre de ce que c’était. Quand elle me le tendit, je remarquai sur la couverture ces mots : « Saint Antoine, priez pour nous ». A l’intérieur il y avait une médaille et une relique de saint Antoine avec la prière « Saint Antoine, aidez-moi à éprouver la pais de l’esprit et du coeur dans mes nécessités présentes . Libérez-moi de toute inquiétude inutile et des pénibles frayeurs. Accordez-moi une confiance inébranlable et une conscience de la miséricorde aimante de Dieu. Amen »

Si cela ne m’était pas arrivé à moi, je ne l’aurais pas cru. Mais cela est arrivé et je ne manquerai jamais de le voir comme un don que Dieu m’a fait par la voie de mon père.

Francis J. Beckwith enseigne la philosophie et les rapports Eglise-Etat à Baylor University où il exerce aussi comme directeur associé du programme de licence en philosophie. Parmi ses nombreux livres : Politics for Christians Statecraft as Soulcraft (Inter-Varsity Press, 2010)

jeudi 21 mai 2015

Photo : Francis J. Beckwith est professeur de philosophie à l’Université Baylor. Parmi ses nombreux livres on peut citer La politique pour les chrétiens, InterVarsity Press, 2010. http://astore.amazon.com/thecatthi-20?node=4&page=2

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/05/21/st-anthony-pray-for-us/