Saïda, ville de France - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Saïda, ville de France

Venus de l’Europe entière, les hommes et les femmes qui ont bâti l’Algérie française ont surmonté tous les obstacles pour valoriser un territoire austère. L’exemple d’une famille de Saïda, aux origines mêlées.

Chronique familiale

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L’église de Saïda a été détruite après l’indépendance, comme bon nombre d’autres édifices religieux chrétiens.

L’église de Saïda a été détruite après l’indépendance, comme bon nombre d’autres édifices religieux chrétiens.

© Collection particulière

Pour savoir d’où vient cette famille de pieds-noirs, il faut se plonger dans l’histoire de France et d’Italie, afin d’identifier quatre origines.

De l’Italie à l’Algérie

L’une se situe en Piémont-Lombardie. Ils sont tailleurs de pierre et entrepreneurs. La région vit une crise économique sans précédent après les grandes épidémies de choléra et le Risorgimento. C’est l’exil nécessaire pour pouvoir nourrir la famille. Une destination possible : l’Argentine. Mais arrivés à Marseille, ils apprennent que l’on a besoin d’entrepreneurs, de maçons et de spécialistes des constructions civiles en Algérie. Pas d’hésitation. C’est plus proche de l’Italie et le climat est bon. Ils arrivent à Oran et sont dirigés à 170 kilomètres sur les Hauts Plateaux, à Saïda, la porte du désert. Ils sont trois amis, tous courageux et ingénieux.

La région vient d’être pacifiée par l’armée. Abd-El-Kader, qui en avait fait une de ses dernières bases militaires, a capitulé. Le général Bugeaud, secondé par Lamoricière, en sont les grands vainqueurs. Notons que la fameuse chanson « As-tu vu la casquette du père Bugeaud ? » est née à Saïda, claironnée un matin par des soldats éveillés la nuit précédente par une tentative d’attaque soudaine de l’émir. Bugeaud était sorti de sa tente avec son bonnet de nuit sur la tête, ce qui fit l’amusement de ses hommes. Le gouvernement français demande à nos valeureux Italiens – les autochtones les appelleront pendant plus d’un siècle « les talianis » – de construire casernes, bâtiments publics, église, hôpital, redoute. La ville débordera vite des remparts.

C’est la première installation des Européens sur ce site sauvage, carrefour du commerce de l’alfa et un important marché aux bestiaux. Jusqu’à l’Indépendance cette famille marquera la vie civile et professionnelle de la ville.

Un prêtre venu d’Ardèche

La deuxième famille arrivera à la même époque avec un prêtre venu de l’Ardèche. Volontaire pour devenir aumônier militaire et soutenir les soldats sur le front, il a l’audace d’amener avec lui sa sœur, jeune veuve avec trois enfants orphelins. Il deviendra curé de Tiaret, plus loin sur les Hauts Plateaux, puis de Saint-Leu, dans la région d’Oran. Ses neveux s’y installeront comme colons. C’est au centre de leur nouvelle ferme que sera édifiée une tour qui permettait au général Franchet d’Esperey de diriger les manœuvres de ses troupes dans la plaine environnante.

La troisième racine puise sa sève en Pologne. Elle est issue de la dernière famille royale polonaise, exilée en Alsace depuis leur région de Dabrowa, dans le district de Cracovie. Le chef de famille est considéré comme activiste par le gouvernement polonais et devient donc gênant pour la France. Indésirable sur le territoire métropolitain, il est exilé en Algérie, à Oran puis Alger. Sans doute approché par les franc-maçons, il écrira dans son testament qu’il ne veut à son enterrement « ni pasteur, ni curé, ni rabbin, ni mufti, sinon en qualité d’ami ». Il mourra sans aucune fortune, n’ayant conservé avec lui que le sceau familial et un fauteuil Voltaire. Une de ses filles était religieuse trinitaire à Varsovie. Une autre se marie avec un descendant d’une famille française du sud de la France, fonctionnaire des Postes. Son petit-fils sera bijoutier et expert en bijouterie auprès des tribunaux français.

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