Rome - ses habitants, ses réfugiés et son patrimoine artistique - protégée par Pie XII - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Rome – ses habitants, ses réfugiés et son patrimoine artistique – protégée par Pie XII

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Pie XII a écrit au président Franklin D. Roosevelt le 30 août 1943, après le bombardement de Rome, et après le débarquement en Sicile, lui demandant de ne pas bombarder l’Italie, qui était « sans défense » et d’épargner d’autres deuils au pays et à Rome.

La lettre, publiée par le quotidien « Il Messaggero » a été trouvée dans les archives des Chevaliers de Colomb.

Cette lettre inédite est présentée dans une exposition inaugurée aujourd’hui à Rome au Capitole pour les 90 ans de présence des Chevaliers dans la Ville éternelle (pp. 156-157 du catalogue de l’exposition).

Le Messaggero souligne que les Chevaliers ont eu un rôle diplomatique pendant la guerre alors que le Vatican et les Etats Unis n’avaient pas encore établi de relations diplomatiques.

Les bombardements de plusieurs quartiers de Rome – Tiburtino, San Lorenzo, Labicano, Prenestino – par quelque 200 bombardiers avaient fait 3.000 morts et 11.000 blessés, et la ville offrait un spectacle désolé.

Pie XII s’était lui-même rendu dans le quartier San Lorenzo, accompagné du substitut de la secrétairerie d’Etat, – le futur Paul VI – Mgr Govanni Battista Montini, pour apporter réconfort aux Romains, sous le choc après le bombardement du 19 juillet 1943, qui avait fait 1.600 morts. La soutane blanche du pape avait été tachée par le sang des blessés.

Dans sa lettre, le pape demande au président Roosevelt que « les chefs militaires fassent tout leur possible pour épargner les civils innocents et en particulier les églises et les institutions religieuses des dévastations de la guerre ». Il demande d’épargner « les maisons construites par la charité chrétienne pour les pauvres, les malades et les abandonnés ».

Il faut se souvenir que le pape avait obtenu pour de nombreux couvents de Rome l’extra territorialité sous l’occupation nazie : et ils abritaient des milliers de réfugiés juifs ou, comme au Latran, des personnalités politiques recherchées, de droite ou de gauche !

Le pape avait le souci de ravitailler les couvents où il savait que des juifs avaient pu trouver refuge, comme il l’avait demandé. Les Sœurs de Sion, au Janicule, abritaient les femmes juives en clôture et les hommes dans la serre du parc. Une cache avait été installée dans la cave à charbon, vidée : elle s’est vérifiée être un refuge sûr le jour d’une perquisition. Un système de sonnettes internes prévenait en cas de danger. La porte de la cave avait été réduite à une ouverture cachée derrière une armoire à casseroles dans la cuisine du sous sol. Un jour, les nazis sont arrivés jusqu’à l’armoire, l’ont ouverte, mais n’ont pas songé à la déplacer.

Les sœurs m’ont aussi raconté qu’elles avaient vu arriver de la part du pape une camionnette de farine, dûment accompagnée de la secrétaire personnelle du pape, Sr Pascalina Lenhert, une Bavaroise, capable de veiller… au grain. Les supérieures de l’époque ont reçu de la médaille des « Justes parmi les Nations ».

On comprend d’autant plus le ton de la lettre du pape. Les murs des couvents avaient fait échapper des familles juives à la persécution nazie : allaient-ils périr sous les bombardements alliés ? Il évoque les images d’autres villes d’Italie très peuplées et en ruines. Milan et Turin ont été frappées. 

Déjà en 1940, le pape avait demandé aux alliés d’épargner Rome. Cette attitude lui valut le titre, à la libération de Rome, le 5 juin 1944, de « Défenseur » de la ville, comme l’attestent les journaux de l’époque. Les photos montrent les calicots brandis par les Romains en fête place Saint-Pierre avec l’inscription : « Vive le pape Défenseur de Rome ».
 
La signature de l’armistice, le 3 septembre 1943, sera annoncée le 8 septembre suivant.

NB